
Grand méchant rien (critique de Big Bad Wolves de Aharon Keshales et Navot Papushado)
Je hais le cinéma. Il n’y a pas de touche avance rapide et c’est nul. Je sais que nombreux sont ceux qui s’offusqueront de cette remarque, mais lorsque l’on tombe sur un film aussi pitoyablement chiant de Big Bad Wolves, on serait prêt à échanger son chasseur X première édition Mécano 1977, contre une putain de touche avance rapide.
Car non content de nous proposer un pseudo rip-off mou du fantastique Prisoners de Denis Villeneuve, Aharon Keshales et Navot Papushado (et oui, ils se sont mis à deux pour nous pondre ce super navet) donnent en plus dans la version bas du front, ni maligne, ni originale et qui se complait dans un semblant d’humour noir à la con tout ça parce qu’aucun des deux réalisateurs n’a vraiment les couilles d’aborder de front le sujet. Il s’agit ici de détendre une atmosphère un peu lourde (pédophilie, meurtre, tout ça) par une bonne petite situation cocasse (aussi lourde, mais pas dans le même sens) qui fera qu’en 15 minutes, on n’en aura strictement plus rien à secouer de l’intrigue.
Et limite, c’est tant mieux. Car de ce côté-là nos deux lascars (aussi scénaristes, on est gâté décidemment) jouent les prolongations et diluent le peu qui leur sert de récit dans des scènes de dialogues interminablement creuses quand elles ne sont pas redondantes, des ralentis de merde et des personnages à l’inutilité flagrante, respectant ainsi la grande théorie lostienne (de la série Lost) qui veut que : « lorsque ton scénario tourne à vide, introduis un nouveau personnage afin de gagner du temps ». Du coup, on est face à une autoroute cinématographique à l’horizon aussi dégagé que le crâne de Yul Brynner, un truc à deux de tension dont on devine le dénouement passé la première bobine et qui prend bien son temps pour y arriver.
A bien des égards, Big Bad Wolves me rappelle les pires heures du cinéma « d’épouvante » espagnol. Un truc qui se veut malin et différent, mais qui est au final un bon gros néant. Et puis là non plus, il n’y avait de touche avance rapide. Putain, je hais le cinéma.
Et le pire, c’est qu’une fois la fin du film atteinte, on se rend compte que ce n’est pas la touche avance rapide qu’il fallait, mais la touche stop.
Jamais on ne comprend où le film a voulu aller. On comprend juste qu’on a perdu 2h.