
Fallout 4 : retombées à plat
Suite à son annonce à l’E3, il faut l’avouer, notre petit cœur de nostalgeek a vibré à la vue d’un bunker, d’un champignon atomique et d’un héros découvrant un monde post-apocalyptique en ruine. Mais une fois l’explosion marketing passée, le bilan tombe : Fallout 4 est un jeu fade et sans aucune mesure à la hauteur de ses prédécesseurs. Procédons à l’autopsie d’une licence qui n’a plus pour elle que son nom.
Ah, la belle industrie du Jeu Vidéo que l’on a !! On fait souvent le parallèle avec l’industrie cinématographique. Et l’exploitation jusqu’à la lie des licences est un élément commun aux deux secteurs. Mais on peut aussi en ajouter d’autres : le manque cruel d’inventivité, de renouvellement, de propositions de gameplays innovants. Fallout 4 est un bel exemple (mais pas le seul, rassurez-vous) d’un gâchis monumental : une arnaque au souvenir, la quintessence du vide, et j’en passe… Vous en trouverez d’autres facilement sans trop réfléchir.
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes
Jadis (mode vieux con /on), Fallout était un tactical RPG apportant un nouvel univers, un système de jeu intéressant et innovant. Certes, on restait dans la mesure des Baldur’s Gate et consorts mais il faut admettre qu’on avait tous pris une claque avec Fallout 2, tant le scénario était prenant, les quêtes difficiles et multiples les possibilités d’évolution scénaristique ou du personnage. Fallout 3 marquait le passage obligé à la 3D, tout en restant dans la lignée de ses origines. De plus, il permit à de nouvelles jeunes générations de joueurs de découvrir l’univers Fallout en profitant des avancées technologiques en la matière. Personnellement, j’avais moins accroché, car outre la 3D, ça commençait à sentir le réchauffé. Mais l’effort était louable empêchant ainsi à la licence de sombrer dans l’oubli. Le Fallout New Vegas ne fut qu’une prolongation du 3ème opus. Après quelques années d’attente et une évolution technologique ouvrant de nouvelles possibilités notamment dans la gestion de mondes ouverts, on attendait en salivant ce Fallout 4. On s’attendait à tout sauf à un clone sans saveur de jeux de survie avec des morceaux de FPS moisis et une IA dégénérée du bulbe.
Mais commençons par le commencement, à savoir le scénario qui tient sur un ticket de métro (ou de tram pour les non Parisiens). Truffé d’incohérences, une intrigue éventée d’une banalité à mourir d’ennui, votre personnage se réveille après deux cents ans de mode Hibernatus entrecoupé d’un réveil rapide pour voir sa femme mourir aux mains de mercenaires et son fils enlevé. Eh oui ; votre mission sera donc (si vous l’acceptez… moi j’ai du mal) de retrouver votre fils. Ah bah ça, franchement c’est super innovant, sauver votre fils, pourquoi pas Princesse Peach à ceci près que Mario, lui, sait se renouveler dans son gameplay. Mais au fait… à quelle date votre fils a-t-il été enlevé ? Si ça se trouve ça fait 100 ans et désormais, il mange les pissenlits radioactifs par les racines, mais bon allez quoi !! Une quête comme ça… Faut y aller franco tellement ça donne envie. Mais non voyons, la bêtise a ses limites, il paraît tout à fait judicieux de penser que votre fils jouera un rôle prépondérant dans l’histoire, bon ou méchant c’est vous qui déciderez. On passera sur la sempiternelle séquence « escape from the bunker » dont le fan se passerait largement et dont l’intérêt réside uniquement dans la récupération du gogo-gadjeto-pipboy sans lequel la licence ne serait rien. On est donc deux cents ans dans le futur et l’humanité a bien dégénéré. Enfin, disons que niveau inventivité, on a des armes laser, des générateurs portables nucléaires mais on a complètement oublié de recréer des villes, de raser les anciennes, de se protéger comme n’importe quel villageois du Moyen Âge contre les hordes de méchants vilains pas beaux. L’humanité semble bloquée au niveau du pilote de The Walking Dead, en ruine et fière de l’être. Eh oui, on est devenu très cons. Mais heureusement votre personnage issu du passé est là pour remettre les choses en ordre, tellement en ordre qu’il ne va faire que ça plutôt que d’aller chercher son fils, sa bataille, le fruit de ses entrailles. Dans le même temps, on récupère Lassie chien fidèle, survivant de l’holocauste (Deustche Qualitat), symbole du rêve américain : famille, patrie et canidé.
Vous l’aurez compris, le scénario n’est que la reprise de clichés de l’industrie cinématographique. Un mixte de science-fiction zombiesque post-apocalyptique, mêlant les genres en quête d’originalité. Vous me direz que ça a toujours été un peu ça, certes, mais la première fois ça passe, la 4ème nettement moins. La plus belle arnaque scénaristique étant de laisser croire que vos choix importent dans le jeu ! Non, ils importent dans le chargement de la séquence cinématique des 3-4 fins possibles, dont les différences sont assez minimes. En comparaison avec ses aînés, Fallout 4 ne tient pas la mise en termes de factions et de « fins » alternatives. Car, au final, l’unique choix que vous aurez à faire sera votre camp, et il sera victorieux. Ce happy ending relève du meilleur Western Hollywoodien des années 60, le héros marchant seul(e) dans un soleil couchant, prêt à en découdre dans les DLC qui suivront. Mais où est passé le côté acerbe de Fallout, tout est devenu si lisse, sans piquant, sans liberté de choix ni conséquences ? Les quêtes s’enchaînent comme des gares au bord d’un rail laissant une impression de liberté d’action très restreinte dans un monde pourtant ouvert. Un monde ouvert en vase clos, sans aucune ouverture d’esprit, ni nouveauté et certainement d’un intérêt moins vaste que ses prédécesseurs.
Je tire ou… je tire.
Le gameplay est de facture classique, un bon vieux Half Life additionné de Bullet Time à la Max Payne. Le système de visée tactique n’est qu’une parure esthétique propre à la licence, ralentissant le jeu pour choisir une option tactique dont l’utilité demeure d’éclater un peu plus vos ennemis avec une belle cinématique. Le gadjeto-pipboy fait de même, très utile pour se soigner, se stimuler, en plein combat car il faut être stimulé pour affronter des ennemis dont le QI se résume à deux pensées : je te vois, je tire. De plus, le leveling n’étant pas réellement zoné, vous aurez la chance de tomber sur des ennemis légendaires en vous baladant, au détour d’un chemin : mort assurée !!! Alors vous allez tirer à tout-va tout le temps, souvent sans trop savoir pourquoi. Vous l’apprendrez si vous décidez de lire les dialogues, les notes contenues dans les PC. Bref, si vous réussissez à vous immerger dans ce monde. Car en fin de compte, votre rôle pendant 100-150h de jeu sera de lire et tirer, mais aussi de récolter moult choses avec votre hotte de Père Noël (patch prévu pour le 25 décembre, car le Père Noël a besoin de sa hotte). En effet, vous êtes Louis la Brocante, vous récupérerez tout ce qui passera sous votre main, et le chargerez dans votre hotte magique. Avoir un bon copain est une option nécessaire dans la récolte des vide-greniers, car votre chien/zombie ou Mutant sera une mule d’exception capable de soutenir une bonne dizaine de fois son poids.
Allez, à 200kg de charge, vous ralentirez un peu mais uniquement parce que la baignoire en fonte dépasse. Un coup d’œil dans votre inventaire vous montrera que vous possédez x armes équipables sur votre dos, dont un lance-roquettes et une gatling laser digne d’un Gears of War. Le craft sera la base de votre temps libre. Veillez au bien-être des clampins humains qui n’ont pas su, en 200 ans, prendre une planche, des clous et un marteau pour se faire un abri. Clairement, on s’éclate à jouer Mère Teresa, surtout quand l’interface répond extrêmement mal à vos sollicitations, que vous galérerez à aligner deux murs, un toit et un escalier.
Pour poursuivre dans l’hyperréalisme proposé, la gestion du personnage n’est pas exempte de qualité. Vous pouvez vous faire à manger en collectionnant des recettes, mais vu le nombre de stimpack que vous trouverez, on en voit guère l’utilité. Idem pour la radioactivité. L’arbre de compétences est exhaustif, trop d’ailleurs. Enfin, on va plutôt parler d’avantages (perks) que de compétences de base. Au total, 270 avantages pour 7 compétences de bases (S.P.E.C.I.A.L. pour strength, perception, endurance, charism, intellect…), avantages spéciaux inclus. Si certains se débloquent selon votre progression, d’autres se feront via vos compagnons ou des comic books trouvés et lus. Un bonne manière de vous obligez à fouiner dans le jeu et à perdre du temps à ramasser ce que vous pouvez. Que dire de ces avantages, si ce n’est qu’ils sont pompés sur les versions précédentes, voire augmentés. Une gestion simplifiée donc de votre personnage, parce qu’après tout, on n’est pas là pour réfléchir. Le jeu n’étant pas « capé » pour le niveau d’expérience, il laissera le joueur aller à loisir dans le développement de ses avantages, plus de puissance, plus de bonus, le rêve de tout joueur. Le craft rapportant de l’xp, il est donc conseillé de passer du temps dessus, voire trop de temps, si ce n’est la quasi-totalité du temps où vous jouerez, pour développer armes, compétences, bonus (chimie, nourriture)…
Résolument basé sur l’action, on en perd tout le côté gestion. Le mode bourrin est de mise et on se demande alors si on est toujours dans un tactical RPG. Côté RPG, on a de la quête à gogo façon Skyrim. Vous ne pourrez faire un pas sans marcher dedans. Mais là encore, l’opulence n’est de mise que pour cacher la misère du scénario ou supporter les mécaniques de jeu liées aux factions. Les combats ne sont pas transcendants, le craft bien inférieur à la créativité de certains jeux de survie actuels. Mais on peut noter aussi quelques petites actions directement pompées d’autres licences, comme le crochetage (façon Skyrim), ou les systèmes protégés par mot de passe. Rien de bien folichon et sans aucun danger pour votre dextérité ou votre santé mentale. Les dialogues sont consternants de banalité, 4 choix sont offerts, le 5ème étant de loger une balle dans la tête de votre interlocuteur pour vous calmer.
Graphiquement, c’est bien, mais sans plus, voire même un peu décevant vu les capacités des machines actuelles. Les décors demeurent essentiellement urbains et en ruines, et vides de toute population mis à part les quelques PNJ que vous aurez à rencontrer. Le bestiaire est quant à lui sympathique, entre les Zombies (mais nan euuhh, les goules sauvages !! nuance…) et les Super mutants échappés d’un Doom, on est servi. Bien sûr, vous rencontrerez les mêmes créatures avec des niveaux d’expérience différents. Donc, ne vous étonnez pas si vous mourrez pour avoir croiser le chemin d’un chien errant ultra-résistant (la petite tête de mort à côté du nom), qui vous croquera en deux bouchées.
Musicalement, le gadjeto-pipboy fait aussi office de radio, entre Nostalgie ou France Classique vous avez le choix ; bien sûr, vous capterez d’autres fréquences qui vous raviront les oreilles et débloqueront certainement un trophée ou des quêtes pour vous récompenser de vos recherches (et du temps perdu).
Pour conclure, car il faut passer résolument à autre chose, on ne peut nier la régression de ce Fallout 4 qui n’a su transcender son impertinence d’origine et ses qualités intrinsèques. En ne conservant que des mécaniques de jeu, des symboles de sa gloire d’antan, Fallout 4 sombre dans un formalisme d’époque, où les mondes doivent être vastes, avec de nombreuses quêtes pas trop compliquées, et du craft dedans. Un monde très froid au demeurant, sans vie, dans lequel il est difficile de s’impliquer émotionnellement. On n’accroche pas aux personnages parce que notre implication dans le déroulement du jeu n’est pas décisive. Rageant pour ceux qui ont connu Fallout 2, mais certainement génial pour un néophyte pas trop regardant. On ne peut donc que déplorer l’absence de remise en question de la licence. Pourtant, d’autres jeux comme Stalker avaient montré la voie sur la gestion d’un univers post-apocalyptique. Enfermé dans son concept d’origine, Bethesda n’a pas su tuer le père pour s’ouvrir vers de nouveaux horizons. Il en résulte un reboot édulcoré, financièrement rentable, mais qualitativement inférieur aux productions actuelles comme The Witcher 3.
Fallout 4
Très bon test qui résume parfaitement ce que je pense du jeu! Le côté RPG a pratiquement disparu et le scénario est vraiment pas terrible. La chance de Fallout 4 est d’avoir un moteur qui peut être facilement moddé et d’avoir une énorme communauté de moddeurs. A mon avis il faudra très peu de temps (une fois que les kits seront distribués) pour que Fallout 4 devienne le jeu qu’on attendait tous. Quand on voit la qualité de certaines quêtes scénarisée dans Skyrim par des moddeurs, on peut s’attendre à de très belles choses. Même certaines faiblesses du gameplay comme le manque de réalisme vont surement être réparer dans le futur (il suffit encore une fois de jeter un coup d’oeil à Skyrim). Et sans oublier les nouveautés comme le craft ou la gestion des villes qui vont prendre toutes leurs dimension avec les mods. Je suis à la fois déçu par le jeu vanilla et excité par les possibilités offertes aux moddeurs. Par contre je ne suis pas d’accord sur ta vision de Fallout New Vegas, justement le jeu est considéré comme plus proche des anciens opus que Fallout 3 (ou 4)dans son atmosphère et son scénario d’où la volonté de nombreux fans de voir le prochain opus être développé par Obsidian.
Ne te méprend pas sur mes propos concernant fallout New Vegas , j’indique juste que le jeu est par extensîon une reprise de fallout 3 ( graphiquement parlant), sans préjugé de son contenu car je n’y ai pas joué.
Ne te méprend pas sur mes propos concernant fallout New Vegas , j’indique juste que le jeu est par extensîon une reprise de fallout 3 ( graphiquement parlant), sans préjugé de son contenu car je n’y ai pas joué.
Fallout 3 avait déjà pas mal divisé les fans car, si les mécaniques restaient assez proches de celles de Fallout 1 & 2 (malgré la présence d’un vilain levelling automatique), l’esprit politiquement incorrect de la série était largement passé à la trappe, tout comme la qualité d’écriture (une des plus grosses faiblesses de Bethesda). Après, le passage à la 3D avait de la gueule et c’est vrai que le jeu a permis à la licence de toucher un nouveau public.
Bien que plus moche que Fallout 3, New Vegas a quant à lui été salué par les fans car il opérait un retour assez réussi à l’esprit des origines. Logique, puisque cet épisode a été conçu par Obsidian, studio fondé par des vétérans de Black Isle (Fallout 1 & 2, mais aussi l’excellent Planescape: Torment).
PlanescapeTorment fut un de mes jeux préférés de cet époque, riche, décalé , un vrai plaisir
Peut-être suis je tolérant juste parce que c’est Fallout et que que je suis un fan de la première heure (je sais pour certains c’est le contraire, ça les pousse à intolérance). J’adore les jeux de rôle (notamment les anciens avec ou sans graphismes – oui je suis si vieux que ça) mais je trouve que ce 4 est une bonne cuvée malgré tous ses défauts (ceci dit pour avoir joué à tous les Fallout à l’époque de leur sortie, tous avaient leurs lots de gros défauts). Le 4 est moins bien que New Vegas niveau scénario général mais le nombre de choses à faire et le nombre de lieux à visiter et de PNJ à rencontrer est assez incroyable. Même si l’histoire principale est faible, les interactions pas fabuleuses, le mode « workshop » lourdingue et les combats trop nombreux. Pas de quoi détrôner Fallout New Vegas parmi les Fallout récents mais pas honteux non plus. Enfin, tout le monde râle contre Bethesda mais je réussi à faire tourner Fallout 4 en high sur un portable de 2012 (alors que parallèlement impossible de faire tourner The Witcher 3 même avec les graphismes les plus bas). Donc chapeau bas pour l’optimisation parce que le jeu est quand même loin d’être moche.
je suis d’accord avec toi sur le point de l’optimisation, le jeu tourne à la perfection meme sur ma config PC vieillissante et beaucoup d’éditeurs devraient prendre exemple sur ce jeu qui sort sans « Bugs » ou patch contre les plantages.
Je l’ai déjà dit alors je le redis : les mondes ouverts sont la mort à petit feu du jeu scénarisé correctement. On nous offre de la pseudo liberté en ouvrant les maps mais les possibilités de gameplay se réduisent à peau de chagrin.
Il suffit de regarder le match Mass Effect vs The Witcher 3. Le premier propose des choix au joeur, choix qu’il devra assumer pendant les deux épisodes suivants, les conséquences étant parfois aussi inattendues que choquantes psychologiquement. Le deuxième, au demeurant excellent, n’est qu’une suite ininterrompue de quêtes où l’implication du joueur n’a que peu d’incidence sur le déroulement de l’histoire.
Mais c’est pas grave, hein ! Rassurez-vous, Fallout 4 s’est vendu par brouettes entières et est déjà un succès mondial. Il y a de fortes chances que sa suite soit du même acabit !
oui et non, the witcher propose certes un monde ouvert mais intéressant de part les interactions que l’on a avec les différents protagonistes. IL laisse au joueurs la possibilité de faire comme bon lui semble même si au final on termine la quête principale. C’est un jeu open world bien équilibré et pourtant je peux t’assurer que je ne le donnais pas gagnant (la redac du Daily JV peut en témoigner)