#Critique L’homme qui traversa la terre : steampunk au royaume de Jules Verne
Robert Darvel nous entraîne dans une histoire d’amour à travers la Terre, une histoire d’aventure, d’amour, de vengeance et de mystère, dans une France d’environ la fin du XIXe.
L’histoire : Louis Zèdre-Rouge a tout pour être heureux. Il est savant, il est amoureux. Mais un jour, suite à une erreur, sa fiancée, Emerance de Funcal, est victime d’une de ses inventions. La voilà qui se transforme, se désolidarise, et disparaît à travers la Terre. Il en est le premier accusé, jeté en prison. Mais dix ans plus tard, dans un site de prospection géologique de l’Empire Funcal, des drôles d’incidents se produisent. La vengeance de Louis ?
Mon avis : Roman de taille moyenne, environ 215 pages, L’homme qui traversa la Terre se dévore d’une traite. Nous voilà dans un roman d’amour un peu steampunk (comme, finalement, beaucoup de récits steampunk), où la technologie devient un instrument du capitalisme. C’est un conte classique où l’ogre utilise la Terre comme ventre, l’amour est pur et délicat, la vengeance jamais une fin en soi. Alors, certes, on aurait aimé plus de matière, plus de personnages, un monde finalement plus développé encore dans ce roman, qui se finit trop vite. Pourtant, de l’Islande à l’Australie, en passant par le centre de la Terre, il y a de nombreux territoires explorés, de nombreuses personnes rencontrées. Mais le temps est l’ennemi, et il faut aller vite, pour retrouver Louis et surtout Emerance.
Robert Darvel a aussi ce côté très positif de proposer des femmes qui ne sont pas par trop des clichés. En face de la douce Emerance, il y a par exemple la plus garçonne et dure Siméone. Mais il est dommage malgré tout, qu’en sciences n’existe aucune femme. Elles sont présentes, car elles ont un lien affectif avec Louis. Ce qui pose encore la question : le Steampunk, la France de la fin XIXe, sont-ils des moments où la femme ne sert donc à rien au cœur de l’intrigue ? C’est vraiment, vraiment dommage, car nous sommes dans une langue de précisions et de beauté, avec un narrateur qui s’adresse par moment au lecteur, un récit ciselé et une histoire passionnante. Mais qui manque de personnages des deux sexes.
Si vous aimez : Jules Verne, bien entendu, mais aussi les films de genre, type Docteur Frankenstein, ou Van Helsing. Avec un soupçon de Guillermo del Toro, et son Crimson Peak.
Autour du livre : Robert Darvel a aussi rédigé nombre de nouvelles tournant autour d’Harry Dickson, un détective qui vécu moult aventures entre 1916 et 1938. Ces aventures ont été réunies et publiées en version poche, édition Helios, début octobre.
Extrait : « L’on s’étonnera que M. de Funcal, dont la fille sous ses yeux s’enfonçait dans le marbre, octroie si peu de crédit aux « recherches » visiblement positives de son futur gendre. C’est simplement qu’il avait pu, par le passé, observer des singes du zoo de Bréval traités par le rayonnement ZR de Louis ; le processus, forcément inabouti, devait être à chaque fois stoppé par le processus inverse, ou RZ. Les cobayes n’étaient affectés que de chutes d’ongles et autres phénomènes urticants qui se résorbaient, il faut le signaler, avec célérité.
Emerance quitta le salon pour ses appartements. La jeune femme alla dans la salle de bains. Ses vêtements sentaient la litière et les fèces, elle se déshabilla et décida de prendre une douche puis de nettoyer son hématome.
Nous découvrons enfin Emerance nue. Épaules rondes, poitrine ferme, ventre doux, sexe mignon, fesses potelées, cuisses agiles, mollets galbés – et ses deux pieds disparaissant dans l’émail jusqu’à mi-hauteur. L’eau s’écoulait autour ainsi que la pluie sur un bas relief. »
L’homme qui traversa la Terre
Écrit par Robert Darvel
Édité par Les Moutons Électriques, collection La bibliothèque voltaïque