
Game of Thrones 8×06 : Game Over
Nous y voilà. Après huit saisons, Game of Thrones s’est achevé dimanche dernier sur HBO. Une fois de plus la série nous a offert un épisode qui sème la discorde dans le cœur des téléspectateurs. Si certains sont satisfaits par la fin de la série, nombreux sont ceux qui crient au scandale. Je vous le dis tout de suite, je fais partie du groupe des gens satisfaits. Enfin, à 98%.
Les fins sont toujours difficiles. Elle sont difficiles à écrire et à encaisser. Tout comme dans le reste de cette saison 8, il y a de bonnes et de maladroites choses dans The Iron Throne. Pour cet épisode final, les scénaristes de la série ont choisi de faire la part belle à la tragédie. Entre Tyrion qui fond en larmes devant les cadavres de son frère et de sa sœur, Jon qui dit à Dany qu’elle sera à jamais sa reine avant de la poignarder, ou encore Drogon qui essaye de réveiller sa mère façon Simba dans Le Roi Lion, nombreux sont les moments dans The Iron Throne qui sont terriblement tragiques et vous forment une boule dans la gorge de la taille d’un melon. Même si beaucoup de personnages ont une fin plutôt heureuse, il est difficile de leur dire au revoir. Le destin de Jon est une immense tragédie car— même si les dernières images de la série laissent entendre qu’il ne va pas se laisser moisir à Châteaunoir mais au contraire vivre librement au-delà du Mur avec les Sauvageons— quand on repense à tout ce qu’il a vécu, il est difficile de ne pas avoir de la peine à son égard. Et c’est principalement toute cette tragédie saupoudrée de moments triomphants (ce plan sublime de Dany encadrée par les ailes de son dragon, Drogon qui désintègre le trône, Sansa qui devient Reine du Nord, Arya qui part explorer l’ouest de Westeros) qui font la force de ce dernier épisode, malgré des moments qui sont bien moins crédibles faute de bon développement.
Si les quarante premières minutes de l’épisode sont très réussies, les choses commencent à se gâter dès l’instant où Jon décide du destin de Daenerys. La scène en question est très bien conçue, jouée et mise en scène, mais comme l’histoire d’amour entre Jon et Dany n’a jamais vraiment eu le temps de se développer, le soufflet retombe un peu vite. C’est le même problème qui aura été évoqué toute cette saison et même avant : pour que la fin de Game of Thrones soit efficace à 100%, il aurait fallu que la série se donne plus de temps pour franchir la ligne d’arrivée. David Benioff et D. B. Weiss se sont lancés dans une épreuve d’endurance gargantuesque quand ils ont commencé cette série, puis à mi-parcours, ils ont fatigué et décidé de prendre un raccourci pour arriver plus vite à l’arrivée. De dix épisodes par saison, on est passé à 8 puis 6, et cela a indéniablement affectée le bon déroulement de la série. On ne connaîtra peut-être jamais vraiment les circonstances qui ont entouré ce choix, mais il n’en reste pas moins que la série aura souffert de ce changement de rythme et que cela l’aura affectée jusqu’au bout.
C’est aussi pour cela que la nomination de Bran comme nouveau roi semble tomber à plat. Si Bran avait fait autre chose ces deux dernières saisons que fixer son regard dans le vide, on aurait peut-être plus eu l’impression qu’il mérite le trône, mais ce n’est pas le cas. Bran a été sous-utilisé pendant longtemps. Alors s’entendre dire qu’il a « la meilleure histoire », et que pour cette raison il devrait être roi, sonne creux. La séquence réunissant les seigneurs de Westeros pour choisir un nouveau souverain est dans son ensemble plutôt bancale. Mis à part le fait que Tyrion propose Bran comme nouveau roi, il y a le fait que miraculeusement Jon est toujours en vie (alors que Vers Gris démontrait encore au début de l’épisode qu’il n’y a pas de pitié pour l’ennemi de la Reine), que personne ne fait mention de son droit au trône, et que l’indépendance du Nord est accordée si facilement à Sansa (et que ça ne donne pas d’idée à qui que ce soit d’autre). Disons-le encore une dernière fois pour la route, tout ce qui se passe dans cette dernière saison de Game of Thrones n’est pas illogique. Que cela soit Dany qui tourne mal, Arya tuant le Roi de la Nuit ou encore que Bran finisse sur le trône, les signes ont toujours été là, mais certaines choses sont plus dures à digérer que d’autres car le changement de perspective que la série a effectué après la saison 6 a profondément bouleversé la façon dont son histoire nous a été contée. Maintenant, il faut lui pardonner ses ratés et savoir savourer le périple qui nous a fait vibrer tout au long de la série. Game of Thrones était une entreprise complexe et gigantesque, et avec le temps on saura voir que Weiss et Benioff ne s’en sont pas si mal sortis car cette fin en est la preuve.
Chaque dialogue entre Tyrion et Jon dans cet épisode regorgent de répliques semblant autant s’adresser aux spectateurs qu’aux personnages. Le premier, dans lequel Jon cherche désespérément à justifier les actions de Daenerys fait écho aux fans de la série refusant de voir leur personnage favori mal tourner. Et lorsque Jon doute des bienfaits de son acte et demande à Tyrion s’il a fait le bon choix, ce dernier lui dit de lui reposer la question dans 10 ans, comme si les scénaristes de la série nous demandaient de laisser au temps l’occasion de mettre nos avis sur cette fin en perspective.
On doit beaucoup à Game of Thrones, que cela soit la découverte d’acteurs d’exception (de Peter Dinklage à Emilia Clarke en passant par Lena Headey), du compositeur de génie Ramin Djawadi ou encore d’une myriade de talentueux réalisateurs. Et puis on dira ce qu’on voudra, si David Benioff et D.B. Weiss ont essuyé leur lot d’échecs, ils ont quand même accompli un travail extraordinaire sur une série d’une telle envergure. Alors merci à eux, merci à HBO, merci à George R. R. Martin, merci à toute l’équipe qui a aidé à bâtir la série, et merci à son casting. Le petit écran ne sera plus jamais le même sans Game of Thrones et la série va terriblement me manquer.
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Game of Thrones S08E06 « The Iron Throne»
Série diffusée en France sur OCS
Développée par D. B. Weiss et David Benioff
Épisode réalisé par D. B. Weiss et David Benioff
Écrit par D.B. Weiss et David Benioff
Avec Emilia Clarke, Peter Dinklage, Kit Harington, Isaac Hempstead-Wright, Maisie Williams, Gwendoline Christie…
Les scénaristes ont pris un raccourci à mi-parcours parce qu’ils n’avaient plus les livres pour s’appuyer dessus. Tant qu’il y avait les livres ils étaient « bons ». Plus de livres et ils sont redevenus des scénaristes de base d’Hollywood qui ne savent pas écrire un scénario qui tient la route. Depuis la saison 6 le nombre d’incohérences est hallucinant, le comportement de plusieurs personnages incohérent, sans parler des incohérences scénaristiques (elles sortent d’où les chaînes dans la saison 7 qui permettent aux morts de sortir le dragon du lac ? ils ont une forge avec eux ?) et j’en passe et des meilleurs.
Tout à fait d’accord avec cette synthèse de la série, la série n’est pas incohérente, elle perd simplement de sa force quand elle accélère, que les enjeux ont moins le temps de se poser, les personnages moins le temps de mûrir et nos opinions de se forger.
ça n’en fait certainement pas une série incohérente. L’histoire des chaînes pour le dragon est notamment un non-problème, ça s’appelle une ellipse, et si les marcheurs sont majoritairement des zomblards il est clairement établit qu’une intelligence est à l’oeuvre au moins chez les généraux.
Cette fin est assez logique. C’est surtout une fin ouverte, qui laisse le loisir à HBO ou aux réalisateurs pour une éventuelle suite. Pas dans un futur proche, visiblement, mais on ne sait jamais…