
Hitman Episode 4 : Polly Phuket
Après la pause estivale, le Hitman nouveau cru fait sa rentrée sur consoles et PC avec un nouvel épisode qui transportera cette fois-ci le joueur pas loin de Bangkok, en petite chemisette noire au milieu de la chaleur moite de la Thaïlande. Alors que cette « saison 1 » en est déjà à la moitié de l’aventure, que nous réserve la rentrée du tueur au code-barres ?
Pour ce nouveau contrat, notre chauve préféré débarque dans un hôtel luxueux sur les rives du Chao Phraya. Premier choc : c’est somptueux. L’action se déroulant dans une fin d’après-midi lovée dans les douces lueurs d’un soleil couchant, le panorama d’arrivée est tout simplement sublime. L’intérieur du complexe n’est pas en reste puisqu’en plus d’avoir pas moins de quatre étages disposés sur deux ailes distinctes, l’hôtel en question possède une architecture magnifique, avec un petit jardin intérieur en bonus qui fait office de hall d’accueil, parfait pour que vos futures victimes se croient déjà au paradis. Le level design est comme à son habitude exemplaire, avec toutes les chambres accessibles (excepté certaines du rez-de-chaussée en pleine opération de dératisation), pour peu que vous trouviez le sésame magique qui permet d’ouvrir chacune des chambres verrouillées avec une carte magnétique.
L’objectif de la mission est d’assassiner une rock star en puissance, accusée d’avoir tué sa petite amie en la balançant d’un gratte-ciel (pas cool), mais qui a pu s’en sortir grâce à un avocat véreux au sens moral légèrement défaillant, préférant voir son portefeuille rempli plutôt que sa bonne conscience. L’avocat en question étant lui aussi sur place, il s’agira de faire d’une pierre deux coups et de lui régler son compte également. Comme d’habitude, l’écriture du niveau et de la mission est un vrai délice. Le boys band de la rock star a littéralement envahi plusieurs étages de l’hôtel, choisissant cette destination exotique pour enregistrer son nouvel album. Il faudra donc user de ruse et de malice pour passer les gorilles qui empêchent l’accès au studio et se rapprocher de la cible. Escapades sur les murs de l’hôtel ou déguisements adéquats, les choix sont nombreux. Les opportunités sont comme d’habitude toujours originales, et on pourra s’amuser à faire passer le meurtre pour un accident ou s’arranger pour se retrouver seul avec la cible et opérer à sa guise.
Mine de rien, la distribution de ce nouvel Hitman permet aux développeurs de corriger quelques petites choses. Même si le système de sauvegarde est toujours une tannée (à quand un bouton in-game de sauvegarde manuelle ?), on notera des infos supplémentaires comme une icône apparaissant lorsque vous bousculez un quidam par mégarde, ou une interaction plus poussée lorsque deux PNJs discutent ensemble. Il s’agira toujours d’épier les conversations pour glaner le maximum d’informations et savoir comment réussir son coup. On sent que IO Interactive en profite pour peaufiner son système et c’est tant mieux. Et même si le fil rouge narratif prend enfin un bon coup de boost à la fin de la mission, il est difficile de parler en bien du scénario tant l’aspect épisodique tue dans l’œuf l’intérêt que l’on pourrait trouver à ce qu’il se passe en coulisses et où le jeu veut nous faire croire que ça a de l’importance. La narration n’a jamais été le point fort de la saga, mais placer une simple cinématique à chaque fin de niveau ne suffit pas à retenir le joueur et lui donner envie d’en savoir plus. Sachant que le studio a d’ores et déjà prévu que ces six premiers épisodes constituaient une première saison avant la potentielle suite, on attend le season finale pour voir si tout ceci était réellement justifié.
Ce qu’on peut par contre difficilement reprocher à IO Interactive et Square-Enix, c’est le suivi de son bébé. Autant la communication du jeu a été vraiment erratique – d’abord neuf épisodes, puis finalement six avec un tous les mois, puis finalement on fait une pause pendant l’été – autant les ajouts constants comme les cibles fugitives, les « missions Escalade », implémentés régulièrement ou même les missions supplémentaires estivales plutôt bien fichues sont autant de petits bonus qui fait qu’on y revient régulièrement, et avec plaisir. Une sorte de service en ligne qui ne consiste pas à simplement jouer trente minutes par mois, mais bien à y replonger pour plusieurs heures de jeu bien ficelées. L’immensité des niveaux et la liberté proposée font que les alternatives sont nombreuses et généralement réussies. C’est peut-être pour assurer un suivi constant et renouvelable que l’histoire ne prend jamais le pas sur le gameplay. Pour assurer que le joueur y revienne, il faut créer des environnements « bacs à sable » neutres et indépendants, réussissant à raconter une histoire toute seule, que l’on prend plaisir à découvrir par strates au fur et à mesure qu’on franchit les pôles de sécurité. Comme si la progression narrative se faisait en même temps que celle du joueur et de la difficulté.
Quoi qu’il en soit, malgré son classicisme, ses quelques bugs de comportements et son système de sauvegarde asthmatique, ce quatrième épisode est tout autant réussi que les précédents, et continue de faire de ce Hitman l’un des meilleurs jeux de cette année, sans forcer. La beauté du décor et l’exotisme couplés au contexte original (la rock star enregistrant l’album dans un hôtel, avec tout ce que ça implique) et la liberté totale pour parvenir à ses fins font toujours autant d’étincelles. Rendez-vous le 27 septembre pour la cinquième mission en plein camp militaire dans le Colorado.
Hitman
Développeur : IO Interactive
Éditeur : Square-Enix
Prix : 60 euros pour la saison complète – 10 euros pour l’épisode Bangkok
HITMAN- Episode 4 – Bangkok Trailer par Millenium_TV