
False Flag, l’étendard israélien est virtuose (en direct de séries mania)
Lors de la projection du pilote, la productrice et co-créatice Maria Feldman a prévenu : difficile de dire de quoi parle la série sans spoiler. Donc pour le pitch, attention spoiler…Cinq citoyens israéliens découvrent un matin dans les médias qu’ils sont les principaux suspects dans l’enlèvement d’un politicien iranien à Moscou.
Après Hatufim, Be Tipul, et Sirens (diffusé mardi à Séries Mania), False Flag confirme le talent des séries israéliennes, qui rajoute tout un continent dans les créations de fictions télévisées, et il faut s’en réjouir.

© Channel 2 Israël
Dans l’une des premières scène de l’épisode, on voit l’un des protagonistes envoyer un texto : les lettres qui s’affichent sur son téléphone sont en hébreu, et s’écrivent de droite à gauche. Ce détail qui peut paraître insignifiant est pourtant révélateur du renversement copernicien que représente cette série pour le spectateur occidental que nous sommes. Car habitués des intrigues complotistes, des histoires où troubles familiaux, fausses identités et malversations politiques convergent, nous ne sommes pourtant pas habitués à voir ces histoires du point de vue qui ordinairement sont les « méchants ». De là, inutile de revenir sur l’islamophobie planante de Homeland et 24. En outre dans False Flag, l’intrigue se déroule en Israël, avec pour trame principale l’enlèvement d’un dirigeant iranien, supposément par le Mossad.
De ce point de vue, la série semble donc constituer un acte politique, non seulement en mettant au cœur de l’histoire les rapports entre Israël et le monde arabe, mais en outre en mettant cette intrigue en scène sans lourdeur, sans propos politique appuyé. C’est là que False Flag est géniale, et reste à mon sens l’une des meilleures séries de la programmation de cette édition du festival. Car ce qu’on en retient avant tout, c’est la manière dont on est accroché, dès le premier épisode pourtant court (42 m) ; ce sont les acteurs (Ishai Golan, Ania Bukstein et Magi Azarvar, que les assidus de Séries Mania auront aussi vue dans Sirens), qui jouent à la perfection ; c’est la mise en scène, qui traque ses personnages dans des cadrages serrés, annonçant déjà le piège imprévu qui se referment sur eux.
Bref, il faut espérer que False Flag sera regardée, car son message est essentiel : on peut encore renouveler avec brio les codes des séries de thriller politique. Et l’on peut mettre au jour des enjeux de politique internationale, grâce à la fiction, et ce de manière aussi subtile qu’efficace. Si False Flag a déjà été acquise pour un remake américain, il faut espérer qu’elle n’aura rien d’une récupération, entendue dans tous les sens du terme.
False Flag, diffusée en Israël sur Channel 2
créé et écrit par Amit Cohen et Maria Feldman
Réalisé par Oded Ruskin
Avec : Ishai Golan, Ania Bukstein, Magi Azarvar, Angel Bonanni