
Going Under : start-up passion
L’année 2020 aura été une période faste pour les rogue-like en tout genre, et Going Under arrive avec sa proposition bien à lui : vous faire vivre l’enfer (littéralement) des start-ups dans la peau d’une stagiaire en marketing, qui doit faire le ménage dans les souterrains de sa boîte.

Evidemment, le développeur Aggro Crab en a profité pour placer quelques petites piques envers les grands groupes numériques, que ce soit Facebook, Tinder ou WhatsApp. Des références plutôt compréhensibles, qui dénigrent l’aspect capitaliste de ces boîtes et certaines méthodes un peu douteuses mais la critique restera plutôt en surface, avec un trait humoristique léger. Tout le sel du jeu sera bien évidemment de naviguer dans cet univers contemporain pour aller occire de la bestiole dans des donjons aléatoires. Oui, la vie de stagiaire ça a bien changé.

L’une des grosses différences avec les ténors du genre, c’est le gameplay tout en 3D. Quand la plupart des rogue-like optent pour un rendu 2D pour faciliter la compréhension du jeu, Going Under propose des environnements en 3D, avec une caméra régulièrement derrière l’héroïne. Des combats qui lorgnent vers le beat’em all donc, avec la possibilité de ramasser pratiquement tout ce qui compose le décor, comme les claviers d’ordinateur, les lances accrochées au mur ou bien évidemment des balles de ping-pong. Autant d’armes aux possibilités variées, sans compter une quantité d’objets à jeter dans la face des monstres. Chaque arme possède un coup chargé, avec quelques effets utiles suivant la qualité de votre ustensile, via une petite icône affichée près de l’arme en question. Le principe est donc le même que beaucoup de rogue-like : vous descendez dans un niveau avec des salles reliées les unes aux autres, vous nettoyez la salle en question avant de passer à la suivante sans connaître à l’avance les monstres que vous allez affronter puis vous cherchez la sortie pour arriver à l’étage d’en dessous. Au bout de quelques niveaux, vous arriverez au boss du donjon qu’il vous faudra battre afin de conclure le niveau. Bref, on est en terrain (trop) connu.

Rien de bien sorcier, une progression ultra classique et, il faut le dire, rien qui ne réinvente la roue. La progression dans les donjons fonctionne bien, avec des combats efficaces vu le nombre d’objets utilisables et une physique qui occasionne quelques situations cocasses, bien que pour un rogue-like, la présence d’un paramètre qu’on ne contrôle pas peut être frustrant. Mais Going Under traîne quelques vilains défauts de game design, à commencer par un verrouillage vite indispensable pour les armes à distance mais qui perd facilement sa cible surtout avec des salles aussi étriquées et parfois remplies d’obstacles en tout genre. Il faudra aussi ajouter un shake caméra à chaque impact, une feature dont on aurait pu se passer.

Mais c’est surtout dans la répétitivité des étages que le bât blesse sérieusement. Là où n’importe quel rogue viendra diversifier ses niveaux par la présence ou non de petites surprises régulières, Going Under ne fait finalement que changer l’agencement des pièces et la nature des objets ramassés. Chaque niveau comptera obligatoirement une salle avec deux bonus et un magasin, parfois une espèce de garage qui vous proposera trois compétences à récupérer contre un malus effectif un certain temps. Un vrai manque de renouvellement qui limite franchement les prises de risques ou des builds précis, surtout quand les armes cassent très vite. A noter d’ailleurs des descriptions d’objets et de compétences assez floues, sûrement dans le but d’être humoristique et mystérieux, mais lorsque l’on meurt à l’avant-dernier étage parce que la description du malus était incompréhensible, l’humour laisse vite place à l’agacement.

En tant que rogue-lite, Going Under offre également une légère progression pour le joueur qui n’aura pas assimilé toutes les techniques de combats, tout d’abord grâce à une santé maximale qui s’augmente à chaque donjon réussi. On trouve également à l’accueil une sélection de compétences à acheter contre des ressources sonnantes et trébuchantes pour les rajouter dans votre collection et peut-être les faire apparaître dans les donjons. Chaque retour dans le grand open space qui fait office de hub sera aussi l’occasion de discuter avec vos collègues qui vous fourniront des missions secondaires (faire exploser un certain nombre d’ennemis, trouver une machine à café) en échange de bonus comme récupérer un objet gratuitement dans le magasin ou augmenter le nombre d’applications (des pouvoirs spéciaux limités en nombre) que l’on peut installer pendant vos runs. Il y aura aussi la possibilité d’améliorer certaines compétences après les avoir utilisesé un certain nombre de fois. Des petits bonus salvateurs, mais uniquement disponibles un par un ; on reste dans un rogue-lite avec un minimum de difficulté.

Une difficulté bien moindre que les références du genre, puisqu’une fois les patterns des ennemis et des boss digérés, on traversera aisément les différents biomes qui sont au nombre de trois seulement. Un faible nombre, que l’on termine un par un sans l’obligation de les enchaîner. Autant dire que voir la fin du jeu ne vous demandera pas plus de quelques heures, même si la possibilité d’un New Game + vous permet de recommencer des donjons un peu plus corsés. Un contenu très chiche, mais habillé par un très joli style graphique, surtout pour le design des personnages cartoons attachants et plutôt originaux.
Difficile de s’extirper de l’arène des rogues-like quand on sort dans une année aussi riche dans le genre, et notamment quelques semaines après un Hades qui fait mieux que Going Under dans à peu près tous les domaines. La concurrence est rude, et Going Under apparaît comme un rogue sympathique mais ultra classique et surtout qui ne tient pas la comparaison pour ce qui est de la construction des niveaux et de son contenu par rapport aux autres jeux du genre, en ne citant que ceux sortis en 2020. Il possède un certain charme pour sa patte graphique atypique, et n’est pas désagréable à jouer, mais aurait demandé un peu plus de travail pour tenir la comparaison.
Going Under
Développeur : Aggro Crab
Éditeur : Team 17
Prix : 20 euros
Plate-formes : PC / PS4 / XBOX ONE / SWITCH