Freak Show (Critique du 4×01 de American Horror Story)

Freak Show (Critique du 4×01 de American Horror Story)

Note de l'auteur
© Frank Ockenfels / FX

© Frank Ockenfels / FX

Ryan Murphy et Brad Falchuk ont décidé, pour cette quatrième salve de leur anthologie de l’horreur, de planter leur tente dans un cirque itinérant pendant les années 50. Galerie de difformités comme argument de vente, on ne pourra s’empêcher de penser au magnifique Freaks de Tod Browning, tout en essayant d’oublier, autant que faire se peut, la comparaison trop à l’avantage de ce dernier. Car si le film de 1932 posait un regard compatissant, la crainte de voir une complaisance de l’informe sourd chaque minute d’un premier épisode qui n’a pas grand chose à raconter.

Véhicule pour une Jessica Lange à l’accent allemand, cet épisode inaugural semble multiplier les performances de l’actrice au point de sacrifier toute notion d’histoire. On retrouve cette façon de compiler des séquences a priori sans lien dans le but d’ouvrir les portes d’un univers, sans logique sinon celle de choquer, de perturber, de créer un espace inconfortable. Reconnaissons au duo un sens de la démesure, où l’excès peut par moment l’emporter. De ce joyeux bordel, se dégagent des embryons prometteurs, sans trop savoir s’ils vont finir écrasés, étouffés par une narration girouette incapable de se concentrer. Cette impossibilité de faire le point est caractéristique de l’œuvre de Murphy et American Horror Story semble le point d’exergue de cette tendance.

© FX

© FX

Dans ce dédale de figures perturbantes, il y a un clown. Figure classique des détournements horrifiques liée au cirque, sa présence devenait évidente. Et force est d’admettre que le duo Murphy/Falchuk a particulièrement soigné son amuseur. Costume sale, masque emprunté au Joker de Snyder et Capullo, il donne l’impression de sortir tout droit d’un épisode de Silent Hill (l’intro du troisième volet). Utilisé par petites touches il impose un réel sentiment d’effroi, de gêne, sans la gratuité caractéristique de l’anthologie. Une belle présence qui ne manquera de réveiller quelques phobies clownesques et autres déjà traumatisés par celui de It.

Difficile de démêler les fils narratifs dans cette pelote, où les notions de mise en place semblent étrangères aux auteurs. Et cette impression toujours aussi tenace de suivre un cadavre exquis. Bien sûr, il y a une forme de fascination à l’issue de cet amas en strates, comme l’illustration du champ lexical du cirque. Les auteurs semblent toujours emprunter la voie du pillage, comme mercenaires du genre horrifique. Où l’on ne sait plus très bien si cette récurrence pour l’engorgement est due à de la boulimie ou une incapacité pathologique à choisir. Ce Freak Show possède les armes pour devenir une oeuvre dérangeante ou un objet à la gratuité obscène. Comme le corps des sœurs siamoises, il se peut que les deux issues soient indissociables.

Partager