Go on, sitcom toujours en traitement (bilan de la saison 1)

Go on, sitcom toujours en traitement (bilan de la saison 1)

Note de l'auteur

« On air » ou plus « On air » en 2013, Ryan King ? Telle est la question. Photo Justin Lubin/NBC

La série de Scott Silveri avec Matthew Perry vient de boucler sa première saison. Mérite-t-elle d’en avoir une seconde ? Oui, quand on voit le potentiel du projet, exploré avec parcimonie à plusieurs reprises cette année. Non, quand on constate que le show a beaucoup plus zigzagué qu’avancé.

Go On, on en a parlé à plusieurs reprises de ce côté-ci de la toile. Pour dire que le pilote avait plutôt de la gueule. Pour dire aussi que la première partie de saison tâtonnait pas mal, entre jolis moments d’émotion et absence d’équilibre au sein de la distribution. Au bout de 22 épisodes, il faut se rendre à l’évidence : on est passé d’une phase de questions à l’autre pour finir… avec toujours des questions.

Go On, c’est une sitcom à problèmes. Encore. Toujours. Ce n’est pas une comédie ennuyeuse: il se passe pas mal de choses tout au long de la saison et avec le temps, un certain nombre de personnages prennent du relief. Mais si les dix derniers épisodes laissent à penser que les producteurs de la série essaient de rectifier le tir, force est d’admettre qu’ils leur restent encore pas mal de boulot pour que le projet fonctionne. Et qu’une vraie dynamique porte enfin l’ensemble.

En résumé : il n’y a pas eu d’effet 30 Rock dans cette saison 1. Ce truc qui fait que les personnages cessent d’être des « outils à gag » pour devenir vraiment complémentaires. Et qui transforme une idée sympa en projet auquel on est très attaché.

Anne et Mister K. (avec Jude Law) : le duo qui va le plus manquer si tout devait s’arrêter. Photo Justin Lubin/NBC

Les faits sont là : si les personnages d’Anne (Julie White) et de Mister K. (Brett Gelman, plus souvent bon que moyen au bout du compte) ont confirmé qu’ils apportaient quelque chose à la narration du show (1), d’autres sont toujours en retrait.

Certains, comme Yolanda (Suzy Nakamura), Lauren (Sarah Benanti) et Sonia (Sarah Baker), ont leurs bons moments. D’autres, comme Fausta (Tonita Castro), Danny (Seth Morris), Owen (Tyler Williams) et George (Bill Cobbs) sont trop souvent discrets. Ou pas drôles. Ou inexistants.

La faute à de grosses carences d’écriture. Comme l’explique Dylanesque sur son blog, à la base, plusieurs protagonistes sont trop peu développés pour gagner en complexité et en intérêt. Pour Anne et Mister K, on l’a dit: les choses ont évolué dans le bon sens. Mais c’est loin d’être le cas de tout le monde. Certains guests comme Piper Perabo ou Lauren Graham ont apporté plus de choses qu’Owen ou George pendant la saison : un comble.

Plus généralement, certaines options sont mal développées. C’est le cas de la relation entre Danny et Sonia, par exemple : l’idée est intéressante mais on a l’impression que les scénaristes ne savent pas quoi en faire. En même temps, si la question se résume à « Qu’est-ce qu’on fait de la dingue des chats et du gentil gars qui se fait marcher dessus ? », ce n’est pas forcément évident d’y répondre. Du coup, Silveri et sa bande n’y répondent pas. Même pas un peu. Au grand désespoir du téléspectateur.

Document : une scène vraiment drôle (plus une robe de mariée) avec le personnage d’Owen. Photo Universal

En fait, Go On zigzague. Tout le temps. Entre les moments où une vraie énergie de groupe embarque l’histoire (1.14 Comeback player of the year, et le final) et ceux où  on a d’un côté Matthew Perry qui « chandlerise » à mort et de l’autre, le reste de la bande qui surnage dans des intrigues plus ou moins efficaces (voire foireuses : coucou, Fausta).

Or, Usain Bolt vous le dirait mieux que moi : quand on zigzague, on perd beaucoup de temps.

La preuve ultime, elle est donnée par Urn-ed Run, l’épisode final. L’histoire est drôle, émouvante (avec un flashback qui fonctionne !), rythmée et utilise les forces vives de la distribution. De façon surprenante, c’est avec elle qu’on se rend compte que les producteurs de Go On ont dès le départ un très bon concept mais qu’ils n’ont jamais su comment l’exploiter vraiment. Sauf quelque fois. Et surtout ce coup-là.

Si le parcours de deuil de Ryan King (le personnage de Perry) avait été structuré autour d’étapes plus fortes, et si un chemin avait été esquissé plus clairement pour ses « co-dingos » (ses partenaires de thérapie), la machine aurait pu tourner à plein régime beaucoup plus souvent.

Une scène émouvante (plus une robe de mariée), tirée de « Urn-ed Run », le final. Si toute la saison avait été comme cet épisode, Go On serait nominé aux Emmys. Mais non. Photo Justin Lubin/NBC

Au lieu de ça, Silveri et ses partenaires sont restés dans la logique du « What if » ? Un procédé qui a offert (et offre toujours) de super épisodes de sitcom (Et si Ryan fêtait son anniversaire de mariage avec le groupe ?) mais ne suffit pas à faire une grande série. Pour le coup, cette évidence devient un véritable iceberg pour le bâteau Go On, qui compte douze passagers récurrents à son bord. Ce qui est énorme.

Si on veut que ça marche, il faut enchâsser le tout dans un plan plus solide. Sinon, on se retrouve avec une armoire ikea de fou mais pas de notice et encore moins de vis pour la monter. Mine de rien, c’est fâcheux.

Les producteurs de la série trouveront-ils la formule magique en saison 2 ? Pas dit qu’ils en aient l’opportunité : il n’y avait que 2,65 millions de téléspectateurs devant leur écran lors de la diffusion de Urn-ed Run. Loin, tellement loin des 16 millions de téléspectateurs qui ont vu le pilote.

(1) le duo Perry/White marche, à ce titre, vraiment bien.
 
Allez : on donnera à la saison une note de 3 mars sur 5. A cause du final, qui donne de l’espoir. Damn you, Matthew P. !

Le week-end dernier, Le Daily Mars participait à une discussion sur Go On (et sur d’autres séries) en compagnie d’autres sériephiles. Le tout a donné un podcast à écouter sur ce site dans quelques jours. Stay tunned !

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