Evolution : Climat, une extension qui souffle le chaud et le froid

Note de l'auteur

Funforge nous a permis de tester Climat, la première extension qui vient de sortir pour l’excellent Evolution, un jeu que j’avais à l’époque du test gratifié d’un 4/5 et qui, après bien des parties, me semble aujourd’hui mériter un 5/5. En effet, Evolution s’avère toujours aussi plein d’intelligence et de possibilités, possède une excellente rejouabilité, colle parfaitement à son thème tout en restant étonnamment facile à aborder. Et en plus, il est beau (merci, Catherine Hamilton !). Du coup, on pourrait se demander si le jeu avait besoin d’une extension. Et en fait, le jury peine à rendre son verdict…

Un bon choix éditorial

Mais commençons par présenter cette extension, en commençant par nous intéresser au choix éditorial de Funforge qui a choisi de publier Climat avant l’extension Flight qui est dans l’édition originale de North Star Games la première extension du jeu. Un choix basé en partie sur le fait que si Flight apporte de nouvelles possibilités d’évolution pour les créatures, Climat transforme lui la seule compétition pour la survie de jeu de base en une lutte face à un ennemi implacable : le changement climatique (on ne peut plus d’actualité).

Funforge a choisi de publier son extension en se basant sur Evolution : Climate Conversion Kit. En effet, l’édition originale de Climate est un stand-alone qui réintègre dans la boîte la quasi-totalité du jeu original, et y ajoute un nouveau plateau climatique, des cartes climats et des cartes traits modifiées. Funforge a préféré ne mettre dans sa boîte que ces éléments permettant ainsi de sortir une extension plus petite et moins chère. Il faudra du coup remplacer dans le jeu de base les cartes modifiées dans l’extension, puis refaire cela à l’inverse si on veut repasser au jeu original. Certes, c’est un peu fastidieux, mais c’est tout de même plus intelligent que de doubler presque tout le matériel. Et encore une fois, c’est en plus dans l’air du temps que de détruire des forêts pour publier un jeu sur l’évolution.

Bon voyons maintenant les changements qu’apportent cette extension au jeu : notre bassin rempli (ou non) de nourriture devient désormais un grand plateau en trois parties en haut duquel se trouve une échelle climatique sur laquelle progressera à chaque tour un curseur selon qu’on aura attribué pour la nourriture de ce tour des cartes portant des symboles soleils ou flocons. Plus de soleils, le climat se réchauffe, plus de flocons, il refroidit ; jusque là, pas besoin de sortir de polytechnique !

Tant qu’on restera dans un climat plutôt tempéré, ce changement climatique aura un impact plutôt mineur sur la partie, ajoutant ou retirant un peu de nourriture dans le bassin. Mais que les joueurs s’amusent à pousser dans la même direction et les conditions extrêmes auront vite un impact énorme sur la partie : disparition quasi totale de la nourriture, espèces qui commencent à crever à cause de la chaleur ou du froid. On se retrouve rapidement dans des circonstances où la simple survie devient une gageure et où il faut évoluer (très vite) ou périr.

Un climat hasardeux… quoique pas tout à fait

Du coup, une partie avec l’extension Climat peut parfaitement ressembler à une partie classique d’Evolution en mode « super » : plus longue, avec des espèces plus fortes et plus nombreuses (on reçoit en effet une carte de plus par tour et les espèces peuvent désormais avoir quatre traits au lieu de trois) et à l’issue de laquelle on réalise des scores démentiels. Tout comme elle peut ressembler à un épisode de l’Âge de glace où vos espèces découvrent à chaque tour un bassin désespérément vide et où tous vos efforts seront concentrés sur la création d’une, voire de deux espèces, capable(s) de survivre à cet enfer glacé… Votre salut viendra alors des nouvelles cartes traits, qui vous permettront par exemple de créer des espèces migratoires à fourrure espèce et capables d’hiberner.

Bon, et après cela vous prendrez bien un petit météore sur la gueule histoire de finir en beauté ? Et oui, en plus du climat indiqué par votre curseur, deux cartes événements présentes sur le plateau (une du côté froid, l’autre du côté chaud) se déclenchent quand vous arrivez sur la case où elles trouvent. De quoi encore vous compliquer la vie, avec par exemple un coup de chaud qui survient alors que toutes vos espèces sont couvertes de fourrures épaisses. Mais globalement, il en sort rarement plus d’une ou deux par partie, ce qui fait qu’elles ont surtout un effet déterrent (on fait tout pour les éviter) ou stratégique (les joueurs qui ont réussi à se préparer font tout pour aller la déclencher).

Et c’est aussi vrai pour la globalité de l’extension. Prendre la direction d’un climat extrême peut découler d’un malheureux hasard (ah, j’ai que des flocons…) ou de l’inattention de certains. Mais ce sera le plus souvent un choix stratégique imposé par les joueurs qui ont en main les cartes pour permettre à leurs bébêtes de survivre à un tel enfer. Ils tenteront ainsi de prendre l’avantage sur le reste de la table, en faisant succomber les espèces mal préparées de leurs adversaires. Et le pire, c’est que ça marche ! En cela les mécaniques de Climat fonctionnent parfaitement : les conditions climatiques, surtout les plus extrêmes, changent totalement la donne de la partie.

En conclusion

Au final, Climat est une extension à la fois surprenante, mais pas pour autant parfaite. Elle va en effet donner à votre partie d’Evolution une direction totalement imprévisible, allant du très facile au comiquement difficile. Du coup, le moins qu’on puisse dire, c’est que les parties ne se ressemblent vraiment pas. Par contre, elles sont désormais plus longues, et cette complexité accrue nuit un peu à l’élégante fluidité originale de la mécanique du jeu. L’élégance d’un jeu est un savant équilibre, presque une alchimie, et la maintenir avec une extension n’a rien d’aisé, bien au contraire.

Climat remplit parfaitement une partie de son contrat en apportant de la diversité et de nouveaux mécanismes, mais il y a donc une contrepartie. Est-ce pour autant un achat inutile ? Non, pas du tout, surtout si vous aimez le jeu et qu’au bout de 50 parties, vous commencez à avoir l’impression d’en avoir fait le tour. Et en toute honnêteté, il y a de la qualité et de l’intelligence dans cette extension. On est simplement un cran en dessous du jeu d’origine ! Du coup, en ce qui me concerne, je pense que j’alternerai désormais entre les parties avec l’extension pour la diversité des situations et celles avec le jeu normal pour sa vitesse et son élégante simplicité.

Quant à vous amis lecteurs, voici à mon sens les scénarios qui s’offrent à vous :

• Vous n’avez pas encore Evolution : c’est une terrible erreur, courez l’acheter !
• Vous avez déjà Evolution et vous n’en avez pas encore fait le tour : commencez par faire l’acquisition de la mini-extension de 7 traits (35 cartes au prix moyen de 5 €) qui viennent en remplacement de traits du jeu d’origine (1 ou 2 à la fois, pas les 7) et qui apporteront déjà un peu de variété à vos parties.
• Vous connaissez déjà le jeu par cœur : Achetez Climat, qui apportera une vraie nouveauté à vos parties. En plus le plateau et les nouvelles cartes, illustrés par Catherine Hamilton sont toujours aussi magnifiques.

Évolution – Climat

Une extension pour Evolution de Dominic Crapuchettes, Dmitry Knorre, Sergey Machin

Editée par North Star Games et FunForge

De 2 à 6 joueurs, pour des parties d’environ 1 h à 1 h 30

Prix moyen : 30 €