Flash Anthologie : Entretien avec Yann Graf

Flash Anthologie : Entretien avec Yann Graf

En complément de notre article consacré à Flash Anthologie, Yann Graf, assistant d’édition chez Urban Comics est revenu pour le Daily Mars sur les choix qui ont guidés l’élaboration de l’ouvrage.

 

Secret_Origins_v.2_50Était-ce plus difficile de faire une anthologie d’un personnage qui a connu plusieurs incarnations à la différence de Batman ou Superman ?

Yan Graf : On se pose sensiblement les mêmes questions, même si chaque personnage ou thème possède ses propres caractéristiques. Pour Flash : on a trois versions bien définies qui sont également représentatives de l’Âge dans lequel elles ont opéré. Jay Garrick avec l’Âge d’Or, Barry Allen avec l’Âge d’Argent et Wally avec l’Âge moderne (qui couvre aussi bien la fin de l’Âge de Bronze que la période grim’n gritty ou le renouveau du sense of wonder dans les années 1990). Le retour de Barry Allen marque également une espèce de volonté de nostalgie révisionniste très présente dans les années 2000 (et qui prend différentes formes : le Soldat de l’Hiver, le retour d’Hal Jordan, Identity Crisis… mais aussi le Batman de Grant Morrison ou La Nouvelle Frontière de Darwyn Cooke).
Enfin, le nouveau Barry Allen (de la Renaissance et celui de la série TV), lui, représente une synthèse de tous ces personnages et de toutes ces évolutions.
Enfin, on a les mêmes contraintes que d’autres anthologies (la pagination et l’accès au matériel) qui impliquent des choix parfois cornéliens : si « difficulté » il y a, c’est à ce niveau.

Avez vous eu accès à beaucoup de matériel ou bien certaines périodes furent « indisponibles » ? Je pense au Procès de Flash ou au début de la série avec Wally West par exemple.

YG : Sans entrer dans les détails, on a pu avoir accès à deux épisodes indisponibles depuis longtemps, dont un n’a jamais été réédité (le DC Special Series #1 de 1977 et Zéro Mort), mais ça demande un peu plus de travail à l’arrivée. On essaie de faire notre sélection dans ce qui est aisément accessible, comprendre : ce qui a été réédité récemment. Heureusement, pour Flash, hormis les années 1980, il y avait beaucoup de matière.
Infantino-1

Carmine Infantino est l’artiste incontournable quand on parle de Flash. Cela n’a pas était trop dur de choisir des épisodes parmi une production aussi énorme ?

YG : On savait qu’il y aurait des passages obligés : les premières apparitions de Barry et Wally, un épisode avec le Néga-Flash, un autre avec Jay Garrick, les Lascars… Au final, on a réussi à sortir quatre épisodes de la passionnante période de l’Âge d’Argent (en plus d’un cinquième de l’Âge d’Or) qui couvrent plusieurs bases tout en montrant l’évolution de son style sur dix ans.

J’ai l’impression que le fil rouge de l’ouvrage est de montrer la capacité de Flash à se sortir de situations impossibles. Je me trompe ? Y a t-il eu d’autres thématiques que tu as voulu mettre en avant ?

YG : L’utilisation des pouvoirs, c’est en effet un des fils rouges, leur description évoluant avec les styles graphiques et narratifs. L’autre thème, c’est celui de l’héritage : les trois héros se succèdent, murissent et apportent à chaque fois une pierre supplémentaire à l’édifice de l’Univers DC. Jay fonde la Société de Justice, Barry lit les aventures de Jay et prend sous son aile Wally, il fonde la Ligue de Justice, découvre le Multivers et se sacrifie pour le sauver. Wally fonde les Titans, puis la nouvelle Ligue, découvre la Force Véloce, prend sous son aile Bart et ainsi de suite…
Au-delà des différents avatars du personnage, on a le reflet des évolutions éditoriales et artistiques du comic book. L’épisode de Karl Kerschl et Brenden Fletcher montre bien cette importance en le démultipliant puis en le faisant fusionner littéralement avec l’univers de la Bande Dessinée.

L’absence de Flash #123 (déjà présent dans DC Anthologie) et la présence de Secret Origins #50 était un choix dès le départ ?

YG : Oui. Comme on l’avait déjà utilisé dans une Anthologie, on a préféré proposer un autre team-up avec Jay Garrick, suivi de la relecture de l’épisode par Grant Morrison. On ne perdait ni les nouveaux lecteurs ni ceux habitués.
New_Teen_Titans_Vol_1_20Quel est l’épisode que tu es le plus fier de proposer ?

YG : Je dirais celui de Mark Millar, Grant Morrison et Paul Ryan sur Jay Garrick. C’est un épisode qui dit beaucoup sur l’évolution des comics et sur leur caractère cyclique tout en gardant une vraie dimension humaine : il tente de sauver son vieil ennemi devenu un ami. D’autant qu’on aura vu quelques pages avant, le Penseur au summum de son « art » lorsqu’il a mis sous sa coupe Keystone City. C’est aussi une bonne description de ce qui distingue Flash du reste des autres héros : son optimisme indécrottable.
Et sinon en bon fan de Mark Waid et Grant Morrison, c’est toujours un plaisir de présenter des épisodes qu’ils ont réalisés.

La présence d’un épisode de New Teen Titans peut paraître incongru au premier abord. Qu’est ce qui a justifié ce choix ?

YG : C’est lié à deux raisons : la première est donc liée à la disponibilité du matériel, il fallait qu’on marque le coup de l’Âge de Bronze, et tous les épisodes des New Teen Titans ont été réédités. C’est un épisode qui marque bien les changements du tournant des années 80 : plus d’introspection, un côté feuilleton prononcé, le dessin de George Pérez hyper-détaillé… Et puis Marv Wolfman et George Pérez ont eu une importance considérable dans le destin des Flash : ce sont quand même eux qui « tuent » Barry Allen !
Mais c’est aussi un bon moyen de présenter Wally comme un pilier des Titans, donc un héros en devenir. On comprend mieux son évolution par la suite : du coup, dans un épisode plus récent, celui de Dwayne McDuffie et Ethan Van Sciver, on constate mieux le chemin parcouru. Au départ, c’est Wally qui s’interroge sur sa place dans les Titans, au final, c’est la Ligue qui lui demande de revenir, preuve de son importance acquise au fil des ans.

 

 

 

Merci à Yann Graf pour sa disponibilité.

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