
« Inaccessible » : Aime-moi jusqu’à l’oubli
L’histoire : Elle est la seule survivante d’un crash d’avion. Pas une égratignure. Pourtant, elle ne se rappelle de rien. Et elle n’est pas sur la liste des passagers. Et pas de famille pour la récupérer. Une jeune fille de seize ans, qui parle plusieurs langues, est extrêmement forte… Et ce jeune homme, qui dit la connaître et pour qui son cœur bat étrangement. Et ces hommes qu’elle sait qu’elle doit fuir. Qui est elle ? À qui faire confiance ?
Mon avis : Premier roman d’une trilogie, le roman de Jessica Brody nous entraîne dans notre univers, vu par les yeux d’une adolescente qui ne sait plus ce qu’est une carte de crédit ou comment il faut s’habiller. Mais là où il pourrait être un bon roman de SF, l’auteure nous perd dans une romance, une histoire d’absolue qui tombe un peu à plat.
De plus, décrite comme « parfaite », la belle inconnue (Violette/Jane Doe/Sera) est surtout d’une beauté classique : le teint doré, les cheveux châtains, grande, un nez fin, des yeux violets, c’est dommage de ne pas présenter d’autres modèles de beauté (ha, même Katniss, dans Hunger Games ne connaît ni n’apprécie le rôle joués par la cire et les rasoirs). Elle sait se battre, elle a une super mémoire, bref, c’est Max de Dark Angel. À seize ans.
Dommage, l’histoire aurait pu poser plus profondément les questions sur le rôle de la mémoire. Là, nous restons en surface : que faire quand on ne se souvient de rien (réponse : il suffit d’écouter son cœur) mais qu’on est capable de lire les gens, quand son visage s’échauffe et son rythme cardiaque s’accélère quand le garçon s’approche, que l’on veut fuir face à des hommes en noir… Heureusement que le final, le cliffhanger, relance une histoire un brin plate, très manichéenne, et finalement donne un peu plus envie de lire la suite. C’est un départ un brin poussif pour cette trilogie, mais on ne peut s’empêcher de se demander : « et après » ?
Si vous aimez : Stephenie Meyer perdue au royaume des séries B avec un détour par la série Le Caméléon. Bref, si la Trilogie du Samedi Soir rencontrait Harlequin.
Autour du livre : Jessica Brody a déjà écrit des livres pour adultes, En toute discrétion et Confidentialité assurée.
Extrait : « Je m’assieds dans le fauteuil à bascule et me balance d’avant en arrière. Le mouvement me calme. La gamme de mouvements est limitée. Confinée. Ça rentre dans une case.
J’aime bien les choses qui rentrent dans des cases. Surtout des cases qui ont des étiquettes.
En revanche, les choses qui n’ont pas de contours bien nets, qui n’ont pas d’étiquette me dérangent.
J’ai beau m’interdire de le faire, je pense quand même au garçon. Je ne peux m’en empêcher. Il me fascine. Et m’exaspère en même temps.
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Peut-être rien.
Peut-être tout.
Il n’était pas comme Cody. Il était grand. Plus grand que moi. Son visage était long, de forme ovale. Ses bras n’étaient pas maigres, mais subtilement dessinés par des muscles. J’en déduis que ça signifie qu’il a déjà eu « son pic de croissance », comme dit Heather. Ce qui veut dire qu’il est plus âgé que treize ans. Je me surprends à regretter de ne pas avoir un meilleur système de référence. »
Sortie : le 24 avril 2015, éditions Au Diable Vauvert, 448 pages, 18 euros.