
I am Spartacus ! (Bilan de la saison 3)
Il fallait bien que ça se termine un jour. On n’a pas été prit en traitre, on a été prévenu. Dès le départ, on le savait, cette saison 3 (ou 4) de Spartacus allait être la dernière. Choix d’auteur, pas de chaînes, les audiences de la fiction de gladiateurs étant toujours aussi bonnes. Évidemment, quand un auteur annonce lui-même sa sortie, on s’attend à ce que la fin soit quasi parfaite, du moins bien structurée. Qu’en fut-il ?
Spartacus a vaincu Glaber et ses hommes. Une victoire sans appel, qui a montré la supériorité tactique de Spartacus, et le fait que les romains n’arrêtent pas de le sous-estimer. L’histoire de Spartacus raconte que plusieurs généraux romains se sont cassés les dents sur le mythe avant son duel avec Marcus Crassus. C’est à ce moment de l’histoire que la saison 3 démarre.
Marcus Crassus est un notable intelligent, combattant émérite, qui a une profonde estime pour ses esclaves (oui, même à écrire, cette phrase est étrange). Il se bat chaque jour avec un ancien gladiateur pour apprendre des techniques de combats que Rome ignore. Il est proche et écoute les conseils de Kore, superbe jeune femme brune, alors qu’il n’écoute plus sa femme. Il est l’adversaire parfait pour se jouer de Spartacus. Jamais il ne le considère comme un “sauvage”, jamais il ne se cache derrière la supposée supériorité de Rome. Pour lui, Spartacus est un noble adversaire, un égal, un général d’armée, et c’est ainsi qu’il compte le vaincre.

A gauche : Jules « Annus Horribilis » Cesar (blague d’initié)
A droite : Marcus Crassus (désolé, pas de blague)
A ses côtés, son fils, jeune chien fou imprudent, pas totalement adulte. Il a envie de grandeur, de gloire, mais n’en a clairement pas la carrure. De l’autre, un autre chien fou, mais bien plus sournois et charismatique: Jules Cesar, encore jeune et fougueux. Avec cette équipe, Crassus se pense bien armé pour faire tomber Spartacus…
De son côté, le “bringer of rain”, a vu ses effectifs se multiplier. Il ne dirige plus un groupe de renégats, mais une armée impressionnante. Aidé de ses généraux Agron et Crixus, il protège un contingent impressionnant d’anciens esclaves. Il ne s’occupent plus d’un bataillon, mais d’une nation. Le nom de Spartacus est devenu mythique. Si un esclave va jusqu’à le prononcer, il est lapidé. Au-delà du combattant, il est devenu un motif d’espoir, donne des envies de rébellion.
Au-delà du fabuleux combattant qu’il a prouvé être, sur le sable de l’arène comme dans les forêts romaines, Spartacus s’avère être un stratège brillant, un véritable chef d’armée, cérébral et réfléchi. Agron, son fidèle lieutenant, le suivrait jusqu’à la mort. Crixus ne réfléchit pas et veut du sang romain, toujours et encore. Gannicus, dont les épaules sont assez larges pour endosser le rôle d’un lieutenant, continue de se considérer comme un sous-fifre et passe son temps une cruche de vin à la main, noyé dans l’alcool.
Pour une sortie, c’est une sortie flamboyante. Pas toujours bien équilibrée, pas toujours réussie, mais satisfaisante comme peu. Par moments, la série fait penser à Lost, pour sa faculté à laisser le téléspectateur la mâchoire tombante devant une stratégie gagnante, un retournement de situations, ou une action inattendue d’un personnage. Spartacus a cependant un net avantage sur la série des naufragés : elle tient la route sur la longueur (1).

« Quand on arrive en vile, on arrive de nulle part…
On n’a pas l’air virils, mais on fait peur à voir… »
Platon
Jusqu’au septième épisode de la saison, la tension monte crescendo. Le final de cet épisode est un des plus mémorables de cette saison de télé, un morceau de bravoure, une démonstration d’intelligence et de courage. Le 8e est beaucoup plus problématique, mais il semble souffrir d’un écueil impossible à éviter. (2 – SPOILER MASSIF, ATTENTION)
D’autres problèmes viennent de l’interprétation de certains personnages. Au premier rang desquels : Tiberius, fils de Marcus Crassus, joué sans aucune finesse, appuyant chaque scène, incapable de subtilité. Naevia, problématique depuis le recasting entre la saison 1 et 2. L’actrice n’a aucun charisme, et semble changer de personnalité tous les 4 épisodes. Enfin, même si c’est moins flagrant, l’interprête de Jules Cesar (Todd Lasance), ressemble à un Brad Pitt du pauvre. Il ne démérite pour autant pas.
Au rang des satisfactions, et elles sont nombreuses, Manu Bennett a droit à son heure de gloire. Pas évident tant Crixus est un personnage primaire au possible. Daniel Feuerriegel (Agron) et Pana Hema Taylor (Nasir) forment un couple émouvant, unit par le sang et le combat, dont on espère tout le long de la série qu’un avenir radieux les attend. Dustin Clare (Gannicus), passé le running-gag de la cruche (qui trouve une conclusion hilarante et jubilatoire), est d’une profondeur assez incroyable. Simon Merrels (Crassus) a un charisme fou et une présence incroyable.
Pour les personnages féminins, pas forcément les plus mis en avant dans cette saison, le personnage de Kore se détache. Après un début de saison qui la voit partager la couche de son maître, elle se voit donnée l’insigne honneur de le suivre au combat et de l’appeler par son nom. On sent un amour sincère entre les deux, pourtant né de la pire des façons. Jenna Lind offre une performance pleine de fragilité désarmante. Ellen Hollman (Saxa), a un charisme incroyable. Sorte de déesse de la guerre, toujours le visage déformé par les hurlements, elle s’avère aussi touchante qu’elle est impressionnante à voir évoluer.
Liam McIntyre débute la saison 3 comme il avait joué la deuxième, un peu en retrait, plus discret que ne l’était Whitfield. Évidemment, il ne pouvait pas jouer de la même façon, d’autant que le personnage Spartacus avait changé, de toute façon… de rebelle il devait devenir leader, se poser, réfléchir pour ne pas emmener tout le monde vers une mort certaine. Dans les derniers instants de la série (dont une ouverture de dernier épisode incroyable), on retrouve la sauvagerie du personnage, son charisme bestial, son imposante stature.
Après un neuvième épisode qui offre un clin d’œil à la première saison, sous forme d’hommage aux gladiateurs, le final est une succession d’émotions viscérale. A la jubilation du combat, de ses rebondissements très “Braveheartiens”, du moins pour le premier, se succède la peine de voir des personnages qu’on a aimé connaître un destin funeste. Avant même cette confrontation finale, la série nous offre une scène merveilleuse, où Crassus se tient en haut d’une colline, Spartacus à ses côtés, et discutent. Dans ce dialogue, on sent que Crassus le traite comme son égal, le respecte, mais ne le craint pas.
Parler de la toute fin serait gâcher le plaisir de certains, même s’il suffit de consulter wikipedia pour en savoir plus qu’il n’en faut sur le destin des personnages. C’est un final qui mêle furie, rage, larmes et jubilation, qui fonctionne en trompe-l’œil quand on compare les moyens de la télé avec ce qui nous est montré. C’est un final brillant, en de nombreux points, qui prend soin de clore les histoires de chacun avec les honneurs qui leur sont dus.
Qu’il fut long, le chemin, avec Spartacus, et le générique de fin qui nous montre des personnages issus de chaque saison, rappelle à quel point la série a changé, évolué, mûri (3). D’un série tape-à-l’oeil est grossière, elle s’est transformée en curiosité attrayante. Avec cette fin on peut le dire que, s’il fallait s’accrocher, ça valait le coup : Spartacus était une grande série. On la regrettera.
SPARTACUS, War of the Damned (STARZ)
Showrunnée par Steven S. DeKnight
Avec : Liam McIntyre (Spartacus), Manu Bennett (Crixus), Dustin Clare (Gannicus), Dan Feuerriegel (Agron), Simon Merrells (Marcus Licinius Crassus), Todd Lasance (Gaius Julius Caesar), Pana Hema Taylor (Nasir), Ellen Hollman (Saxa), Anna Hutchison (Laeta), Jenna Lind (Kore), Gwendoline Taylor (Sibyl)
(1) : on est d’accord, difficile de comparer une série du câble qui possède 39 épisodes dont 6 centrés sur une préquelle, avec une série de network qui en compte 121. Mais bon…
(2- RAPPEL, CA SPOILE) : Cet épisode raconte la séparation en deux camps des révoltés, l’un mené par Spartacus, afin d’atteindre les montagnes et de quitter l’Empire. L’autre mené par Crixus, décidé à marcher sur Rome. Le chemin de l’un est long, jonché de batailles gagnées face aux légions romaines, et dont la fin sera tragique. Celui de l’autre est une longue marche tranquille. L’épisode semble couvrir plusieurs semaines, et on a du mal a ressentir les évolutions. Il est maladroit, et aurait certainement mérité qu’on s’y attarde. Problème : en faisant celà, en montrant 40 minutes de Crixus qui se bat pour 10 de Spartacus qui fait un trek en faisant des papouilles à sa nouvelle copine romaine… on perd le sens de la série. Et ne pas montrer la fin de la quête de Crixus aurait été injuste envers le personnage.
(3) : Le plan final du générique nous montrant Andy Whitfield crier « I am Spartacus! », c’est un peu la goutte d’eau émotionnelle, en passant…
« Spartacus était une grande série. On la regrettera. »
Je suis entièrement d’accord. Pourtant pour beaucoup elle est synonyme de violence gratuite, de perversion , etc..
Je n’ai lu que la moitié de cet article car je n’ai pas encore commencé cette saison 3,mais maintenant je suis impatient.
Spartacus…quelle série.
je viens de finir cette série pour la seconde fois,
Je ne m’en lasse pas!
Même aujourd’hui, je regrette encore que cette série ce soit terminée.
Rare sont les séries/films qui m’ont submergé d’émotions. Les acteurs jouent à merveille leur rôle, on s y attache.
Mais on s’attache surtout à redécouvrir ou même découvrir l’histoire qui fut celle du rebelle spartacus, dans sa quête pour gagner sa liberté.
L’histoire voudrait que l’on se souvienne des hommes qui ont eu un jour, le loisir de gouverner le monde.
Moi, je préfère me souvenir des hommes qui ce sont battus au nom de la liberté.
Spartacus est la série que j’ai jamais vue. C’est a meilleure série qui ait existé, jamais il n’y en aura une comme elle. Je remercie et félicite son réalisateur pour les moments merveilleux qu’il m’a donnés en regardant cette série bien que cette série ne s’est pas terminée comme je l’escomptais.
Je demande sincèrement à son réalisateur de penser à une nouvelle saison où Agron et Nasir doivent continuer la bataille afin de bannir l’esclavage en Rome. Il est vrai que Spartacus et sa troupe sont mort dans la liberté mais qu’adviendrait-il des autres esclaves qui ne sont pas encore libérés??
Nous attendons la prochaine saison de spartacus et si impossible, nous la vivrons dans esprit esprit.
Ryes