
Ghost of a Tale : Tilo et le nouveau monde
Les jeux indépendants sont formidables. Là où les plus gros éditeurs ont plus d’inspirations à mettre dans les season pass ou autre loot boxes que dans leurs jeux, des petites équipes cravachent plusieurs années durant pour proposer des titres passionnés et enivrants. Il arrive même parfois que le jeu soit l’œuvre d’un seul homme, ou presque. C’est le cas de Lionel Gallat, alias Seith et de son bébé, Ghost of a Tale.
Ghost of a Tale, c’est l’histoire de Tilo, petite souris troubadour de son état et emprisonné dans une forteresse gardée par des rats. Il parvient malgré tout à s’échapper mais doit sauver sa chère femme et devra explorer le monde qui l’entoure pour la retrouver. La première chose qui frappe immédiatement, c’est la qualité graphique de l’ensemble. Seith, animateur de son état chez Dreamworks puis Illumination, possède les armes nécessaires et cette sensibilité pour rendre ce petit monde d’héroïc fantasy somptueux. Les jeux de lumière, la direction artistique forcent le respect sur le boulot abattu, transcendé par les animations de tous les personnages, à commencer par Tilo. Il faudrait être un rat sans-cœur pour ne pas succomber aux charmes de cette petite souris tout droit sortie d’un dessin animé et blindée de petites mimiques qui la rendent immédiatement attachantes. Les autres personnages, que ce soit d’autres souris prisonnières ou une grenouille coincée dans un pilori, possèdent le même soin du détail.
Les rats étant de dangereux prédateurs pour n’importe quelle souris, Tilo devra rivaliser d’ingéniosité pour traverser la forteresse sans se faire prendre. Outre les surprenants alliés qui viendront l’épauler, tout le jeu se traduit par un système d’infiltration assumé, à coups d’objets à lancer pour assommer les gardes ou de déguisements à dénicher, tel un agent 47 en herbe. Tilo ne peut pas vraiment se battre, il préfère fuir dans les cachettes pour éviter les situations compliquées. Même si les idées sont là, il faut reconnaître que le gameplay manque de précision. On rate souvent son coup lorsque l’on veut briser un pot glissant pendant la ronde d’un garde, et le jeu devient même approximatif quand il faut s’approcher des gardes pour leur piquer quelques objets.
Ghost of a Tale fait également le choix d’orienter sa structure sur celle d’un Metroidvania, articulant une bonne partie de la progression (ça reste linéaire) autour d’endroits bloqués, faute d’avoir l’objet adéquat. Il faudra multiplier les quêtes annexes, les déguisements et la réussite de missions pour explorer tout le jeu de fond en comble, n’hésitant pas à glisser quelques secrets comme ces symboles représentant des anneaux à tourner pour trouver des cachettes. Mais si l’intention est louable et généralement réussie, c’est dans l’exécution de certaines tâches que tout se complique, laissant au joueur le soin de se dépatouiller avec des ordres de missions souvent flous. Accéder à certains endroits pour parvenir à boucler une quête demandera de déverrouiller parfois des portes, sans que l’on sache où et comment récupérer ce fameux sésame. Certes, quelques notes donnent des indices, mais j’ai notamment galéré pour trouver la clé de l’armurerie sur LE garde planqué dans un endroit inédit que l’on découvre au petit bonheur la chance. En ajoutant les approximations d’infiltration citées plus haut, le jeu devient parfois laborieux, cassant la magie qu’il avait pourtant réussi à installer.
Difficile de jeter la pierre sur un projet comme Ghost of a Tale tant il déborde de passion et d’amour du jeu vidéo, grâce à un écrin somptueux et un univers sublime. Il est également difficile de ne pas voir les multiples défauts du titre, partant sur d’excellentes bases, mais qui traînent sur le jeu comme un boulet, l’empêchant d’être à la hauteur de ses ambitions. Les multiples allers-retours laborieux, les objectifs loin d’être toujours très clairs et le gameplay pas toujours suffisamment précis, surtout pour le genre de l’infiltration, ne font pas de Ghost of a Tale un titre raté, loin de là. Il parvient sans mal à tenir le joueur en haleine durant sa grosse quinzaine d’heures, mais cela suffit pour faire rager le joueur habitué du genre infiltration. Dommage.
Ghost of a Tale
Développeur : SeithCG
Prix : 23 euros
Disponible sur PC, bientôt sur XBOX ONE