Les Hommes de l’Ombre : « Les gens de Bygmalion ont beaucoup aimé la saison 1 »

Les Hommes de l’Ombre : « Les gens de Bygmalion ont beaucoup aimé la saison 1 »

Deux ans et demi après la fin de la saison 1, Les Hommes de l’Ombre sont revenus cette semaine sur France 2 pour la suite des aventures de Simon Kapita et Ludovic Desmeuze. L’occasion de revenir avec les producteurs de la série sur une gestation compliquée. Mais aussi et surtout d’évoquer ces six nouveaux épisodes, lors d’un entretien réalisé en juillet dernier, pendant le festival Série Series.

Hommes_Ombre_1La production de la saison 2 des Hommes de l’Ombre a été très compliquée, avec plusieurs départs enregistrés. En quoi ces complications ont-elles contrarié l’histoire que vous imaginiez au départ raconter ?

Charline de Lépine : « Malgré les avaries, cette saison est exactement comme on l’imaginait »

Emmanuel Daucé : « Dès le début de la saison 1, nous nous étions dit « S’il y a une saison 2, voilà ce que l’on ferait ». Les personnages sont différents, notamment à cause du départ de Nathalie Baye, mais dans le fond, au niveau des très grandes lignes que nous avions esquissé – la gestion de l’Etat, ses coulisses en situation de crise – nous restons dans ce que nous voulions faire ».

« Depuis le début,
nous avions un plan B »

Les difficultés vous ont en quelque sorte amené à recentrer votre histoire sur le coeur de votre propos, non ?

E.D. : « Il faut toujours faire ça… En fait, même si on avait fait le pari que Nathalie Baye accepterait de reprendre son rôle en saison 2, depuis le début, nous avions un plan B. C’est d’ailleurs pour ça que la saison 1 se termine sur un sourire un peu énigmatique de Kapita, qu’il n’y a pas de réponse totalement claire sur le nom du vainqueur de la présidentielle. C’est pour ça aussi que nous avions choisi Nicolas Marié pour incarner Alain Margerie, le candidat de l’opposition : il nous fallait un comédien qui pourrait avoir la carrure pour incarner potentiellement le président de la République. Notre métier nous impose un peu ça, de toute façon ».

Produire une série et gouverner, même combat : c’est prévoir ?

E.D. : « La série c’est l’exploitation du temps sur une durée longue. On est obligé d’avoir deux ou trois coups d’avance. Plus encore quand vous travaillez sur une série comme Les Hommes de l’Ombre : il faut anticiper le moment où cela va être diffusé. Pour comprendre à quel moment cela va faire écho avec l’inconscient national…

Oui : on avait un peu oublié que l’agence de communication de Ludovic Desmeuze s’appelait Pygmalion. C’est à croire que l’histoire aime s’amuser avec votre histoire…

C.d.L : « Si notre agence s’appelle Pygmalion, ce n’est pas par hasard : c’était vraiment un clin d’oeil à Bygmallion. Sauf qu’à ce moment-là, il n’y avait pas d’affaire Bygmalion ! »

Simon Kapita (Bruno Wolkowitch)

Simon Kapita (Bruno Wolkowitch)

E.D. : « A l’époque, quand nous avions eu l’idée, on savait que c’était l’agence qui faisait la campagne du candidat de l’UMP, c’est tout. Par contre, pour la petite histoire, on sait que les gens de Bygmalion ont regardé la saison 1. Et ils nous ont dit avoir beaucoup aimé ».

« On n’aurait sans doute jamais pu faire la série sans la présidence Sarkozy »

Les événements survenus depuis l’élection de François Hollande (l’affaire Falorni, l’affaire Julie Gayet) ont-ils influencé le développement du récit de cette saison ?

C.d.L : « Dans l’épisode 1, la femme du président fait une déclaration de soutien à un de ses proches : la scène a été imaginée après l’affaire du tweet de soutien de Valérie Trierweiler. En revanche, l’idée de présenter une Première Dame en situation de fragilité psychologique nous est venue avant l’affaire Julie Gayet : ces événements sont effectivement survenus alors que nous étions en tournage ».

E.D. : « L’idée de centrer l’histoire de la saison 2 sur le couple présidentiel et la Première Dame revient vraiment aux auteurs, Sylvain Saada et Marie Guilmineau. En France, de manière assez récente, la femme du président est devenue une vraie figure, quoi qu’on en dise. Surtout depuis Cecilia Attias et Carla Bruni. Cette dernière ne cesse de dire qu’elle ne fait pas de politique mais au fond, elle en fait elle aussi ».

C.d.L. : « Bernadette Chirac avait déjà un rôle politique, comme Danielle Mitterrand, mais plus en coulisse. Depuis 2007, il y a eu un véritable effet de peoplisation de ce personnage. On n’aurait sans doute jamais pu faire Les Hommes de l’Ombre sans la présidence Sarkozy ».

Alain Margerie (Nicolas Marié).

Alain Margerie (Nicolas Marié).

Les reportages vidéos réalisés par Le Village pour la diffusion de la saison 1 laissaient à penser qu’il y avait une vraie synergie entre vous le scénariste Dan Franck et le réalisateur Frédéric Tellier. Notamment pour la mis en images de la série. Comment avez-vous travaillé avec Jean-Marc Brondolo, réalisateur de la saison 2, pour gérer la suite ?

E.D. : « On est dans le prolongement d’une esthétique. Jean-Marc a notamment travaillé sur Engrenages et Reporters. Il a conscience de ce que c’est que le style d’une série. Charline le connaît depuis longtemps et j’ai travaillé avec lui sur Un Village Français. On savait que c’est un grand directeur d’acteurs. C’est très important pour une série, notamment quand on a des gens comme Carole Bouquet dans sa distribution.

C.d.L. : « On savait que Jean-Marc jouerait le jeu. Les choses se sont faites de façon vraiment évidentes. Comme nous le connaissions tous les deux et que nous avions conscience de ses qualités, nous savions qu’il nous amènerait ce dont nous avions besoin. C’est facile de lui dire ce qu’il faut préserver et où se trouve une certaine zone de liberté ».

« Nathalie Baye était anecdotique »

Votre série revient après plus de deux ans d’absence et pas mal de changements. Est-ce que vous redoutez un effet Clara Sheller ? En clair : craignez-vous de ne plus retrouver votre public ?

C.d.L. : « Pour moi, c’est une réflexion de journaliste. Je ne sais pas comment le public le recevra mais même quand Nathalie Baye est partie, que Dan Franck a arrêté d’écrire et que Frédéric Tellier est parti pour tourner un long métrage, à aucun moment, je ne me suis posé cette question. Pour moi, Nathalie Baye était anecdotique dans Les Hommes de l’Ombre. C’est un beau personnage et une belle comédienne, mais le centre de l’histoire, cela reste ces fameux hommes de l’ombre ».

Gabrielle Tackichieff (Aura Atika)

Gabrielle Tackichieff (Aura Atika)

E.D. : « Si Bruno Wolkowitch était parti, on n’aurait probablement pas dit la même chose. C’est quand même une série sur les coulisses de l’Etat raconté du point de vue des communicants. Ce sont eux les héros ».

C.d.L. : « Quand on a commencé à travailler sur ce projet, peu de gens savaient ce qu’était les Spin Doctors. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Je pense que la série évoque aujourd’hui un sujet qui est moins abscons pour le grand public. Des documentaires, des émissions ont été consacrés à ces professionnels. Les conseillers en communication sont des gens qui existent dans l’imaginaire français, désormais. Ce n’était pas forcément le cas en 2012 ».

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