
Groot-ez moi ça, c’est de la bonne (Critique de Les Gardiens de la Galaxie de James Gunn)
Après le très bon Captain America, Le Soldat de L’Hiver, Marvel signe cette année un retour triomphal avec LE film le plus cool et fun de l’année et de tous les films de super-héros sortis jusqu’ici. Oubliez les piteux Thor 2 et Iron Man 3, place à l’équipe des Gardiens de la Galaxie, des héros moins connus du grand public (à part si vous avez lu les conseils avisés de notre rédacteur comics préféré, ici) mais éminemment charismatiques.
Peter Quill est un aventurier traqué par tous les chasseurs de primes pour avoir volé un mystérieux globe convoité par le puissant Ronan, dont les agissements menacent l’univers tout entier. Lorsqu’il découvre
le véritable pouvoir de ce globe et la menace qui pèse sur la galaxie, il conclut une alliance fragile avec quatre aliens disparates : Rocket, un raton laveur fin tireur, Groot, un humanoïde semblable à un arbre, l’énigmatique et mortelle Gamora, et Drax le Destructeur, qui ne rêve que de vengeance. En les ralliant à sa cause,
il les convainc de livrer un ultime combat aussi désespéré soit-il pour sauver ce qui peut encore l’être…
Cela fait un paquet de temps maintenant que nous bouffons du super-héros estampillé Marvel plutôt connu, entre gastronomie (Iron Man de John Favreau, Spiderman de Sam Raimi), fast-food (Hulk de Louis LeTerrier) et indigestion (Wolverine de …, oublions-le). Le grand public, majoritairement ignorant des aventures des grands héros de comics, est malgré tout marqué par l’empreinte laissée par des Batman, Superman, Spiderman ou Hulk dans la culture populaire. Le choix de Marvel Studios de s’attaquer aux très méconnus Gardiens de La Galaxie, évoluant dans un univers de science fiction entraperçu qu’au travers du Avengers de Joss Whedon, relevait d’une logique « de phase 2 », certes, mais est suffisamment audacieux pour que l’on applaudisse des deux mains au vu du très bon résultat sur l’écran.
Rendons à César ce qui appartient à César, Kevin Feige, le grand boss de Marvel Studio a été inspiré en allant chercher James Gunn, réalisateur et scénariste à la filmographie peu connue. Recruter un ancien de la Troma, célèbre pourvoyeuse de séries Z fauchées (The Toxic Avengers, Tromeo et Juliette…) qui a signé les scénario de Scooby-Doo 1 et 2, il faut en avoir une paire grosse comme des pastèques, non ? A raison, le cinéphile me contredira en me citant Horribilis et Super, deux sympathiques films du réalisateur des Gardiens De La Galaxie, mais méconnus du plus grand nombre et très éloignés des films à grands budgets estampillés par La Boîte à Idées.
Grand fan de comics, drôle et insolent (ce qui lui a valu quelques remontrances, voir ici), James Gunn a chargé son film de sa personnalité et vise dans le mille pour notre plus grand bonheur tout en restant dans le calibre du souvent pénible PG-13, cher aux blockbusters. Nice shot, James. Un carton plein qui n’est pas dû au hasard tant Gunn semble avoir utilisé les bonnes munitions à chaque étape de son film : du script, dont il est l’auteur, à la distribution très judicieuse (VO très fortement recommandée) jusqu’à la mise en scène et, évidemment les effets spéciaux.
Un script intelligent
Le film s’amorce sur une scène Amblinienne où notre héros Peter Quill, adolescent terrien dans les années 80,walkman à cassettes rivé sur les oreilles, voit sa mère mourir des suites d’un cancer, entourée par sa famille epleurée (mystère, mais où est donc son père…). Fuyant l’hôpital, il se fait enlever par un vaisseau extra-terrestre. Fin sèche du mélo et ellipse temporelle. Quelques années plus tard, Peter Quill est un Indiana Jones de l’espace. Dans les ruines d’une planète anciennement civilisée, il déniche un artefact précieux. Au moment de partir avec le précieux trésor, ce ne sera pas Belloq (vous avez la référence, hein) mais Korath, le chef des Sakarrans et deux acolytes qui se mettront sur sa route en le tenant en joue. La tension monte d’un cran lorsque ce dernier demande le nom du voleur. Avec fierté et assurance, Peter Quill répond « Star-Lord », montée musicale… »Star- qui ? »s’interroge Korath. Fin sèche de la tension nerveuse et rires à suivre.Tout au long du métrage, James Gunn s’amusera à nous désarçonner, évitant les écueils de situations maintes fois vues et attendues par la spectateur, malgré une trame générale assez classique (gentil versus méchant dans l’espace), du grand art.
Des personnages attachants
La constitution de l’équipe des Gardiens ainsi que la présentation de leurs backgrounds individuels, souvent douloureux, seront tout aussi bien menées par le scénario, et grâce à un casting astucieux. Le gentil crétin nounours de Parks and Recreation (d’accord, il l’était moins dans Zero Dark Thirty), Chris Pratt, se plie avec délectation au jeu de l’anti-héros Indiana Jonesque (et dire que James Gunn l’avait rejeté dans un premier temps), Zoe Seldana campe à merveille la dangereuse Gamora (le vert lui sied autant que le bleu de Neytiri), et Dave Bautista se révèle brutal mais aussi drôle et touchant dans le rôle de Drax le destructeur. Et Rocket Raccoon ? Et Groot ? Au delà de la performance magnifique des effets spéciaux de maquillages de l’équipe de David White (chapeau les artistes) et des effets visuels de l’équipe de Stéphane Ceretti (un français, et ouais), les voix de Bradley Cooper (aux petits oignons) et Vin Diesel (variation autour de « I’m Groot ») sont parfaites pour camper ses héros numériques dont le rôle ne se limite pas, loin de là, à un bestiaire pour amuser les enfants. Avec aux seconds rôles, Lee Pace, Glenn Close, Benicio Del Toro ou Michael Rooker, le casting se révèle un modèle du genre.
Une mise en scène efficace mais ce n’est pas tout
Toutes les aventures menées tambour battant à travers l’univers par nos héros seront auréolées par une direction artistique léchée, des costumes superbes, une mise en scène maitrisée et des scènes d’actions très lisibles. Tout ça sur un fond musical seventies qui fait des étincelles…
Ai-je besoin d’en rajouter ? Non, Courez-y.
Les Gardiens de la Galaxie est le film de super-héros le plus cool, fun et insolent sorti jusqu’ici. Vivement la suite.
Le Docteur No n’est pas vraiment d’accord. Vous pouvez le lire ici
Les Gardiens de La Galaxie (Guardians of the Galaxy) de James Gunn avec Chris Pratt, Zoe Saldana, Lee Pace, Benicio Del Toro, Dave Bautista, Bradley Cooper, Karen Gillan, John C. Reilly, Michael Rooker, Djimon Hounsou et Glenn Close. Sortie le 13 aout 2014
Quelques scènes cools mais ça reste du formaté Marvel, humour calibré pour les débiles et histoire classique.
« James Gunn s’amusera à nous désarçonner, évitant les écueils de situations maintes fois vues et attendues par la spectateur »
Ce n’est pas parce qu’on fait remarquer par un personnage qu’une scène est ridicule, cliché ou bancale, que ça la rend moins ridicule/cliché/bancale.
Marvel a toujours été un peu adepte de cette technique mais là ça n’arrête pas de tout le film.
Si le formaté made in Marvel te gave, pourquoi t’acharner à aller voir leurs productions ?
Le film est rythmé, émouvant, drôle et complètement dépaysant. En tant que « débile » j’en demandais pas plus
En tant que « débile » assumé, j’ai adoré ce film.
j’en attendais beaucoup et je n’ai pas été déçu jusqu’à la scène post-générique qui m’a rappelée des souvenirs.
Sinon, le film en lui même, c’était exactement comme je l’attendais, de la bonne grosse SF détendue du string et qui s’assume pleinement.
J’y ais pris un pied d’enfer et c’est, à mon sens, le meilleur film Marvel jusqu’à présent.
@Yohann: Tout à fait d’accord.Une comédie efficace, un film d’action efficace, une film de SF qui se tient. Ca change des Marveleries habiruelle, je n’ai pas boudé mon plaisir (2-3 blague tombent un peu à coté, mais sur la durée du film, je chipote). En plus le casting est bon. Et putain la BO, quelle idée géniale!
@Intheblix:
« Rendons à César ce qui appartient à César, Kevin Feige, le grand boss de Marvel Studio a été inspiré en allant chercher James Gunn, réalisateur et scénariste à la filmographie peu connue. Recruter un ancien de la Troma… »
Apparament James Gunn est un proche de Kevin Feige, ceci explique peut-être cela.
Tu t’es trompé de page, la « critique » pour les rageux aigris incapables d’aimer un bon film cool, c’est celle de Dr No. ^^
Précision : c’est l’humour que je considère comme calibré pour les débiles (Drax qui ne comprend pas les métaphores, pitié quoi!).
Sinon oui je suis d’accord avec vous, c’est un bon Marvel, mais ça reste pleinement un Marvel malgré la com’ qui le vendait comme « un pari risqué » par un réalisateur « avec une vision décalée ».
Je ne sais pas si c’était juste du cynisme ou s’ils ont vraiment l’impression d’avoir fait quelque chose de différent.
Tu n’a du comprendre que les vanne a « l’humour que tu considère comme calibré pour les débiles »
parceque quand y’a des références a Pollok même si ça viens servir un humour de blockbuster je trouve pas ça débile.
« Drax qui ne comprend pas les métaphores, pitié quoi! »
En cela il se pose comme un mix bien fait entre la version du personnage depuis Annihilation et celle de Jim Starlin dans les années 90 où Drax était un benêt total dont le seul plaisir dans la vie était de regarder Alf à la télé.
J’ai l’impression que si Les Aventuriers de l’Arche Perdue sortait aujourd’hui, certains supposeraient que que le film ne se prend pas au sérieux en raison des scènes où Indiana Jones panique à cause du serpent dans l’avion en ponctuation de l’ouverture héroïque, ou lorsqu’il fait le douillet et s’endort devant Marion, ou qu’il descend le big bad avec ses sabres, ou qu’il met une chemise trop petite (sans parler des clichés qu’on attribuerait au film ou des accusations que l’histoire est trop « classique » – ce qui est un peu l’argument de quelqu’un qui n’en a pas, parce que toute histoire pulp traite des tropes déjà abordés, sinon ce n’est pas du pulp). On entendrait que le personnage est ridiculisé, que ça désamorce, et toutes ces fadaises.
En fait, le ton de Marvel en général me semble exactement remplir un vide grandissant dans le cinéma populaire depuis la fin des années 90 (suite aux excès sur ce point – genre Shumacher et ses jeux de mots pourris sur la franchise Batman), où la solennité est trop souvent prise pour de la profondeur. Je n’attends pas de tous les films qu’il y ait des gags et de l’humour dedans, ce n’est pas toujours adéquat, mais sur un film d’aventure pulp (et Guardian of the Galaxie est exactement ça), juste, il en faut.
Et on remarquera que cette place de l’humour ne s’oppose aucunement à la dramaturgie. La dramaturgie consiste à savoir mettre en place les conflits et les obstacles, et faire en sorte que le protagoniste se révèle en tentant de les surmonter. Quand Peter Quill fait une diversion en dansant, en première impression c’est drôle et inattendu mais en fait ça fait avancer l’histoire, ça nous apprend quelque chose sur lui, et son lien à cette Terre qu’il a perdu étant enfant. C’est tout sauf un cliché… Je trouve ça élégant et très satisfaisant dramatiquement.
Par ailleurs le film peut aussi être vu comme une rêverie : celle d’un enfant dont la souffrance est telle qu’il préférerait être enlevé de cette Terre et qu’il imagine un avenir loin, très loin, où il est un héros avec pour compagnons un raton laveur, un arbre parlant, un extraterrestre un peu dense, et une guerrière féroce à la peau bleue, en train de sauver la galaxie, de combattre des méchants et de piloter un vaisseaux spatial. J’ai souvent eu l’impression en voyant le film que j’étais face à des images intérieures d’une rêverie éveillée, un film plus proche et des théories de R.L. Stevenson que de celles de Campbell.
Voici un extrait de la défense prise par Stevenson de l’île au Trésor, dans sa controverse face à Henry James :
« Il n’y a jamais eu d’enfant (…) qui n’ait cherché de l’or, n’ait été pirate ou chef militaire ou bandit de grand chemin, qui n’ai combattu, subit un naufrage et enduré la prison, taché ses petites mains de sang, vaillamment sauvé une bataille perdue et triomphalement protégé l’innocence et la beauté. » On croirait à deux trois détails près une critique du film de James Gunn.
Les meilleurs films ne s’adressent pas toujours à l’intelligence, en tout cas ce n’est pas leur qualité principale. S’adresser aux seuls spectateurs qui se croient malins, c’est de la paresse, parce qu’il ne s’agit dès lors que de proposer une fable (une histoire astucieuse dont la morale est facile à tirer, ce qui semble la justifier), alors que produire une rêverie structurée pour lui donner l’illusion une existence tangible, débarrassée de tout autre justification, est un projet ambitieux et délicat qui n’a pas besoin de se parer d’une autre fonction (ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas). On accorde scolairement trop d’importance à l’intelligence en narration, oubliant l’importance de l’intuition et de la simplicité, qualités bien plus difficiles à capturer, si discrètes et fragiles que bien des spectateurs qui se croient avertis, arrivent à l’âge de la critique (et parfois de l’opinion condescendante) sans s’apercevoir qu’ils les ont déjà irrémédiablement piétinées.
J’ai généralement l’impression de lire sur Marvel le même genre de critiques que celles qu’on pouvait entendre sur les productions Spielberg destinées à ma génération dans les années 80 (Gremlins, Retour vers le futur, Goonies, Young Sherlock Hommes, etc.), qualifiées de légères, puériles, mercantiles, formatées, cyniques, incohérentes, surchargées de clins d’œil, de clichés, etc. Discours tenus avec tout le mépris de l’adulte au goût forcément averti au point d’en devenir pompeux et prosaïque, envers l’attirance éternelle des plus jeunes pour un imaginaire débridé… Mais vu que ces films sont aujourd’hui regardés et étudiés avec nostalgie et parfois vénération, laissons dire… Les générations passent… attendons que ceux qui auront grandis avec les productions Marvel soient en âge de les défendre et de rire de ceux qui n’ont pas saisi l’importance de s’adresser aux futurs rêveurs de ce monde.
Pardon, c’était dans Avatar que Zoé Saldana avait la peau bleue… Gamora a la peau verte, bien sûr… 😉
Pfiou, quel verve ! Bravo pour ce magnifique et cohérent commentaire ! Encore !
Oooohh, comme je suis Fan de ton commentaire.
En plus, cela m’a permis de voir le film sous un autre angle. Merci beaucoup
Oui, j’applaudis également. Très belle réflexion sur le film et sur ce type de cinéma en général, Denys !
Pour quelqu’un qui fustige les spectateurs qui se croient plus malins que les autres c’est effectivement un joli discours à contrepied.
LOL MDR!
Je ne fustige nullement ceux qui se croient plus malins que les autres, sinon ça concernerait trop de gens vu qu’effectivement toute intervention publique le sous-entend à un certain degré – juste ceux qui sont persuadés au point d’utiliser le mot « débile » pour attaquer les spectateurs d’un film et croire que c’est une opinion qui mérite d’être partagée.
Bon c’est un « Avengers » punk, mal élevé, qui se la joue politiquement incorrect… Un poil hypocrite sans doute.
Mais c’est nettement plus fun et décoincé du cul que toutes les merdes marvel qu’on se farcit depuis des lustres avec tous ces zozos ridicules dans leurs costumes ridicules.
Le vrai point fort du film, c’est qu’il fait plus penser à un space-opéra qu’à un film de super héros!!