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INTERVIEW : Gary Michael Walters : « Whiplash était un très gros risque »

INTERVIEW : Gary Michael Walters : « Whiplash était un très gros risque »

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Grand Prix et prix du public au festival de Sundance, Grand prix du festival de Deauville, des standing ovations un peu partout dans le monde, un accueil critique globalement aux anges… et beaucoup d’espoirs pour les prochains Oscars en tant qu’outsider. Second long métrage de Damien Chazelle, Whiplash s’est incontestablement distingué comme LA sensation « indé » de l’année 2014.

En coulisses, trois sociétés ont uni leurs efforts pour assurer la fabrication du film et organiser une stratégie de lancement adéquate : Blumhouse Productions, Right of Way Films et Bold Films. GARY MICHAEL WALTERS, PDG de Bold Films, a bien voulu nous dévoiler les coulisses de la production de Whiplash : une petite leçon d’audace dans un paysage cinématographique américain qui, contrairement à l’image d’Epinal, ne se réduit pas forcément à une alternative entre blockbusters franchisés sans âme ou misérables budgets auteurisants.

Créée en 2004 par l’homme d’affaires belge Michel Litvak, industriel-mécène aux innombrables connexions et mystère à lui tout seul, Bold Films (littéralement « les films gonflés ») est une société de production indépendante, mais aussi structure de financement, basée à Los Angeles. Ses récents titres de gloire se nomment Drive, Night Call… et Whiplash. Ami et bras droit de Litvak, qui reste le principal actionnaire, Gary Michael Walters est le PDG de Bold Films, décrite sur son site web comme un « havre artistique pour les créateurs de films ».

Alors que Whiplash a électrisé la critique et les festivals en 2014, Walters détaille la genèse étonnante du film : d’abord un court métrage tourné par Chazelle et présenté à Sundance 2013 pour attirer l’attention d’investisseurs, puis un long métrage entièrement financé sur fond propres par Bold Films. Pari artistique à 100% de ses producteurs, Whiplash illustre un bel exemple de ce que le cinéma américain peut produire de meilleur dans un environnement artistique bienveillant et audacieux.

 

Gary Michael Walters, CEO Bold Films.

Gary Michael Walters, CEO Bold Films.

DAILY MARS : Comment Bold Films s’est-elle retrouvée impliquée dans Whiplash ?
GARY MICHAEL WALTERS : Nous sommes très proche de l’agence artistique WME (William Morris Endeavour -ndlr), qui est très active dans le financement des films indépendants. Ils représentent aussi Damien Chazelle et en mars 2013, ils nous ont envoyé le script de Whiplash et le court métrage de Damien après sa projection à Sundance. Le film que vous connaissez aujourd’hui était déjà entièrement dans ce court : l’intensité, la cinématographie, la relation au centre de l’histoire, les mouvements de caméra, le montage… C’était un court métrage vraiment impresionnant et sur cette seule base, Michel Litvak et moi-même avons décidé de produire le film à l’issue de notre premier rendez-vous avec Damien. Ca se passe rarement aussi vite !

Trois sociétés de production figurent au générique de Whiplash : Bold Films, Blumhouse Productions et Right of Way Films. Qui a fait quoi exactement ?
GMW : Blumhouse et Right of Way avaient produit le court métrage et souhaitaient rester à bord pour le long. Jason Reitman, le patron de Right of Way, a joué le rôle de parrain créatif de Damien Chazelle, il lui a donné beaucoup de conseils en coulisses sur le tournage du film. Reitman est un auteur réalisateur canadien de grande renommée et il est aussi le fils d’Ivan Reitman. La plus grande contribution de Jason Blum et de sa société fut d’assurer/gérer la production physique du film, tandis qu’Helen Estabrook, de Right of Way, était au quotidien sur le plateau pour assurer une fonction créative et veiller à ce que tout fonctionne dans les moindres détails. Elle a fait un boulot merveilleux.

Et donc quel rôle a joué Bold films ? Et vous-même en tant que producteur exécutif ?
GMW : Notre rôle varie d’un film à l’autre. D’habitude nous sommes entièrement impliqué dans la gestion de ce qu’on appelle l’épine dorsale du film. A savoir la production physique et la comptabilité. Mais sur Whiplash, nous nous sommes aligné sur Blumhouse et nous nous sommes un peu moins impliqué dans la supervision globale de la production. Nous contrôlions cependant tous les aspects budgétaires et la bonne exécution des contrats, qui n’étaient pas très compliqués parce que tout le monde était payé au minimum syndical… Nous avons entièrement financé le film et avons gardé les droits de distribution, domestique comme à l’international. Mais Whiplash était un projet très risqué qui, lorsqu’on regardait son potentiel, n’avait aucun sens sur un plan commercial.

« J.K. Simmons est incroyable mais on ne vend pas un film sur ses épaules »
Le terrifiant Pr de jazz Terence Fletcher (J.K Simmons) et à la batterie, son disciple martyr Andrew Neiman (Miles Teller)

Le terrifiant professeur de jazz Terence Fletcher (J.K Simmons) et à la batterie, son disciple martyr Andrew Neiman (Miles Teller)

Pourquoi « aucun sens » ?
GMW : Nous avons commencé la production du film sans la moindre prévente, ni le moindre financement d’une banque, ni de crédit d’impôt. Whiplash a été financé à 100% sur des fonds propres, ce qui est le pari le plus risqué que l’on puisse faire et que nous faisons rarement. Mais on croyait tellement fort dans ce projet que nous étions persuadé qu’une fois que les gens le verraient, sa valeur augmenterait sur le marché. Notre stratégie fut de tout miser sur l’effet Sundance. Et le timing fut magnifique : tous les deals sur le films furent signés en mai 2013, nous avons démarré la pré-production deux mois plus tard et le tournage a démarré en septembre. Il a duré 19 jours et en quatre semaines tournage inclus, Damien avait réussi à finaliser un montage suffisamment fort pour envoyer le film à Sundance. C’était une fenêtre de tir vraiment très courte et la qualité de Whiplash est d’autant plus impressionnante en examinant le film du point de vue de sa production.

Quel est le budget réel  de production du film ?
GMW : Autour de 3,5 millions de dollars, entièrement financés par Michel Litvak, sans pré-ventes, ni crédit d’impôt… Rien ! Le système du crédit d’impôt californien fonctionne comme une loterie et nous ne l’avons pas obtenu sur Whiplash. Mais nous tenions malgré tout à tourner à Los Angeles, alors que beaucoup de productions américaines désertent la ville. Nous y avons tourné Night Call et Drive, tout comme Whiplash presque tout le film a été tourné en intérieurs et extérieurs à Los Angeles, seulement deux jours ont été filmés à New York pour des plans d’extérieur par la seconde équipe. Heureusement pour nous que la projection à Sundance fut un triomphe, ce qui nous a permi de vendre très vite le film à Sony Pictures Classic. Notre stratégie fut donc la bonne mais elle était vraiment risquée. Ce fut un pari total sur Damien Chazelle et son script. J.K. Simmons est un acteur incroyable mais on ne vend pas un film sur ses épaules. Miles Teller commençait à devenir célèbre quand il fut engagé mais pas encore assez pour susciter des ventes sur son nom. Nous n’avions aucune star pour vendre ce film. Mais de temps en temps, il faut savoir prendre votre devis et le jeter par la fenêtre. et c’est ce qu’on a fait. On a brisé toutes nos règles avec Whiplash mais aujourd’hui on ne saurait être plus heureux de l’avoir fait.

« Sundance a fait Whiplash »
Damien Chazelle, réalisateur/scénariste de Whiplash, récompensé pour son film le 25 janvier 2014 au festival de Sundance à Park City, Utah. (Photo Chris Pizzello / Invision / AP).

Damien Chazelle, réalisateur/scénariste de Whiplash, récompensé pour son film le 25 janvier 2014 au festival de Sundance à Park City, Utah. (Photo Chris Pizzello / Invision / AP).

Le Festival de Sundance a donc été une étape cruciale pour le modèle économique de Whiplash ?
GMW : Sundance a “fait” Whiplash. Sans le succès à Sundance, les autres festivals ne l’auraient sans doute pas sélectionné. Remporter le créneau de la projection d’ouverture, gagner le Grand Prix, recueillir ce triomphe critique et la standing ovation a créé un buzz énorme et un effet marketing qui nous a aidé instantanément à vendre le film à Sony pour un très bon prix. Nous avions pas moins de 14 propositions après la projection en avant première là-bas, puis le choix s’est joué entre deux studios qui se sont livré à une guerre d’enchères. On a fini par privilégier l’offre de Sony Pictures Classic, qui n’était pourtant pas la plus élevée financièrement. Mais Tom Bernard et Michael Barker (co-présidents et co-fondateurs de Sony Pictures Classics, la division arty de Sony Pictures – NDLR) sont arrivé avec une proposition de stratégie marketing très intéressante et leur enthousiasme l’a emporté sur les autres offres financièrement plus agressives. Bien sûr que les dollars comptent, mais nous essayons de viser le long terme. C’est ce qu’on a fait avec Whiplash et on a eu raison : Whiplash est cette année le film sorti de Sundance à s’être le mieux vendu à l’étranger. Notre box office dépasse les 5 millions de dollars aux Etats-Unis et nous comptons sur la saison des récompenses pour continuer le chemin au box office. Mais d’ores et déjà, Whiplash est un succès financier pour tout le monde.

Quelle était justement la stratégie marketing de Sony pour la promotion de Whiplash, film sans star et réalisé par un inconnu ?
GMW : Une stratégie classique de bouche à oreille s’étalant doucement sur l’année. A l’inverse de gros films bénéficiant de larges combinaisons de salles et où le distributeur va claquer des tonnes d’argent en promotion deux semaines avant la sortie, Sony a surtout consacré un gros budget sur l’envoi du film en festivals et en projections privées génératrices de buzz. A l’heure actuelle, Whiplash est projeté dans une centaine de salles aux Etats-Unis et a encore rapporté 200 000 dollars le week end dernier. La moyenne par écran est donc toujours bonne et on croise les doigts pour que le 15 janvier, d’éventuelles nominations aux Oscars nous aideront à obtenir le même effet rebond que celui de Sundance. On est face à de plus gros films qui bénéficient de plus grosses stars et de plus gros budgets comme American Sniper, Wild ou The Imitation Game, mais on espère que les gens finiront par considérer notre petit film…

Whiplash est sorti le 10 octobre en salles aux Etats-Unis et comme vous l’avez dit, il n’a rapporté à ce jour qu’un peu plus de 5 millions de dollars. Pas trop déçu vu son accueil critique flamboyant ?
GMW : Détrompez vous, on est très content. Ca reste un petit film dramatique signé d’un réalisateur encore débutant, sans acteurs connus et dont le public cible est celui des cinéphiles curieux. Pour sa taille, son box-office est très satisfaisant et, encore une fois, sur les 150 films montrés à Sundance cette année, 30 ont trouvé un distributeur et Whiplash est celui qui réalise le meilleur score. Aurait-on pu faire mieux ? Sûrement mais d’abord tout n’est pas fini et surtout, gardez en tête qu’en ce qui me concerne, je suis dans le business de la réussite créative plus que de la réussite commerciale. Nous avons créé quelque chose qui restera dans l’histoire comme un film extraordinaire, qui suscite l’enthousiasme partout dans le monde. Toucher cette corde universelle est plus précieuse pour moi que le box-office.

« On va frapper là où les studios ne sont pas »

whiplash setQue pensez-vous de la date de sortie du film en France, un 24 décembre, soit plus de deux mois après les Etats-Unis, une veille de noel, face à Exodus… Est ce un choix qui lui donne vraiment ses meilleures chances ?
GMW : C’est une question que vous devriez poser au distributeur Ad Vitam et je ne peux pas vraiment commenter davantage ce sujet. Aux Etats-Unis en tout cas,  Noel est traditionnellement une période très porteuse pour les films. Whiplash a rapporté  765 000 dollars en France à l’issue de son premier week end et on me dit que ce sont de très bons chiffres. Les estimations tablent sur des recettes globales autour de 2 millions euros, un excellent chiffre pour ce territoire.

On dit régulièrement du marché américain qu’il se résume en ce moment à un choix entre les gros blockbusters franchisés ou les petits films du circuit indépendant, au détriment des films du milieu. Comment vous situez-vous par rapport à ça ?

GMW : Ce n’est pas mon opinion. Pour une société comme Bold Films, c’est le meilleur des moments. On ambitionne de jouer dans la cour du milieu. Alors que les studios se concentrent sur les franchises, ils ont complètement abandonné le marché du milieu, que les indépendants peuvent investir. Des films comme Du sang et des larmes, Looper ou Olympus has fallen ont été produits et financés de façon indépendante et ils ont généré des centaines de millions de dollars. A condition d’y consacrer des budgets plus conséquents, on peut viser ce marché et donc un public plus large avec des films visuellement plus ambitieux. Night Call et Drive ne sont pas des films d’action mais qui contiennent des “poches” d’action qui nous permettent de rivaliser avec les studios, avec des budgets moindres. On vise des films aux budgets compris entre 10 et 13 millions de dollars à destination d’un public adulte et on peut s’en sortir de la sorte sur ce marché. Je vais paraphraser Ty Cobb, qui fut le plus grand frappeur de l’histoire du baseball américain. Quand on lui demandait quel était son secret, il répondait : “je frappe là où il n’y sont pas” – là où il n’y avait aucun défenseur. C’est un peu notre stratégie : on va frapper là où les studios ne seront pas.

Quels sont les prochains gros projets de Bold Films ?

GMW : Nous venons de signer notre plus gros projet à ce jour chez Sony, un film de fantasy épique nommé « Fired and Ice », réalisé par Robert Rodriguez. Et Warner sortira en avril Lost River, la première réalisation de Ryan Gosling.

WHIPLASH, de Damien Chazelle. En salles depuis le 24 décembre. Tous les articles du Daily Mars publiés dans le cadre de la « Semaine Whiplash », C’EST ICI.

ENGLISH VERSION

Created in 2004 by belgium entrepreneur Michel Litvak, a businessman with countless connexions and sort of a mystery in his own right, Bold Films is a film producing/film financing company based in Los Angeles. Its last glory titles are named Drive, Nightcrawlers… and Whiplash. Personal friend and right hand man of Litvak, who remains the main shareholder of Bold Films, Gary Michael Walters is the CEO of a company described on its own website as an « artistic haven for filmmakers »

While Whiplash electrified the critics and festivals in 2014, Walters reveals the behind the scenes story of the film : first a short movie shot by Chazelle and screened at Sundance 2013 in order to lure potential investors, then a feature film entirely financed by Litvak himself. A full artistic bet by its producers, Whiplash is a beautiful exemple of how american cinema can deliver within a careful and artisticly bold financial environment (no pun intended…).

Gary Michael Walters, CEO Bold Films.

Gary Michael Walters, CEO Bold Films.

GARY MICHAEL WALTERS (CEO, BOLD FILMS) : « WHIPLASH WAS A VERY RISKY PRODUCTION »

How did you and Bold films got involved in the making of Whiplash ?
GMW : We have a very close relationship with WME, one of the big agencies here in L.A and they are very solid in independant film finance. They also represent Damien Chazelle and in march of 2013, they sent us two things : the script of Whiplash and Damien’s short, that had been shown at Sundance. The movie that you see now was already very clear in the short version : intensity, cinematography, the relationship, the camera movements, the editing… It was a very impressive short and based on that, the owner of my company, Michel Litvak, and I decided to buy it at the end of our first meeting with Damien. We just said yes. And that doesn’t happen very often.

Three companies are mentioned when it comes to the production of Whiplash : Blumhouse Productions, Bold Films and Right Of Way Films. Who did what exactly ?
GMW : Blumhouse and Right of Way had produced the short film, so they stayed on to produce the feaure film. And I would say that the functions broke down that Jason Reitman acted as a creative godfather to Damien Chazelle, he gave him behind the scenes advices about the movie making. The biggest contribution of Jason Blum is that his company did the physical production and Helen Estabrook, from Right of Way Films, was the main day-to-day on-set producer. She did a wonderful job, very positive, very steady and she was there the entire time, watching every tiny detail to make sure that everything was impeccable.

And so what was the role played by Bold Films and yourself as an « executive producer » ?

GMW : My precise job on any movie varies based on the circonstances. Usually in almost all cases, Bold Film runs what is call the backbone of the film : legal physical production and accounting. In this case, because Blumhouse has exceptionnaly good deals, we used their system and we were a little less actively involved in the oversight of the production. We monitored the budgetary factors and that the deals rolled on correctly but the deals weren’t complicated because everyone was working for scale basically. Bold Films financed the whole thing and is totally in control of the sales and distribution components. But coming in, the movie made no sense by the numbers. When we looked at our domestic and foreign estimates, it was a very risky proposition.

« J.K. Simmons is an incredible actor but he doesn’t drive sales »
Jazz teacher Fletcher (J.K Simmons) and rookie drummer Andrew Neiman (Miles Teller)

Jazz teacher Fletcher (J.K Simmons) and rookie drummer Andrew Neiman (Miles Teller)

Why did it make « no sense » ?
GMW : Basically we did no sales before we started the movie. There was no banks involved, no tax credits. Bold Films made a 100% equity back, which is your riskiest bet and it is not something we usually do. But we really believed very much in this project and that, on the market place, the pricing would go up once people would see the movie. We would play for what I would call called the Sundance bounce. And the timing was amazing : we closed the deals by may 2013, we were in pre-production a couple of months later and shot Whiplash in september. Production lasted 19 days and amazingly, Damien, after four weeks, had an edit strong enough to send it to Sundance. The timeframe for making and finishing this film was fery short. So the result is even more impressive if you look the film from the production sight : how quickly this film was shot, how it came out, how quickly it was edited.

What is the production budget of Whiplash ?
GMW : It ended up at 3.5 million dollars. And all the money basically came from Michel Litvak. No soft money, no presales, no tax credit, nothing. California is a strange place where you don’t always get your tax credits, there’s a lottery system. A lot of american productions leave L.A but we still want to be very active here. We shot Nightcrawlers in L.A, as well as Drive and Whiplash – Almost everything was shot on stage or locations in L.A, just a couple of days of exterior second unit shots in NYC. So, no tax credits for Whiplash, but we were convinced that the value of the film would go up if it went to Sundance and did well. Fortunately, the screening went incredibly well, we sold the movie to Sony Pictures Classic, so we got the biggest imaginable Sundance bounce possible. In that respect, it was the right strategy but it was still very risky. It was a complete bet on Damian Chazelle and his script. J.K Simmons is an incredible actor but he doesn’t drive sales, Miles Teller is becoming famous but when we signed him, he wasn’t driving sales either. We did not have any star power, it was a purerst risk to take. But every once in a while, you have to take the whole book and throw it out of the window. And that’s what we did. We broke all our rules with Whiplash and we couldn’t be happier that we did.

« Sundance has made Whiplash »
Damien Chazelle, Whiplash director/writor, awarded on jan 25 2014 at Sundance Film festival, Park City, Utah. (Photo Chris Pizzello / Invision / AP).

Damien Chazelle, Whiplash director/writor, awarded on jan 25 2014 at Sundance Film festival, Park City, Utah. (Photo Chris Pizzello / Invision / AP).

So Sundance has been a crucial step for the economic model of Whiplash ?
GMW : Sundance has made Whiplash. Without the success at Sundance, others festivals wouldn’t have screened it. Getting the opening night slot, winning the festival, getting the critical acclaim and the standing ovation, it all created a huge buzz and marketing effect that helped us to sell the movie to Sony Pictures Classic at a very solid level. We had around 14 offers on the film after the premiere and it all went down to a bidding war between two studios. In the end of that process, we didn’t actually go with the highest dollar bid. Tom Bernard and Michael Barker came in with a very compelling marketing strategy and their enthusiasm sold us pass the more agressive financial bids. The immediate dollars are important but we try to take the long term view. We want to go with the people who we feel have the best long term plans for the film, people who will create an ongoing success around the world. That’s what we’ve done and we were right because Whiplash is currently the most purchased movie out of Sundance this year. We’re north of 5 million dollars in the US box-office and if we get any type of award love, we have a long way to go. So far, even at this date, Whiplash is financially successful for everyone.

What’s been Sony marketing strategy for this movie without A list actors nor a famous director ?
GMW : a classic strategy based on word of mouth, with a slow roll out. Unlike widely released films where you blast out tons of money two weeks before the movie comes out, a lot of money has been spent by Sony on going to festivals and doing private buzz screenings. We’re now just in over a hundred theatres, we’re knocking down a 200 000 dollars week end at the B.O, so the screen average is good, steady, and we’re crossing our fingers to see what kind of response we’ll get on january 15. Just like we played the Sundance bouce, we’ll play for an award bounce. There’s out there biggest films with bigger stars and bigger marketing budgets like American Sniper, Wild ou The Imitation Game, but we hope that our small movie will eventually grow on people.

Given its critical and festival acclaim, I personnally expected a more powerful US box-office than 5 million dollars for Whiplash, don’t you ?
GMW : So far, the movie is just by the numbers. For any movie of this size, it’s a very strong performance. I understand people got very excited because the movie is so exceptional but it’s still a small budget drama with a rookie director and not well known actors. And at this point it takes more adventurous moviegoers, it’s leaning toward a movie lovers crowd right now. But we hope that the awards season will bring it to a broader audience. But once again, 150 movies came out of Sundance that year, 30 of them sold and out of all those movies, the best performer is Whiplash. In my real world of looking at numbers, Whiplash is still doing very well. Could we have done better ? Yeah, maybe but it’s not over and you have to keep in mind that I am in the business of creative homeruns, not financial homeruns. We created something that will go down in cinema history as an extraordinary film. And it’s patching enthusiasm everywhere in the world, from Portugal to Mexico, Sweden or China. To strike that type of universal chord to me is more valuable than the box office.

« We’re gonna hit where the studios aren’t playing »

whiplash setWhat do you think of the choice of release date in France, on Christmas eve and the same day as Exodus ?
GMW : That’s a question you should ask to Ad Vitam (the french distributor – note from DM) and I cant’ really comment on that. In the US, Christmas is usually big for movies… En France, we opened with 765 000 dollars in our first week end, which I’m told is very good. They’re estimating it will end up doing approximatively 2 millions euros in France. It’s a big number for this territory.

The american movie industry is frequently described now as a market squeezed between branded blockbusters and very small indy movies, with no more space left for « movies from the middle ». What’s your position ?
GMW : It’s not my opinion. For a company like Bold Films, in any ways, it’s the best of times. We are playing in the middle, it’s a place that has risks but also great rewards. As the studios focus more on franchises and brands, they have left the middle market available for the indy. It’s not worth their time but it’s worth our time. So if you look at movies like Lone Survivor, Looper or Olympus has fallen, these are all independently produced and financed movies that have gone on to do hundreds of millions of dollars of business. By going to that mid-market and add more resources, you can compete for wide release audiences, because you have bigger stars, more visual scope, more options, If you look at Nightcrawler or Drive, that we produced, we have in these films what I call pockets of action. They’re not actually action movies, but the action that is done there is very intense and very clever. On that field, we can compete with the studios, with better prices and less over our head. And so we can make a living in that little market. The 10 to 13 million dollars budget zone is going to be the core of what we’re doing. I’ll quote Ty Cobb, who was the greatest hitter in american baseball history. When he was asked « what’s your secret », he would answer : “I hit it where they aren’t”. He hit the ball where the defenders aren’t. Thats our strategy : we’re gonna hit where the studios aren’t playing.

What’s the next big thing for Bold Films ?

GMW : We have just set up our biggest project ever at Sony. It’s an epic fantasy called Fire and Ice directed by Robert Rodriguez. And Ryan Gosling’s directing debut « Lost River » will be released by Warner Bros in April.

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