
#Critique : L’Héritage des Rois Passeurs : deux mondes, deux femmes, un combat
Le prix imaginales 2016 du meilleur roman francophone débarque dans les rayons des librairies en version poche ! L’occasion de découvrir les aventures de Ravenn, Énora, et leur bande d’amis et de magiciens.
L’histoire : Le jour de ses 20 ans aurait dû être un moment joyeux pour Énora. Elle ne sera pourtant que la dernière rescapée d’un massacre qui touche toute sa famille. Dans un autre monde, il est temps pour la chasseuse de dragon Ravenn de rentrer chez elle récupérer son trône. Mais ce qu’elles ne savent pas, c’est que leurs deux destins, et leurs deux mondes, sont reliés…
Mon avis : Princesses et magiciens, tenancières d’auberge ou jeunes combattants, ils sont tous présents dans ce monde créé par Manon Fargetton. Elle parvient, grâce à un sens du rythme et a une certaine délicatesse, à tenir tous ses récits, tous les fils, toutes les existences en équilibre. Certes, comme le montre la couverture, c’est une histoire d’héroïne. Mais c’est aussi bien plus : sexe ou honneur, courage, combat et intelligence, ce sont les nombreuses armes dont il faudra se servir pour réussir à rester en vie.
La romancière de 29 ans n’a pas une écriture « féminine », ou autres adjectifs trop souvent communs employés quand on a une femme qui met en scène d’autres femmes. Elle est féministe, si l’on considère qu’avoir deux héroïnes dans un monde de fantasy est déjà un exploit dans ce genre de littérature (suivez mon regard Adrien Tomas). Mais au-delà, c’est bien son histoire qui nous entraîne. Certes, elle reste parfois assez classique, avec ses magiciens vivant dans un monde en vase clos et son ambiance médiévale. Au sein des univers parallèle, nous sommes assez proches d’une idée à la Zelazny, avec certains personnages uniquement capables de passer d’un monde à l’autre. Et nous sommes clairement dans un roman initiatique (voir la typologique que nous avions effectuée sur les univers parallèles).
Un roman de fantasy à la française, qui reprend les canons du genre en se les réappropriant. Si Manon Fargetton ne renouvèle pas entièrement le genre, elle devient par contre une auteure à suivre d’urgence.
Si vous aimez : Une histoire qui dépote pour les filles et les garçons. Avec du sang et des larmes, et des familles tordues.
Autour du livre : Un autre titre, Les Illusions de Sav-Loar, paru le 16 octobre en grand format chez Bragelonne, se passe aussi dans le même univers, et suit les aventures d’un personnage secondaire, connu sous le nom de Bleue.
Extrait : « Il refusait toute sollicitude. Soit Énora choisissait de sortir de cette apathie, soit elle serait morte avant le lendemain. Sans l’attendre, il retourna au salon, s’adossa contre un mur, ses doigts nerveux tambourinant sur ses cuisses. Si cela n’avait tenu qu’à lui, jamais il ne se serait mis dans une situation aussi périlleuse. Il faisait tout pour protéger Charly. Mais Hank savait se montrer persuasif, et voilà qu’en l’espace de deux heures, leur relative sécurité avait volé en éclats. Anxieux, Julian décapsula une bière sans tenir compte du soupir réprobateur de son frère. L’alcool l’aidait à se détendre.
Moins de deux minutes plus tard, la porte de la chambre s’ouvrit sur la silhouette tourmentée d’Énora. Elle avança vers les canapés où l’attendaient Hank et Charly, puis s’arrêtant, elle leva les yeux vers Julian. »
L’Héritage des rois passeurs
De Manon Fargetton
Édité par Milady