
Festival de Dinard 2015 : Kill Your Friends d’Owen Harris
Sexe, drogues, rock’n roll, trahisons, champagne, eurodance, pognon, vice, meurtre, chantage, voix off et cabotinage, voilà le cocktail proposé par Kill Your Friends d’Owen Harris, film en compétition au Festival de Dinard. Une évocation un peu chargée de l’industrie musicale des nineties qui, a force d’en faire trop, finit par donner mal au crâne.
Steven est un sale con. Steven prend de la coke. Steven est cynique. Steven aime le pouvoir. Steven est arriviste. Steven fera tout pour obtenir ce qu’il veut. Voilà en somme le point de départ de Kill Your Friends d’Owen Harris, film basé sur le livre du même nom de John Niven. Satire sur l’industrie musicale britannique des glorieuses années 90, le long métrage met donc en scène Nicholas Hoult dans le rôle du sale con susmentionné, sorte de mix aux dents longues et au nez plein de Patrick Bateman et Frank Underwood. Durant tout le film, ce jeune loup va, entre deux lignes, tout faire pour devenir grand manitou d’un label musical, multipliant coups fourrés et exactions en tous genres pour arriver à ses fins.
Mis à part ça ? Pas grand chose justement. Car à part s’exciter dans tous les sens et nous présenter un catalogue de personnages à la moralité douteuse, le propos reste creux et le film lassant. Ne reste alors qu’un étalage de violence inutile et de vulgarité poussive, comblant les trous d’une narration dont on ne voit que trop les ficelles. Trop gros, trop téléphoné, trop bruyant et manquant cruellement de finesse, Kill Your Friends est en plus plombé par une voix off omniprésente et de constants clins d’œil de Hoult à la caméra. Des procédés bien casse-gueule non maîtrisés qui empêchent la narration de s’épanouir et nous sortent constamment du film.
Au milieu de tout ce vacarme, Nicholas Hoult justement, a quant à lui du mal à tirer son épingle du jeu, jamais assez menaçant pour qu’on y croie vraiment sans pour autant inspirer une once de sympathie au spectateur. Restent quelques seconds rôles bien sentis, comme celui de Moritz Bleibtreu en dénicheur de talents allemand ou d’Edward Hogg en flic de la police bête comme ses pieds. Malheureusement, tout ça ne nous fait pas un film. A vouloir invoquer à tout va les Danny Boyle, Guy Ritchie et autres cinéastes maniéristes, Owen Harris se perd dans d’incessantes gesticulations. Quitte à s’essouffler en cours de route.
Kill Your Friends d’Owen Harris avec Nicholas Hoult, Craig Roberts, James Corden, Ed Skrein, Edward Hogg et Moritz Bleibtreu. Sortie le 4 novembre.