Indochine – T. 1 : Adieu, vieille Europe de Pécau et Maza

Indochine – T. 1 : Adieu, vieille Europe de Pécau et Maza

Note de l'auteur

Des ciels de traine de notre douce France au camaïeu de bleu de ceux d’Extrême-Orient, attachez vos ceintures et prenez place dans les aéronefs « old school » de cette nouvelle série, Indochine, qui débute à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Vous risquez d’en prendre plein les yeux et même plein les oreilles avec cette œuvre de fiction historique basée sur un destin réel. PNC, armement des toboggans, préparez-vous au décollage.

L’histoire : 1946, les cendres de la Deuxième Guerre mondiale sont encore fumantes et un jeune pilote d’avion français n’a d’autre choix que de continuer le combat sur un autre champ de bataille, celui d’Indochine. Armand Baverel va découvrir cette colonie française qui recèle tous les ingrédients de la future Guerre froide. Au mépris du danger, cette tête brûlée est de tous les bons et mauvais coups.

Mon avis : Ah, les charmes de l’Orient, ça vous grise un homme. En vrai, le héros de cette série, prévue en trois tomes, n’en a guère besoin. Il fait partie de cet espèce qui se révèle au feu. De ceux qui ont besoin d’adrénaline en continu pour se sentir vivre. Armand Baverel est de ceux-là. Que ce soit celui né dans la vraie vie en Rhénanie-Palatinat et de qui cette BD s’est inspirée librement ou son jumeau dans ces planches qui, non-content de libérer son pays sous la bannière de la Royal air force chère aux Britons, remet le couvert en Indochine française. Cet ouvrage traduit bien l’état d’esprit de ces frères d’armes qui ne pourront jamais dételer après la WWII. Même si en l’espèce, Armand Baverel n’a pas trop d’autres latitudes.

Et puis, le personnage narré a de quoi susciter l’intérêt et la sympathie. C’est un as des airs, capable de toutes les audaces mais c’est aussi un homme sans limites. Cabochard, bambochard, musicien avec un sens de l’humour poussé, on a bien envie d’aller se boire quelques chopines à ses côtés. Il a tout du bon pote un peu revêche qui attire les regards.

Le scénario, avec Pécau toujours, est au rendez-vous mais ces planches sont merveilleusement servies par le talent de Maza. Comme sur le précédentes séries jumelles, Usa über alles et Luftballons, le dessinateur bosnien amène, avec son crayon, un rythme et une hauteur incroyables. Avec ce trait si précis, on voyage tout simplement en compagnie des P47 Thunderbold, des Beechcraft ou des Mustang. Plans serrés, larges, c’est du grand art.

Pour le scénario, c’est encore bien vu. On est dans un entre-deux dans un conflit oublié le temps des guerres mondiales. Dans des événements qui veulent taire leur nom. Si bien que Baverel musarde entre armée officielle et services secrets extérieurs ; ses missions sont à la fois militaires et barbouzes. C’était alors très dans l’air du temps.

Y’a tout pour plaire dans ce nouveau rendez-vous des duettistes du ciel. C’est donc une franche réussite avec des auteurs qui réussissent à se renouveler dans cette collection qui vole très haut.

Si vous aimez : la maxime d’Antoine de Saint-Exupéry : « Un pilote ne meurt jamais, il s’envole juste et ne revient pas.

En accompagnement : c’est assez évident mais toujours bon à ré-écouter : L’aventurier d’Indochine.

Autour de la BD : Jean-Pierre Pécau, c’est énormément de choses mais avec un fil conducteur auquel il est très souvent fidèle, c’est le rapport à l’Histoire.

Maza perpétue sa collaboration avec son co-auteur favori. C’est aussi et surtout un spécialiste de voltige aérienne (Wundervaffen, Lady Spitfire, Space reich…). Dès que ça vole, quel que soit l’engin, il n’est pas loin.

Extraits : Bombardements allemands sur l’Alsace du 1er janvier 1945 au matin.

« Bordel de merde ! C’est le Réveillon ! Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? On est le 1er janvier ! »

« Faut croire que personne ne leur a dit… »

« Sergent, mon zinc est prêt ? »

« Vous étiez supposé être dedans en alerte, si je peux me permettre… Alors oui, il est prêt… Lieutenant, votre parachute! »

« Pas le temps ! »

Écrit par Jean-Pierre Pécau
Dessiné par Maza
Édité par Delcourt

Partager