
Humans : Doit-on avoir peur quand les robots s’adaptent ?
Humans est l’adaptation anglo-américaine de celle qui est connue chez nous sous le nom de Real Humans, la suédoise Akta Manniskor.
Démarrée à la mi-juin sur Channel 4, elle permet à la chaîne de remporter sa meilleure audience depuis 20 ans et s’en est bien sortie plus récemment pour son démarrage sur AMC. Mais qu’en est-il de cette adaptation ?
A la vue de son pilote, diffusé à Série Series 2015 au cours de la soirée d’ouverture, la série dans cette nouvelle version reprend l’essentiel de la série d’origine. Des robots humanoïdes, les « synth » (équivalent des hubots suédois) sont le dernier objet à la mode. Malgré leur ressemblance avec les humains, les « synth » ne sont que des machines faites pour nous servir. Nous servir de femme de ménage, d’infirmière, de main d’œuvre pas cher et infatigable. Mais un petit groupe d’entre eux sont capables d’indépendance d’esprit et d’émotion et c’est pour cela qu’ils sont traqués par une compagnie.
En gardant à peu près les mêmes personnages, cette adaptation nous emmène sur des chemins différents. Dès le générique, l’idée maîtresse de la série apparaît sensiblement différente : en enchaînant et mêlant les images de robots et de physiologie, on est directement porté par l’idée des rythmes d’évolution des espèces (robotique et humaine) et la naissance possible de l’hybride.
Là où la série suédoise démarrait sur l’impact de l’arrivée de ces robots à tout faire dans le quotidien et la société en général, ici on plonge directement au cœur de l’action, au plus proche de personnages. L’atmosphère est plus tendue et la frontière entre les synths et les humains plus fine. Esthétiquement, les synths sont plus proches des humains que leurs cousins hubots ne l’étaient. Leur peau est moins plastifiée, leur gestuelle moins parfaitement maîtrisée. La production anglo-saxone mise ainsi clairement plus sur un suspense appuyé, dépouillant alors le téléspectateur d’un attachement profond aux synths, les positionnant comme une menace plutôt que comme la métaphore d’une minorité visible.
Le remplacement dans le cadre de l’intime est au cœur de ce pilote. La mère de famille a peur de se voir remplacer par cette parfaite nounou ; le mari qui travaille par ce robot qui prend soin de sa femme. Les synths sont moins considérés pour leur différence que comme une version améliorée de l’humain et toute la peur vient de là.
Ceux qui ont vu Real Humans pourront espérer un développement différent de l’intrigue et peut-être un approfondissement plus net de la question de la place des émotions dans nos sociétés. Les autres découvriront ce monde avec angoisse et on leur conseille de courir découvrir les deux saisons de la version suédoise, qui n’aura malheureusement pas de suite.