GG, JJ ! (Critique de Star Trek Into Darkness, de J.J. Abrams)

GG, JJ ! (Critique de Star Trek Into Darkness, de J.J. Abrams)

Note de l'auteur

Journal de bord du Colonel Sheppard. Cœfficient espace-temps -309550.887969305.
Je vais vous faire une confidence, je déteste aller au cinéma tout seul. Déjà parce que se taper un quart d’heure de pubs sans pouvoir porter son attention ailleurs me gonfle royalement, mais surtout parce que le débat à chaud qui suit le visionnage dudit film permet de prolonger encore la séance. Que ce soit pour le défoncer comme un bourrin lorsqu’il s’agit d’un mauvais film, ou pour partager l’excitation presque enfantine du spectacle auquel on vient d’assister, l’après-film est pour moi un moment primordial de la séance. Mais il arrive parfois que l’attente soit telle que je me trouve dans l’impossibilité d’attendre qui que ce soit. Il est là, devant moi, je n’ai qu’à entrer dans la salle et comme le disait ce bon vieil Oscar, je résiste à tout sauf à la tentation. C’est donc seul, tout seul (Michael, tu peux envoyer les violons) que je suis allé voir Star Trek Into Darkness. Et cette après-séance, je vais donc la partager avec toi, ô fidèle lecteur du Daily Mars. J’aime autant te prévenir, je suis sorti de là comme un gosse à qui on venait de faire un très beau cadeau.

Orson Welles disait que l’une des scènes les plus importantes d’un film était son ouverture. Pour le cinéaste, il faut tout donner dans une ouverture car il s’agit d’attraper l’attention du spectateur le plus rapidement possible de façon à profiter au maximum des quelques minutes qu’il veut bien vous consacrer. Loin de vouloir comparer J.J. à Welles, il n’empêche que la scène d’ouverture de Star Trek Into Darkness est magistrale. Menée tambour battant dès les premières secondes, cette fin de mission permet non seulement de plonger le spectateur directement au cœur de l’action, mais aussi de lui donner un bref rappel des personnages et de leurs relations. Cela aurait pu paraître somme toute classique si Abrams n’en profitait pas aussi pour poser l’un des thèmes centraux des nouvelles aventures de Kirk & Co : la responsabilité, et plus précisément, celle d’un capitaine face à son équipage. Dès lors, on comprend que la Dream Team d’Abrams (Orci, Kurtzman et Lindelof) a décidé de nous raconter une histoire nettement plus complexe que celle du premier opus, mais aussi de pousser un peu plus loin l’étude de caractère du mythe Star Trek en revenant sur les heures les plus sombres de son histoire.

Si le premier film peut paraître comme un hommage magnifique aux acteurs de la série originelle, Star Trek Into Darkness pose les règles du nouvel univers tout en revisitant de manière très judicieuse certains aspects de la franchise. Je reste volontairement vague, car le film regorge de surprises étonnantes pour qui connaît relativement bien l’univers trekkien. À ce sujet, j’en profite pour saluer Arte qui a eu la bonne idée de nous proposer un cycle Star Trek avant la sortie de ce nouveau long-métrage. Ça peut paraître con, mais vous n’avez pas idée combien cette remise à niveau peut aider à saisir les nombreuses références du film d’Abrams (pour ceux qui ne l’ont encore vu, ça va de soi). Bien sûr, comme à son habitude, le réalisateur ne perd jamais de vue le novice et en aucun cas cette relecture ne vient perturber le déroulement de l’histoire. On va dire que c’est un petit plus et que, du coup, certaines scènes n’en sont que plus touchantes. Mais bien plus encore, sachant cela, elle pousse ledit novice à se pencher sur les œuvres précédentes, ce qu’aucun film, ou série n’avait fait auparavant, du moins jamais à ce point-là. Encore une fois, il s’agit de responsabilité, celle d’un réalisateur face au public et face à une franchise telle que Star Trek.

Qui dit sens de la responsabilité dit forcément maturité et il faudrait être aveugle, ou de mauvaise foi, pour ne pas voir le bond en avant qu’a fait Abrams en tant que réalisateur. Il tente des plans qu’il n’avait jamais tentés auparavant, s’octroyant même le plaisir de monter plusieurs passages presque entièrement musicaux, chose extrêmement rare dans un film de cet acabit. Loin de moi l’idée de dire que Star Trek Into Darkness est un film d’auteur, mais il n’empêche que la réalisation d’Abrams a acquis une certaine élégance. Certains plans sont tout bonnement magnifiques et plusieurs scènes m’ont littéralement laissé bouche bée. Une, en  particulier, m’a presque ému aux larmes. Étaient-ce les circonstances de l’histoire ou serait-ce que J.J. Abrams devient aussi un sacré bon réalisateur ? Les deux, mon Capitaine.

Bien sûr, le film aura ses détracteurs mais rien de ce qu’ils pourraient dire ne pourra effacer le sourire benêt que j’avais en sortant de la salle. Star Trek Into Darkness est plus qu’un rêve de gosse, c’est un cadeau. Un énorme présent fait par un homme qui a su revitaliser un univers laissé presque pour mort d’une manière aussi incroyable qu’inattendue, et qui, si tout va bien, s’apprête à nous émerveiller encore avec un autre univers tout aussi fascinant. On va en prendre plein les mirettes les enfants et ça, c’est une bonne nouvelle ! Sheppard Out.

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