
Interview – Don Broco révolutionne le rock
Moins de quatre mois après la sortie du tonitruant Technology, Don Broco fait son grand retour à Paris pour un concert électrique. Quelques minutes avant leur entrée en scène, nous avons échangé quelques mots avec Matt Donnelly et Simon Delaney.
Daily Mars : Dix ans après la création de Don Broco, votre rapport au succès a-t-il évolué ?
Simon Delaney : Selon moi, notre définition du succès a évolué au même rythme que le groupe. Lorsqu’on a commencé, on pensait que tourner ne serait-ce qu’une fois en Europe ou aux États-Unis signifierait qu’on avait du succès. Mais plus on jouait dans ces endroits, plus notre rapport au succès changeait. Plus les salles s’agrandissent, plus on en redemande !
Matt Donnelly : Tout c’est fait progressivement pour nous. Après avoir sorti des albums et tourner pendant dix ans, on n’est pas vraiment familier du terme « succès ».
Dans une précédente interview, vous mentionniez vouloir être « le plus grand groupe du monde ». Est-ce que vous gardez ça à l’esprit quand vous composez ?
S. D. : Plus maintenant, mais lorsqu’on travaillait sur Automatic, notre label nous mettait la pression pour qu’on sonne de tel ou tel manière. Il ne nous disait pas quoi écrire, mais il fallait que ce soit prêt à passer à la radio pour avoir du succès. Aujourd’hui, on ne pense plus vraiment à tout ça. On écrit juste ce qui nous vient. Notre objectif, c’est de sonner le mieux possible en live.
Technology est donc moins… automatique ?
S. D. : C’est clairement un album plus spontané. On ne réfléchissait plus des heures sur un morceau ou un autre, on se décidait tout de suite. Oui ou non et on avance !
Plusieurs critiques décrivent Technology comme un retour aux sources, est-ce justifié ?
M. D. : Il incarne tout ce qui fait qu’être en groupe est fun. Le fait est qu’on a évolué, on est plus expérimenté, mais on voulait qu’enregistrer cet album sonne comme si l’on venait juste d’entrer en studio. Si c’est sympa à jouer, alors ce sera sympa à écouter… c’est tout ce qui nous préoccupait.
Seize morceaux, c’est…
M. D. : C’est beaucoup.
S. D. : On en a mis quelques uns au placard, mais on avait sorti tellement de chansons avant la sortie de l’album qu’il fallait que les gens en aient pour leur argent.
M. D. : Après avoir sorti six chansons, il fallait qu’écouter l’album entier fasse l’effet d’un cadeau de Noël. On ne voulait pas que les gens aient l’impression d’avoir déjà entendu tout ça.
Multiplier les styles musicaux est-il un moyen de ne pas être facilement classable ?
S. D. : On a tous des goûts musicaux assez variés et on se nourrit de nos influences respectives. On est fana de hip hop, de R’n’B, de pop et de metal bien sûr. Donc, quand on compose on va piocher là dedans. Ce n’est pas conscient, mais ça nous permet d’avoir un son assez unique.
Quelle serait votre influence la plus surprenante ?
S. D. : J’écoute pas mal de Prince, mais pas mal de gens disent que ça s’entend alors je ne sais pas… Il va falloir que je réfléchisse.
Comment décririez-vous votre musique à quelqu’un qui ne vous a jamais écouté ?
M. D. : C’est clairement fun…
S. D. : Pas mal lourd !
M. D. : Et très frontal. Soit vous accrochez, soit ce n’est pas votre came du tout parce que c’est compliqué de passer à côté.
Peut-on dire que votre musique sonne plus américaine que britannique ?
S. D. : Je pense que la production de cet album est plus américaine dans le sens où le son des guitares et des percussions est plus poli. Le rock britannique est plus associé à des sons crus et plus grossiers. Là on est sur quelque chose de plus propre.
M. D. : Mais nos paroles sont clairement britanniques. Je ne suis pas sûr que les Américains comprennent certaines de nos références.
En parlant de références, vos clips en sont chargés ! Ce côté violent et ironiquement entraînant n’est pas sans rappeler Pumped Up Kicks de Foster The People…
S. D. : Ça s’inscrit totalement dans cette veine-là. Nos clips reflètent pas mal notre humour un peu violent, drôle et décalé. C’est super de pouvoir utiliser la vidéo comme un outil créatif supplémentaire pour exprimer ce qu’on ressent.
M. D. : Nos clips ont quelque chose de ces films d’horreur qui sont si mauvais qu’ils en deviennent drôles. C’est vraiment cool de pouvoir expérimenter avec ce genre de choses.
Que comptez-vous faire à l’issue de la tournée ?
S. D. : On n’est pas du genre à refaire deux fois la même chose, donc le prochain album sera sûrement très différent des précédents.
Vous aviez déjà donné un concert à Paris il y a quelques mois, que pensez-vous de votre public ici ?
S. D. : On a toujours été très bien a accueilli à Paris et on adore cette ville, alors ce n’est que du positif.
Au vu de la foule qui vous attend, il semblerait que votre public soit principalement féminin…
M. D. : On a remarqué qu’il y avait bien plus de filles que de garçons qui venaient à nos concerts parisiens. En Grande-Bretagne, c’est plus paritaire. Je pense que c’est dû au fait que notre plus grosse tournée européenne ait été avec Five Seconds of Summer. Leur public est majoritairement féminin, du coup le nôtre l’est devenu.
Pour finir, quelle serait selon vous la bande-son de cette interview ?
S. D. : En chemin vers la salle, on écoutait la bande originale de The Greatest Showman à fond, depuis j’ai les chansons dans la tête non stop. Notre prochain album va sonner exactement comme ça ! (rires)
J’ai aimé le film donc je ne vais pas me plaindre, mais je ne sais pas si ce sera le cas de vos fans ?
M. D. : On ne sait jamais, on ne peut pas battre Hugh Jackman.
Propos recueillis, traduits et adaptés par Jessica Saval