
Hitman Episode 3 : Souk Machine à tuer
Sorti le 31 mai dernier, IO Interactive a tenu de justesse sa promesse de sortir un épisode par mois. Il est évident que le mois de juin risque d’être un poil délicat pour que les équipes respectent leur engagement pour le prochain niveau en Thaïlande. Mais intéressons-nous à ce troisième opus du nouveau Hitman qui plonge le joueur dans une situation aux connotations actuelles, puisque la mission vous demande de vous infiltrer à Marrakech, alors que le consulat suédois est assiégé par des manifestants visiblement pas très contents qu’un banquier ayant détourné des fonds ait trouvé refuge dans le bâtiment.
Aux couleurs de l’été arabe
Le contexte du niveau a un faux air de « printemps arabe » pour amener un peu de poids sur la situation politique de cet épisode. Notez que cette situation sert uniquement à donner des justifications aux différentes possibilités. C’est d’ailleurs un premier point troublant : alors que la saga des Hitman a toujours joué avec un aspect « humour noir » pour désamorcer le principe sordide de l’assassinat froid et glacial, cet épisode à Marrakech prend place au sein d’une ambiance un poil tendue, avec banderoles, fumigènes et mégaphones au menu. Après une mission à Paris condensée et un Sapienza organique à souhait, Marrakech mise sur une étendue bien plus horizontale : la portion de ville qui vous est proposée joue sur les rues pleines de vie, les souks et les bars à chichas top select. Quelques bâtiments offrent un accès au toit, histoire de faciliter le boulot pour les apprentis snipers, mais en soi, le niveau est peut-être moins « naturel » que celui de Sapienza, dans le sens où on sent beaucoup plus la découpe des niveaux et le level design légèrement plus scolaire.
Les zones accessibles avec tel ou tel déguisement sont bien plus délimitées, façon « jeu vidéo », et on a un peu trop la sensation d’une division en trois secteurs : la partie publique, sans limite avec la plupart des PNJs, la zone de l’école, où se trouve l’une de vos cibles (un général souhaitant profiter de la situation pour fomenter un coup d’état) et la zone du consulat, avec la seconde cible (le fameux banquier qui a fichu la zone dans la ville). Peu de passages alternatifs sont présents pour accéder aux différents quartiers sans passer par un déguisement (les acharnés qui voudront terminer le niveau sans changer de costume vont en avoir pour leur argent), ce qui pousse parfois le joueur à y aller en infiltration pure au lieu de narguer les soldats sous leur nez avec le déguisement adéquat.
Comprenez bien que l’infiltration pure n’est pas une tare en soi, mais Hitman se traîne toujours de sacrés défauts depuis le premier épisode, à commencer par la gestion délicate des sauvegardes. L’accès à ces options prend un mini-chargement d’une bonne dizaine de secondes, et une couverture grillée que vous voulez conserver coûtera presque une minute de loading pour revenir à votre checkpoint. Certes, il est facile d’en expliquer la cause : le jeu doit garder en mémoire les positions de la grosse centaine de PNJs dans le niveau pour les recharger, ainsi que toutes les actions que vous avez faites. Mais il est dommage, pour un jeu où l’on veut faire l’assassinat le plus parfait du monde, de devoir attendre aussi longtemps à chaque craquage de nuque repéré par un garde un peu trop zélé. Des ennemis qui d’ailleurs n’ont pas changé d’un iota question IA, ce qui n’est pas dérangeant en soi puisque faisant partie de la philosophie du jeu. Mais ça n’excuse pas les quelques bugs toujours présents d’objets qui disparaissent ou de militaires possédant une vision X-Ray tellement craquée qu’on ne peut pas toujours prévoir à quelle distance et dans quelles conditions ils peuvent nous remarquer.
Prince Ali, oui c’est bien lui
Mais cet épisode 3 ne démérite pas sur les opus précédents. Marrakech est aussi splendide que les autres, surtout dans les parties publiques : les souks sont splendides, l’ambiance des ruelles respire une belle atmosphère, et le jeu propose un véritable contexte à exploiter comme l’avait fait le premier épisode sur Paris : l’aspect manifestation est une chouette situation qui donne une ambiance tendue très réussie. Entre les quidams devant les télés et les retransmissions des caméras aériennes ou encore les opportunités exploitant le contexte pour pouvoir approcher de ses cibles, IO Interactive arrive à varier les plaisirs en proposant toujours autant de possibilités. Que ce soit l’approche bourrine en piégeant le tunnel de secours que vos cibles empruntent en cas d’alerte ou l’approche tactile en se faisant passer pour le masseur de monsieur le banquier, en passant par le mal de crâne du général qui se reçoit une cuvette de toilettes sur le front pendant qu’il engueulait des militaires qui se foutaient de sa tronche avec l’interphone activé (par vos soins), cet épisode 3 propose toujours de s’éclater comme jamais et confirme que la formule Hitman fonctionne toujours aussi bien.
Petit mot sur un mode apparu il y a quelques semaines, celui de Cibles Insaisissables. À des dates un peu aléatoires, Hitman vous propose des contrats spéciaux pour assassiner une nouvelle cible, dans les différents niveaux déjà sortis. Mais les conditions sont particulières : pas de sauvegarde possible, votre cible n’apparaît pas avec le mode Concentration et vous n’avez qu’une seule chance de réussir la mission. Le petit truc en plus, c’est que certaines missions changent quelque peu la situation du niveau : la dernière en date demandait au joueur d’assassiner un prêtre de passage à Sapienza, et pour l’occasion, l’église du niveau était verrouillée, avec des gardes un peu partout et une petite foule devant les portes. Une variante du niveau sympathique, surtout que la perspective de ne pas avoir la sécurité de la sauvegarde met un peu plus la pression.
En conclusion, ce niveau se déroulant à Marrakech, même s’il n’a pas l’excellence du level design de Sapienza avec ses contours vidéoludiques trop évidents, fait très bien le job et propose à nouveau un niveau immense, riche de possibilités, splendide (artistiquement) et qui, comme d’habitude, permettra aux joueurs qui prennent leur pied à tester plein d’approches différentes, de s’éclater sur une bonne dizaine d’heures. La suite très bientôt en Thaïlande !
Hitman
Développeur : IO Interactive
Éditeur : Square-Enix
Prix : 60 euros pour le jeu complet / 10 euros pour l’épisode Marrakech
HITMAN – Episode 3 Marrakech Trailer par CooldownTV