
#Critique L’île de Peter : détour en pays de Pan
Alex Nikolavitch nous invite à partir au Pays Imaginaire, mais un Pays bien particulier. Un monde qui ressemble à celui décrit par James Barrie, sans l’être vraiment.
L’histoire : Elle s’appelle Wednesday. Elle est flic à New York. Le New York de notre époque, avec ses lumières et ses univers. Lors d’une enquête, elle se retrouve à suivre un drôle de marin et à être transportée malgré elle dans une île où existent des fées, des Indiens, mais aussi le Capitaine Crochet et Peter Pan, il va falloir rapidement s’adapter pour espérer survivre.
Mon avis : Ça avait pourtant si bien commencé. Une histoire avec une vraie héroïne, un méchant pas si méchant qui lui colle aux basques, Jamaïcain et sorcier. Une fée clochette étrangère, une Lily la Tigresse avec de l’ambition, un Mouche enfin caractérisé. Une mosaïque de personnages qui évoluent dans un monde que l’on connaît, par la lecture des livres, bandes dessinées, la vision du Walt Disney. Bref, c’est un sacré challenge que d’aller se promener, d’écrire, sur un endroit que tout le monde connaît un peu. Et là, on nous promet une visite en bonne compagnie.
Le propos commence à monter, il y a une question de mythes, d’archétypes, une île vivante et des personnages sexués. Pourtant, tout s’accélère beaucoup trop rapidement dans un second temps. Les personnages agissent de plus en plus de façon erratique, on ne sait plus pourquoi les gens agissent, Lily se retrouve démunie alors que Mouche se perd dans ses propres connaissances. Au final, lorsque tous les mystères sont levés, le lecteur se trouve face aux révélations. Il sait tout. Pourtant, il aurait souhaité garder peut-être une part de mystère et rester plus longtemps en compagnie des héros présentés dans ce livre.
Mais l’île de Peter, finalement, appartient à l’imaginaire collectif. Libre à nous de retourner dans un nouveau Pays Imaginaire. Un peu différent. Le nôtre.
Si vous aimez : Peter Pan a la sauce vaudou, avec un côté sombre à la Loisel.
Autour du livre : Alex Nikolavitch est aussi l’auteur d’Eschatôn, mais a commencé du côté de la bande dessinée en tant que scénariste, et traducteur pour de nombreux comics, notamment V pour Vendetta. Pour lire son blog, c’est par ici.
Extrait : « La bête renifla. Ce qu’elle avait senti ne lui avait pas chatouillé les naseaux, c’étaient d’autres sens qui se trouvaient mis en jeu. Mais cela ne lui coûtait rien de contrôler ses intuitions de ses propres yeux et de son propre mufle.
Un autre prédateur venait d’arriver sur l’île. Une créature redoutable. Il faudrait lui apprendre qui était le maître, ici, comme la bête l’avait appris à l’autre. Un bon coup de dents y pourvoirait, histoire de montrer qui était le plus fort, et qui pouvait vite devenir une proie apeurée.
Mais l’animal n’avait pas vécu aussi longtemps en se jetant à l’assaut tête baissée. L’autre avait eu des armes, et le souvenir de la douleur cuisante qu’elles occasionnaient lui chatouillait encore les écailles dans le frais du soir.
Il faudrait approcher en silence, sous le couvert de la surface trouble des eaux. Renifler encore. Voir de ses yeux. Entendre les sons caractéristiques et les voix. Apprivoiser la menace.
Puis bondir. Et mordre, mordre, mordre et mordre encore, avant de pouvoir retourner digérer le ventre à nouveau plein et la conscience apaisée. »
L’Île de Peter
Écrit par Alex Nikolavitch
Édité par Les moutons électriques.