
Girls : Critique du 4×01
C’est devenu un classique de début d’année: les filles de Brooklyn sont de retour sur HBO, et avec elles, leur quotidien fait de doutes, d’engueulades et de rires. Mais comment la série supporte-t-elle le poids du temps ? Elements de réponse autour de Iowa, le season premiere.
La force d’une série réussie, c’est de vous replonger quasi-instantanément dans un univers, une ambiance dès que l’on est devant un épisode. Les années ont beau passer, que l’on se pose devant une rediffusion ou un inédit, il y a une sorte de saveur, de parfum que l’on vient retrouver et qu’il n’y a pas ailleurs. Posez-vous devant Friends, par exemple : le succès de l’expérience est garanti.
La qualité numéro 1 de Girls, c’est justement de jouer à fond là-dessus. Le show produit par Lena Dunham, Jenni Konner et Judd Apatow est aujourd’hui sûr de ses forces. Dans Iowa, il suffit presque de retrouver la bande des quatre new-yorkaises pour se satisfaire de l’épisode.
Hannah s’apprête à quitter ses amis pour rejoindre un prestigieux atelier d’écriture au milieu du pays et cela donne lieu à toute une séries de scènes dans lesquelles tous les personnages se révèlent agaçants (Hannah et Jessa dans les toilettes du restaurant), touchants (Jessa et Beedie qui se séparent ; Marnie et Hannah autour d’une valise)… ou drôles, évidemment (Marnie et Desi dans leur jazz brunch ; Shoshanna et ses parents).
Les limites d’une série, même réussie, c’est quand le téléspectateur a l’impression que tout repart pour un tour, sans que rien ne bouge vraiment. Girls n’a qu’une quarantaine d’épisodes au compteur mais on peut parfois avoir l’impression que le show se « contente » d’explorer quelques variations autour d’un propos qui n’évolue pas.
Il y a clairement du Woody Allen dans Girls. Le téléspectateur a finalement l’impression d’assister encore et toujours à la même histoire et c’est justement ce que l’on vient voir. C’est un peu la même chose avec les séries d’Aaron Sorkin, au sein desquelles l’audience vient retrouver une petite musique singulière.
Pour autant, Girls ne joue pas petit bras. Au contraire. Parce que les variations évoquées plus haut, si elles sont esquissées de façon assez fines, n’en sont pas moins réelles. Et elles sont fortes.
Il y a deux ans, Marnie ne serait sans doute jamais montée sur scène pour se prendre un four devant un public familial. Elle n’aurait pas non plus supporté de prendre une brouette de remarques acides. Là, elle encaisse le coup. Douloureusement mais elle l’encaisse.
Il y a trois ans, Hannah, coincée entre ses doutes, n’aurait jamais remercié ses parents comme elle le fait au début de l’épisode. Et Adam n’assumerait pas l’attachement profond qui le lie à l’héroïne de la série.
C’est bien là que se situe le point de rupture entre Girls et une série comme The Newsroom. Le public voit assez nettement l’évolution des personnages, le chemin qu’ils ont accompli alors qu’il leur reste beaucoup de chemin à parcourir. Il suffit de repenser à la relation Marnie/Desi pour s’en persuader.
La série démontre au passage que grandir, avancer, c’est passer d’un équilibre à l’autre. Alors qu’en saison 3, Adam avait besoin de s’affirmer en tant qu’individu dans son couple, il est quelque peu fragilisé par le départ de Hannah, qui vient renverser la situation présentée l’an dernier. Il n’y a donc pas d’effet d’usure.