La séance de rattrapage : Hell On Wheels (saison 1)

La séance de rattrapage : Hell On Wheels (saison 1)

Common et Anson Mount, les deux principaux acteurs de Hell on Wheels.

Ce 26 juin, D8 et la TNT proposent de redécouvrir les débuts du western de Tony et Joe Gayton. L’occasion de revenir sur une série imparfaite mais qui a le mérite d’essayer certaines choses.

Si l’arrivée de Hell On Wheels sur la TNT vous donne envie d’y jeter un oeil, il faut tout de suite couper court à une idée. Ce n’est pas parce que cette série revisite le même genre que Deadwood qu’elle lui ressemble. Au contraire : les deux séries ont autant de points communs qu’un pingouin et une girafe.

De la même façon, ce n’est pas parce que c’est une série proposée par AMC que ses intrigues lorgnent vers l’univers de Mad Men et de Breaking Bad. Pour tout dire, on en est même loin.

Hell On Wheels, c’est autre chose. C’est d’abord l’histoire de la construction du chemin de fer américain à travers le Grand Ouest américain, au terme de la Guerre de Sécession. Ce sont aussi les aventures de Cullen Bohannon, ex-soldat sudiste en quête de vengeance depuis que sa femme a été tuée pendant ladite guerre.

Au coeur d’un pays qui essaie de se construire le long de barres de fer, on retrouve des gens qui ont fui l’Europe, d’ex-esclaves qui essaient de se construire un futur et des Indiens qui aimeraient bien ne pas faire partie du passé.

Lily Bell (Dominique McElligott). Photo Frank Ockenfels/AMC

Ce n’est pourtant pas forcément pour son côté « série sur une communauté » que le show des Gayton vaut le coup d’oeil. Ce qui est  intéressant dans cette première saison, c’est la dimension visuelle du projet.

Pour faire mentir Louis Aragon qui disait « Tout le monde copie mais tout le monde ne le dit pas », je vais reprendre les propos du camarade Lordofnoyze. Comme l’explique ce sériephile dont on peut notamment lire des chroniques chez Express Yourself (où il parle de Mad Men saison 6), la saison 1 de la série avec Anson Mount est portée par une vraie dimension immersive. Et un souci esthétique constant.

Dans un format où les dialogues ont toujours été rois dans l’art de raconter une histoire, Hell On Wheels essaie de véhiculer toutes sortes d’émotions à travers l’image. Ca passe par des cadrages bien travaillés, une intéressante capacité à jouer sur l’espace et les couleurs. Ca et des décors de qualité.

Parfois, ça marche du feu de dieu. Notamment lorsque, dans l’épisode 3, Bohannon vient en aide au personnage de Lily Bell, confrontée à des hommes en quête d’argent.

Parfois, c’est nettement moins probant, et surtout pas du tout subtil. Dans le même épisode, Bohannon regarde une photo, sur laquelle il y a le nom des gars qui ont attaqué sa femme. Dans le genre « Info surlignée au marqueur fuchsia », on ne fait pas mieux. Les autres fois où tout cela ne marche pas vraiment, c’est lorsque les scènes sont accompagnées de dialogue indigents.

L’essai est en tout cas intéressant. Le souci principal, c’est que les Gayton ne sont pas de bons conteurs. Anthithèse troublante de Matthew Weiner, ils sont souvent plus maladroits qu’inspirés. C’est ce qui fait que Hell On Wheels ne décolle jamais vraiment de son image « divertissement » dans cette saison. La raison : la dimension narrative de cette épopée manque de rigueur et de maîtrise.

Dommage parce que, par à-coups, il y a vraiment des choses qui passent. Des choses que l’on voit rarement à la télé. Des choses d’autant plus fugaces que la saison 2 part dans une direction assez différente, en remettant un mode de récit plus « classique » au coeur de l’histoire. Un choix qui séduira une partie de ceux qui ont eu du mal avec cette première année.

Il n’empêche : cela reste une petite expérience à vivre. Sans trop en attendre, pour prendre ce qu’il y a … Et en espérant surtout qu’un jour, un ou des showrunners plus carrés arpentent à nouveau les mêmes chemins.

Partager