Hansen & Friends – XXX – Three Decades in Metal (earMUSIC)

Hansen & Friends – XXX – Three Decades in Metal (earMUSIC)

Note de l'auteur

Après la chronique du dernier Airbourne la semaine dernière, le Daily Mars vous invite à poursuivre votre voyage régressif dans le hard rock des années 80. Direction l’Allemagne cette fois-ci, pour le premier album solo d’un des parrains de la scène métal européenne : Kai Hansen. Et comme c’est pour les bonnes œuvres, il n’est pas venu tout seul, il a amené des copains.

Hansen & Friends - XXX – Three Decades in Metal - PochetteDans notre petit « abécédaire du bruit », avant l’Angleterre et l’Australie, il conviendrait de réserver une entrée à l’Allemagne. En effet, ce pays n’a pas offert aux mélomanes du monde entier que des artistes aussi respectables que Scorpions, Nena, Nina Hagen ou Rammstein (cherchez l’erreur – plusieurs réponses possibles). Pendant les années 80, nos voisins d’outre-Rhin ont également fait le bonheur des amateurs de thrash – avec des groupes comme Kreator ou Sodom – et de heavy metal… et c’est là que Kai Hansen entre en scène.

À Hambourg, en 1984, au milieu d’une cohorte d’autres formations de l’époque, entre les pirates de Running Wild, et les Celtes contrariés de Grave Digger, Hansen fonde son petit groupe à lui, Helloween. Leur recette est simple : mélanger le son caractéristique des groupes du heavy metal britannique de l’époque (comme Iron Maiden ou Judas Priest) à une certaine légèreté, directement empruntée à la musique pop. Avec le diptyque Keeper of the Seven Keys: Part I et Part II (sortis respectivement en 1987 et 88), le groupe acquiert une renommée internationale. Il se produit aux quatre coins du monde, partage la scène avec les grands noms de l’époque (Kiss ou Guns N’ Roses) et… manque d’imploser peu de temps après. Jusque là, tout va bien. Tout est normal.

 

Grâce à un art consommé de l’ellipse, passons rapidement sur les trois décennies suivantes, pour en arriver à cet album, XXX. Présenté par son auteur comme son premier album « solo », ce disque a surtout l’air d’une reconstitution de carrière. Pour l’enregistrement, Hansen a convoqué un nombre invraisemblable d’invités, venus de tous les coins de la scène métal allemande (et internationale) actuelle. Dans cet aréopage de gens qui ont croisé sa route en trente ans de métier, on trouve le chanteur et le guitariste du groupe de métal extrême Heaven Shall Burn. Plusieurs anciens – et même un membre actuel – d’Helloween viennent aussi raviver le passé, en prenant grand soin de ne pas se croiser sur le même morceau. Même Dee Snider (le chanteur de Twisted Sister) vient jouer les vedettes américaines, le temps d’un couplet (sur la chanson Contract Song).

Le résultat est un album de hard rock qui sonne très années 80. Assez peu de fioritures mélodiques, ici, nous sommes au pays du « riff roi ». Malgré le défilé quasi ininterrompu d’invités, l’album parvient néanmoins à conserver une certaine cohérence. Délaissant ses récits de science-fiction habituels pour des histoires beaucoup plus terre à terre – inspirées par sa vie de musicien – Hansen joue les bons camarades. Ce n’est pas de la poésie, bien sûr. L’album ressemble plutôt à un troupeau d’éléphapotames en furie. Les notes s’enchaînent naturellement, mais sans réelle surprise, et il est à peu près possible de deviner une rime sur deux. Mais le disque reste à l’image de son initiateur : bonhomme et sympathique.

Hansen & Friends

© earMusic

 

Cet album n’est qu’une toute petite chose qui ne prêchera que les convertis. Mais, à défaut de changer la face du monde, il fera – à son échelle – un peu de bruit. En effet, Hansen a décidé de faire don de l’à-valoir perçu pour l’enregistrement de ce disque à la Wacken Fondation. Adossée au festival de métal du même nom (le Wacken Open Air), cette fondation a tout simplement l’objet social le plus cool du monde : « soutenir le hard rock et le heavy metal ». Alors si, en plus d’être un disque tout à fait honorable, XXX permet à des gamins d’un peu partout d’embêter leurs parents et leurs voisins en criant très fort et en martyrisant leurs instruments, il vaut bien la peine de remettre une pièce dans le jukebox.

 

Post-scriptum

Pour la rentrée – faute d’avoir pu en parler avant, vacances obligent – petit retour sur deux sorties récentes de groupes mentionnés dans cet article.

 

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