
Everspace : premières sorties spatiales sur la bêta
Projet spatial et spacieux financé il y a déjà un an sur Kickstarter (et présenté dans nos colonnes), EverSpace est un shoot spatial arcade qui tente de s’extirper de la masse des titres du genre comme Elite Dangerous et l’ogre Star Citizen. Pour cela, il mise tout sur son aspect narratif et ses composantes rogue-like afin de créer une aventure procédurale que l’on pourra refaire à l’envie sans avoir d’aspect répétitif.
Cette bêta sortie il y a quelques jours permet de s’essayer à une première version du jeu final, sans certains éléments majeurs comme l’histoire. Premier constat : c’est fort joli, et les quelques captures que j’ai prises et qui parsèment l’article en attestent sans mal. Les vidéos ne mentaient pas, Everspace capitalise à fond sur les petites zones pour proposer des panoramas étourdissants, jouant sur les lueurs d’un soleil environnant ou de champs célestes pour s’amuser avec les lumières atmosphériques et les teintes bleutées dignes des derniers films de science-fiction. Là où Elite Dangerous mise sur le classique vide interstellaire, Everspace joue la carte du blockbuster avec une myriade d’astéroïdes dans chaque recoin de l’écran et des effets de lens flare pas trop envahissant mais garantissant l’émerveillement du fana de SF.
Comme promis, l’aspect rogue-like est bien présent et représente le cœur du jeu. La narration est absente de cette bêta, il faudra donc simplement traverser chacun des niveaux pour franchir les différents secteurs à l’aide d’une carte inspirée de Faster Than Light. Celle-ci s’avère extrêmement succincte et manque clairement d’indications sur la suite de sa destination. Vu que les niveaux sont déjà aléatoires à la base, le choix de la route est complètement inutile, du moins pour le moment. L’objectif est donc de traverser les niveaux en recherchant les points de sauts et en récoltant un maximum de ressources pour améliorer son vaisseau avant de repartir. Quelques événements aléatoires assez rares viennent perturber le voyage, mais le schéma est bien souvent le même.
Mais ce serait passer à côté de la partie shooter, plutôt réussie. Jouable fort heureusement au joystick ou à la manette, le vaisseau se contrôle facilement sur tous les axes, mais possède une lenteur atroce lorsqu’il s’agit de parcourir rapidement les distances ou même pour échapper aux ennemis. Dans les zones plus vides sans référentiel, on a simplement l’impression de se traîner autant qu’un vieil épisode de Star Trek. On n’aurait pas craché sur un mode de vitesse supplémentaire comme chez les concurrents. Les ennemis loupent rarement leurs coups, et il faudra souvent strafer sur les côtés pour éviter les tirs lasers et tenter de survivre. Arrivé au secteur 3, n’espérez pas vous échapper facilement : les ennemis deviennent des Han Solo en herbe, vous attaquant par groupe de 3, et réduisent votre bouclier en peau de chagrin en à peine quelques secondes. La seule manière de s’échapper est d’effectuer un Energy Boost, sacrifiant son bouclier et demandant un long temps de recharge.
Le jeu propose d’ailleurs peu d’ennemis et des niveaux un poil vides mais c’est la bêta qui veut ça. Sans missions ou histoire à se mettre sous la dent, on se contentera de rencontrer les trois factions qui apparaissent dans cette version. On trouvera les Terrans, nos fidèles alliés qui s’occupent de miner les environs et que l’on pourra attaquer pour voler le fuel ou leur minerai mais avec 90% de chances de se faire pulvériser rapidement. Les Outlaws, les bandits du coin, vous attaquent dès qu’ils vous voient et possèdent quelques bases que vous pourrez attaquer pour piquer leurs cristaux. Enfin, les aliens sont juste là pour emmerder tout le monde et tirent sur n’importe quel vaisseau qu’ils verront. Les niveaux se fouillent plutôt rapidement, mais il faut savoir où chercher. Les caisses de loot sont indiquées par le radar seulement lorsqu’on se trouve à proximité, à moins d’utiliser un sonar en quantité limité.
C’est d’ailleurs dommage que votre vaisseau de base contienne aussi peu d’emplacements pour votre équipement, du moins au début. Lors de la découverte d’un nouveau module, on se trouve dans l’obligation de switcher avec votre équipement de base, le vaisseau actuel ne permettant pas d’avoir un emplacement supplémentaire. Sauf que des modules primordiaux, comme le bouclier, comptent parmi les équipements que l’on peut abandonner. Quand on tombe par chance sur un loot faisant partie de cette catégorie, on ne va juste pas sacrifier son bouclier pour récupérer un équipement utile mais bien moins indispensable. On se retrouve donc constamment à désosser l’équipement dûment récupéré pour ne pas repartir bredouille. Le vaisseau est heureusement améliorable à chaque fin de partie, avec l’argent récolté, mais le nombre d’upgrades est plutôt conséquent et tout ça demande du temps et une bonne dizaine de runs avant de rendre la recherche de loot intéressante. Vu la faiblesse du vaisseau de base, on se retrouve souvent à privilégier les boucliers pour aller plus loin à la partie suivante et espérer récolter encore plus de crédits.
C’est ici la faiblesse d’Everspace : les développeurs ont sciemment rendu le vaisseau faible et les réparations rarement faisables pour forcer le joueur à ne pas avancer trop vite. Lorsqu’un module est endommagé, il est évidemment inutilisable et quand il s’agit du bouclier ou de la propulsion, vous pouvez être sûr d’exploser dans le froid glacial de l’espace dans le quart d’heure qui vient. On se dit naturellement qu’avec les ressources récoltées, il est simple d’effectuer quelques réparations de fortune pour repartir l’esprit tranquille. Malheureusement, le nombre de types de ressources (gel, processor, scrap, crystal, nanobots…) ridiculement élevé empêchera à chaque fois le joueur d’avoir ce qu’il faut pour réparer un module. Il y aura toujours un élément manquant, et ce même si vous fouillez la zone de fond en comble, chose encore plus compliquée quand on n’a plus de sonar à disposition (nombre limité) et que le vaisseau est aussi lent qu’un astéroïde à la dérive. Même avec deux-trois vaisseaux marchands qui traînent une fois sur dix dans le coin (avec de la chance) donnant l’illusion d’un espoir de survie, la frustration engrangée par toutes ces contraintes est bien réelle.
Everspace a clairement du potentiel. La perspective de transformer un Faster than Light en véritable shooter spatial est alléchante, et ce qui est proposé en prend la bonne direction. Les défauts cités ci-dessus sont pour la plupart causés par une version bêta à laquelle il manque encore pas mal de choses. Il reste toute la partie narrative pas encore présente à juger, et à améliorer tous les éléments pour que le jeu possède une vraie patate. Les développeurs de RockFish Games ont aussi intérêt à faire attention à ne pas rendre l’aspect rogue-like trop punitif en forçant le joueur à améliorer son vaisseau pour aller de plus en plus loin, au détriment du pur skill. L’équilibrage est primordial, et en l’état, bien trop de contraintes empêchent le joueur de profiter du voyage sans être frustré par une ressource manquante qui aurait permis la réparation de son moteur, le condamnant à errer dans l’espace dans l’attente de se faire atomiser par un alien qui passait par là et ainsi recommencer la partie. Everspace est sur le bon chemin, mais la route est encore jonchée de gros astéroïdes qu’il faudra exploser proprement pour arriver à bon port en un seul morceau, pour la sortie toujours prévue en fin d’année.
Everspace
Développeur : Rockfish Games
Sortie prévue pour octobre 2016
EVERSPACE Trailer Pre-Alpha HD par CSS_DEIMOS