
Festival Mauvais Genre – 3ème jour
Mauvais Genre, 3ème jour et quel jour ! Le vendredi est synonyme de la Nuit Interdite, le rendez-vous incontournable du festival de par sa programmation de petites perles et de par son public chaud bouillant pour mettre l’ambiance.
En attendant cet événement, la journée est ponctuée d’autres rendez-vous avec la projection de films en compétition. Pour ne rien vous cacher on a fait l’impasse sur Tulpa, un film italien de Frederico Zampaglione. « Tulpa », c’est le nom d’une boite de nuit échangiste que fréquente Lisa et qui est dirigée par un gourou tibétain. Le film étant présenté comme un hommage moderne au giallo, Tulpa contient son lot de meurtres sanglants. Pas vu donc et à en croire les quelques retours glanés ici et là, on n’a pas loupé grand chose.
Tours – 15h50 : On débute le visionnage de OK, Good, un film américain réalisé par Daniel Martinico. Ok, Good c’est la phrase, quasi-rituelle, qu’entend Paul Kaplan à la fin de ses auditions pour des publicités. Comédien de formation, sa vie est rythmée entre les castings, les cours de comédie et un litige avec l’imprimeur de ses photos pour son CV. Intriguant et passionnant, OK, Good nous parle de notre rapport aux autres dans une société où l’image compte plus que l’être. Un formidable film qui se paie en plus le luxe de citer Conan le Barbare. Une curiosité cinématographique qu’on aura envie de revoir en sortie nationale.
Petite pause pour recharger les batteries avec de la gastronomie locale et on attaque THE Nuit Interdite avec 3 films et 5 cours métrages au programme. Ces derniers sont tous de très bonne qualité dans des genres différents. Ainsi Game de Josh Mac Donald et Saw Misgivings de David Lilley vont jouer respectivement avec les codes du survival et du torture-porn pour mieux les détourner. Coté français nous avons eu le droit à Tout Doucement de Damien Boulier qui nous raconte l’histoire d’une rupture radicale dans un couple (le tout sans dialogue), et au très drôle J’Capote de Phillipe Boissier qui a rappelé des souvenirs à toutes les personnes dans la salle qui ont tenté de conclure après une soirée arrosée. Enfin, le grand moment fut pour Fist Of Jesus de David Munoz et Adriàn Cardona où, suite à la résurrection de Lazare qui a mal tourné, Jesus et Judas doivent combattre des Araméens zombies, des Romains zombies et des Cow-boy zombies (ne cherchez pas à comprendre) dans un énorme délire gore. Totalement réjouissant et barré.
Réjouissant et barré c’est ce qu’on attendait de Manborg qui raconte la lutte entre le manborg et ses amis contre le terrible Comte Draculon dans un futur apocalyptique. Malheureusement le film de Steven Kostanki commet la grosse erreur de vouloir faire du nanar assumé et chacun sait que le nanar est par essence un film involontairement drôle. Ici tout est poussé à l’excès de façon consciente, que ce soit les effets spéciaux à deux balles ou les pseudo-acteurs (avec même l’acteur asiatique dont la voix est doublé de façon atroce, trop drôle on vous dit) le tout dans un gloubiboulga d’effets numériques qui font plus mal à la tête qu’autre chose. Bref ce qui s’annonçait être un grand moment de n’importe quoi, s’est avéré être un gros pétard mouillé.
Juste avant, heureusement, nous avons eu le droit à 13 Eerie qui à tenu ses promesses en matière de sang et de tripes. Film américain de Lowell Dean, 13 Eerie est une sorte de CSI : Crystal Lake avec son lot de gloumoutes habituelles, dont la grande qualité est de nous montrer un groupe de jeunes étudiants bien moins cons que la moyenne, notamment la jolie blonde classique qui s’avère être la plus débrouillarde. Il est par contre dommage que l’histoire n’assume pas un certain sens du délire que l’on sent poindre à certains moments et notamment sur son final. Cette hésitation fait que le film a le cul entre deux chaises, et le spectateur ne sait plus vraiment s’il doit avoir peur ou s’il doit rire. Un caractère bancal très préjudiciable mais qui n’atténue cependant pas les qualités de ce bon film de monstres.
Bien qu’il fut le premier film projeté lors de la Nuit Interdite, on vous a gardé le meilleur pour la fin avec The Battery. A mi-chemin entre le road-movie et le film de zombie, le film de Jeremy Gardner raconte le périple de deux joueurs de base-ball, Ben (Jeremy Gardner) et Mickey (Adam Cronheim) dans une Nouvelle-Angleterre dévastée par une invasion de zombie. Ce qui est frappant avec The Battery c’est sa crédibilité et l’originalité de son univers. A l’opposé de l’apocalypse urbaine décrite habituellement, le film de Garner nous montre une région bucolique où la verdure, le soleil et le ciel bleu dominent.
Nous ne sommes pas dans une histoire où la menace et la peur de la morsure du zombie prédominent mais davantage dans une aventure humaine entre deux personnages très bien écrits. Si Mickey nous apparaît comme une sorte de romantique qui désire retrouver d’autres personnes, Ben se comporte tel un ermite qui ne croit plus en l’espèce humaine et trouve son bonheur à vivre loin des gens. Les rivalités entre ces deux personnages feront le sel du film et donneront lieu aux scènes les plus fortes et les plus drôles. Difficile enfin de ne pas citer le dernier acte du récit, un long et éprouvant moment de tension incroyable où nos deux héros sont piégés dans une voiture encerclée de zombies.
The Battery restera l’un des grands moments du festival, cette nouvelle variation du genre nous rappelle la première vision de Shaun of the dead de par sa fraîcheur et le très bon portrait de ses personnages. Un exploit à saluer d’autant plus que le film dispose d’un très faible budget. On espère vraiment qu’il connaîtra une belle carrière car il le mérite.
Je peux pas te laisser dire ça de Manborg.
Ce film n’est pas un « nanard volontaire » mais une comédie / parodie potache qui se nourrit de nombreuses influences : Mortal Kombat, Street Fighter, Robocop, j’en passe et des meilleures. Même si on peut être hermétique à certains gags et réfractaires à la pauvreté des moyens déployés pour les SFX, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Les designs de certains méchants sont carrément bandants, et les persos parodiques à souhait. A mon avis on a là un vrai hommage aux films de tatane / post-apo des années 80 & 90 et un clin d’oeil appuyé à la culture de vidéoclub où on trouvait des perles en K7 (cf le faux avertissement du FBI et la fausse bande annonce qui conclut le film) au détour d’un présentoir qu’on n’aurait jamais dû parcourir.
Manborg évoque tout ça, et même s’il aurait pu bénéficier de SFX de meilleure tenue et d’une écriture un peu plus fine dans les gags, l’ensemble se tient déjà bien et emporte l’adhésion des amateurs (dont moi).
Okay avec The Battery qui n’a pas volé ses 3 prix au palmarès.
Pour Tulpa, t’as raté quelque chose, c’était stylé, bien référencé et putain de bandant.
Je rejoins Diginico, Manborg c’était volontairement naze et teubé. Le mec a cherché à faire le nanar le plus cheap possible, il pouvait ni faire pire ni mieux.
Notre live-report du Mauvais Genre featuring du bondage, du SM, du gagball et Coralie Trinh Thi dans une soirée franc-maçon https://www.asbaf.fr/2013/04/bukkake-du-cine.html