
Pilote Automatique : Flesh and Bone (Starz)
L’histoire : Claire Robbins s’enfuit au petit matin de son domicile familial à Pittsburgh pour auditionner à l’American Ballet Company (fictif) de New York. Elle doit y faire ses preuves auprès de Paul Grayson, le directeur artistique caractériel et tyrannique de l’institution. De surcroît, il lui faudra aussi composer avec un microcosme délétère et l’ombre envahissante de son frère.
Autour de la série : Flesh and Bone est une minisérie que l’on doit à Moira Walley-Beckett. Cette scénariste d’origine canadienne est surtout connue pour avoir participé à la writers room de Breaking Bad (qu’elle avait rejoint en saison 2). A ce titre, elle a notamment été distinguée d’un Emmy pour avoir signé le fameux Ozymandias (s05e14).
Alors qu’elle avait été imaginée comme une série ayant pour vocation de se poursuivre, la chaîne a préféré en rester là après la production de ces huit épisodes. Le choix d’en faire de facto une minisérie est assez surprenant venant de la part d’un diffuseur (Starz) souvent prompt à annoncer la commande d’une saison 2 pour ses productions.
Il faut sûrement y voir la conséquence d’un tournage qui aura été compliqué à mettre en place. Étant elle-même ancienne danseuse de Ballet, Walley-Beckett a souhaité s’entourer de véritables ballerines et non pas de comédiennes pouvant danser. Sarah Hay fait partie du Semperoper ballett de Dresde et Irina Dvorovenko (Kiira) est une ancienne danseuse principale de l’American Ballet Theatre par exemple. La perspective de composer avec des agendas surbookés aura certainement été une des raisons conduisant à cette décision. La chaîne a tout de même pris le soin de préciser que la minisérie offre une fin satisfaisante.
L’avis : On pense directement à Black Swan, le film de Darren Aronofsky sorti en 2010. Comme ce dernier, Flesh and Bone est une immersion sombre et intense dans l’univers de la danse de ballet. Toutefois, la minisérie va plus loin en offrant le point de vue haut en couleur de son directeur artistique et en s’appuyant sur un vaste collectif de danseuses qui se regardent en chiens de faïence.
La facture formelle est remarquable. Ce premier épisode est mis en scène par l’Australien David Michôd (Animal Kingdom) qui avait déjà eu l’occasion d’officier pour le format sériel sur un épisode de la regrettée Enlightened. Néanmoins, on est surtout fasciné par le travail à la photographie d’Adam Arkapaw (Top of the Lake, True Detective saison 1) qui place les bases d’une ambiance froide et hostile à souhait, notamment lors des scènes en salle de répétition.
Côté interprétation, Sarah Hay (Claire) trouve la justesse nécessaire d’un personnage complexe parce que naïf, instable et inspiré, en plus d’offrir des séquences de danse à couper le souffle (même pour le profane). Dans le rôle de la figure autoritaire, Ben Daniels (Paul) – vu dans House of Cards – est lui aussi à son avantage. Enfin, Raychel Diane Weiner (Daphne) livre une prestation convaincante.
Avec, entre autres, un directeur artistique versatile, une danseuse sous l’emprise de drogues diverses et une héroïne pour le moins ingénue, il ne serait pas aberrant de parler d’une collection de clichés. Mais parce qu’elle soigne ses moindres détails avec expertise, Flesh and Bone dépasse ce constat et n’hésite pas à embrasser la noirceur d’un récit qui ne fait rien pour se faire aimer du plus grand nombre.
Episode 2 ? Oh que oui ! Ce premier épisode se conclut sur une ouverture aussi glauque que palpitante quant au drama familial de l’héroïne. Drama familial qui cristallise justement les principaux reproches que l’on peut lire sur la série.
Du reste, Moira Walley-Beckett ne cache pas qu’elle a pensé Flesh and Bone comme étant “Binge” compatible. Starz offre justement à ses abonnés l’intégralité de la saison en VOD dès le premier jour. Enfin, il faut saluer l’initiative d’OCS qui offrira la même possibilité à ses abonnés via son service OCS Go.
FLESH AND BONE, MINISERIE en 8 parties, EPISODE 1 “Bulling Through” (STARZ) et sur OCS City dès le 9 novembre (l’intégrale disponible sur OCS Go dès la diffusion du premier épisode).
Minisérie créée par : Moira Walley-Beckett.
Episode réalisé par : David Michôd.
Avec : Sarah Hay, Ben Daniels, Emily Tyra, Raychel Diane Weiner, Damon Herriman, Irina Dvorovenko, Patrick Page et Josh Helman.
Musique originale de : Dave Porter.
Crédits photo : Patrick Harbron & Barry Wetcher ©2015 Starz Entertainment,LLC
Je vous trouve vraiment très indulgent avec ce pilote, voire cette série qui est très loin de faire dans la dentelle et la subtilité… je ne déteste pas ça, et puis Starz nous y a habitué depuis longtemps, mais là l’enchaînement de stéréotypes à la truelle est quand même impressionnant : le directeur de compagnie pédé diva qui sadise tout son entourage (tout en étant ridicule), l’héroïne belle vierge effarouchée qui rafle la mise dès le premier épisode, la fille issue de la jeunesse dorée qui s’encanaille en dansant dans un club de strip, le clodo ange gardien qui a des visions etc etc… Après ça reste efficace, parce que les intrigues frôlent le soap opera et peuvent tenir en haleine, mais les clichés sont quand même bien là et très difficiles à dépasser…
Je n’ai pas encore été au bout de la saison et j’aurai peut être l’occasion d’y revenir. Les personnages sont effectivement caricaturaux, c’est incontestable. Je n’y ai pourtant rien trouvé à redire pour l’instant, ça changera peut être… 😉
J’ai fini la saison aujourd’hui. On ne peut pas dire que s’arrange sur la durée, c’est même de pire en pire, avec tout un tas d’intrigues secondaires esquissées à gros traits puis évacuées aussi vite qu’elles sont venues (sans doute est-ce dû au fait que d’autres saisons étaient prévues à la base avant de tout resserrer sur une mini-série de 8 épisodes). Des tas de scènes se révèlent sacrément grotesques (Paul qui pète un câble à Thanksgiving et humilie ses danseurs avec un sadisme qui finit par provoquer le rire nerveux tellement ça en fait des caisses) ou racoleuses (la scène de sexe entre frère et sœur filmée de manière à montrer que hey quand même, elle aime ça la petite Claire). A souligner aussi le fait qu’on ne peut s’attacher à AUCUN des personnages de cette série, qui n’ont pas été écrits ou interprétés avec assez de finesse ou de profondeur pour les faire exister à part entière… Ils en deviennent franchement détestables, tout chacun à leur manière. Mieux vaut revisionner la lumineuse et réjouissante Mozart in the jungle quitte à rester dans le domaine du classique, y a pas de doutes 🙂