#Interview – En tête-à-tête avec le leader de Procol Harum

#Interview – En tête-à-tête avec le leader de Procol Harum

Auteur d’un des plus grands succès de l’histoire du rock progressif, Procol Harum est ce que l’on pourrait sans peine – ni originalité, on vous l’accorde – appeler un groupe culte. À deux jours de son concert au Trianon, nous avons rencontré son leader, Gary Brooker.

Daily Mars : Commençons par le commencement, le nom Procol Harum a-t-il une signification quelconque ?

Gary Brooker : La première fois qu’on a entendu ce nom, c’était celui du chat d’un de nos amis. On a trouvé que ça sonnait bien. Ça ne voulait rien dire et c’était différent de tout ce qu’on avait pu entendre donc on l’a adopté. Épelé correctement, ça doit vouloir dire « au-delà de ces choses » en latin.

Comment définiriez-vous votre musique ?

G. B. : Tout ce que je sais c’est que ça ne sonne que comme du Procol Harum. On a commencé à faire les choses de manière progressive alors que le rock progressif n’existait même pas. On retrouve généralement un grand nombre de genres musicaux dans nos albums. Ce mélange, ça doit être ça Procol Harum.

Reprendre le chemin des studios après quatorze ans d’absence a-t-il été difficile ?

G. B. : On ne s’est jamais arrêté de tourner, mais on n’avait pas eu une bonne raison de retourner en studio jusque-là. Quand on s’est rendu compte que Procol Harum allait avoir cinquante ans en 2017, on s’est dit que si une telle occasion ne nous poussait pas à sortir de nouvelles chansons, ça ne se ferait jamais. Les progrès techniques ont rendu tout ça plus facile et ce, même si on enregistre toujours en même temps, dans le même studio, comme dans les années 60. La seule différence, c’est que ça sonne mieux aujourd’hui.

Considérez-vous que l’enregistrement au format numérique soit une bénédiction ou une malédiction pour l’industrie musicale ?

G. B. : Chacun peut enregistrer de la manière qu’il le souhaite. Ce que je trouve dommage c’est la dégradation de ce que l’on propose aux consommateurs de musique. La qualité sonore d’un fichier MP3 ne vaudra jamais celle d’un CD ou d’un vinyle.

Quel est le secret de votre longévité ?

G. B. : Si vous n’êtes bon à rien d’autre, autant continuer de faire ce que vous savez faire ! Plus sérieusement, tant que l’on vient nous voir en concert et que l’on achète nos albums, ça signifie qu’il y a une demande. Si personne ne s’intéressait à nous, nous n’aurions aucune raison de continuer.

Vous prévoyez donc de célébrer les soixante ans de Procol Harum ?

G. B. : Si on est toujours en état, pourquoi pas ! Quand on a commencé, on ne pensait même pas que ça durerait dix ans, alors cinquante ! Pourtant, on est toujours là. Il ne faut jamais dire jamais. Un jour on mourra sur scène, et là ce sera la fin.

Parvenez-vous à expliquer le succès tonitruant de « A Whiter Shade of Pale » ?

G. B. : Malgré toutes ces années, ça demeure un mystère ! Je ne m’explique pas comment une chanson qui ne ressemblait à aucune autre a pu séduire autant de gens aux quatre coins de la planète !

Vous arrive-t-il de penser à ce que votre carrière aurait pu être sans ce tube ?

G. B. : Je pense que l’on aurait eu du succès, quoi qu’il arrive. Mais « A Whiter Shade of Pale » nous a ouvert un nombre incroyable de portes, c’est indéniable.

Une des nombreuses reprises de « A Whiter Shade of Pale » a-t-elle votre préférence ?

G. B. : La version instrumentale qu’a enregistrée le saxophoniste Tim Curtis doit être une de mes préférées. Celles d’Annie Lennox et Joe Cocker sont plutôt biens.

En cinquante ans, vous avez partagé la scène avec les plus grands. Auriez-vous une anecdote à nous faire partager ?

G. B. : J’étais en tournée avec Ringo Starr et j’ai eu le malheur de lui dire que je trouvais qu’il n’avait pas suffisamment annoncé mon nom. Il m’a annoncé avant, après, voire parfois pendant toutes chansons qui ont suivi ! J’aurais dû tenir ma langue !

Propos recueillis, traduits et adaptés par Jessica Saval

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