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[Interview] Jessica Brody : « J’aime les histoires de femmes accédant au pouvoir »
Elle s’appelle Jessica Brody, elle a 35 ans et partage sa vie entre le Colorado et Los Angeles. Elle a étudié le français pendant 12 ans et a même vécu à Paris un an, lorsqu’elle était à la fac. Elle a écrit de nombreux livres, d’abord pour des adultes, comme Confidentialité assurée, ensuite pour des ados.
Le tome 2 de La trilogie de la mémoire, son dernier ouvrage intitulé Inoubliable, est publié chez Au Diable Vauvert (et sera chroniqué ce dimanche). Il y a un an, à l’occasion de la sortie du tome 1 (la critique ici), Jessica Brody était de passage à Paris. Le Daily Mars a pu l’interviewer.
Vous avez écrit des livres d’abord pour les adultes, et maintenant pour un auditoire plus jeune : pourquoi ce changement ?
J’ai commencé à écrire d’abord pour un lectorat adulte parce que je ne m’étais pas rendue compte que je souhaitais écrire pour un public adolescent. Un jour, j’ai eu l’idée d’un roman, et je l’ai écrit. Ce n’est que quelques temps plus tard que j’ai compris que ce n’était pas un livre pour adulte, mais que le personnage principal devait avoir 16 ans. Je me suis alors aperçue qu’il existait un genre de livre appelé « young adult ». J’ai décidé de me lancer dans cette aventure et je me suis vraiment beaucoup amusée. J’ai constaté que j’écrivais bien plus facilement, que ça correspondait beaucoup plus à mon style, c’était plus naturel.
La trilogie de la mémoire est votre première série pour adolescents publiée en France. Quel est le genre de ce livre ?
C’est majoritairement de la science-fiction, avec une touche de polar. C’est un polar de science-fiction. Mais il y a de la romance. Tous les livres d’adolescents ont une part de romance, car quand on est jeune, qu’importe tout ce qui se passe autour de vous, qu’il s’agisse de sauver le monde ou de survivre au lycée, il y aura toujours un moment où vous aurez des sentiments pour quelqu’un.
Comment l’idée, l’histoire de cette trilogie vous est-elle venue ?
Il y a cinq ans, je suis tombée sur un article dans un journal : une jeune fille de 14 ans a survécu à un accident d’avion. Et cet accident a causé la mort de 135 personnes. Sauf elle. Et ça m’a vraiment marquée. Je me demandais comment on pouvait survivre à un accident d’avion tellement violent que 135 personnes soient tuées. Et il n’y avait aucune explication dans l’article. Alors, j’ai commencé à penser à ma propre explication. Et je me suis demandée : Et si elle n’avait plus de mémoire ? Qu’elle avait été effacée ? Si elle ne se rappelait pas de son nom ou de quoi que ce soit ? Et si elle n’avait même pas été sur la liste des passagers, comment aurait-elle donc pu être sur les lieux de l’accident ? Et si elle était un peu surhumaine ?
J’ai aussi été un peu inspirée par la trilogie Jason Bourne, (La Mémoire dans la peau, La Mort dans la peau, La Vengeance dans la peau, trois livres de Robert Ludlum, adaptés au cinéma et dont le personnage principal est interprété par Matt Damon – NDLR) et cette idée qu’on peut perdre la mémoire et se rendre compte qu’on est un peu différent des autres. Cela m’intriguait beaucoup.
Pourquoi avoir créé un héros qui est une héroïne ?
Tous mes personnages principaux sont des femmes, dans tous mes livres. D’abord parce que j’en suis une. Je connais mieux les pensées des femmes que celles des hommes. Mais je pense aussi qu’elles peuvent sauver le monde, autant que les hommes. Donc j’aime les histoires de femmes accédant au pouvoir, découvrant leur vraie valeur… J’adore Harry Potter, mais j’aurai tellement aimé lire cette histoire avec Hermione Granger en personnage principal.
C’est votre premier livre dans un univers de science-fiction. Était-ce quelque chose de difficile ?
J’ai eu beaucoup de mal en effet. Tous mes autres livres prennent place aujourd’hui, dans notre monde, donc il n’était pas nécessaire de créer un univers pour qu’il existe. Mais quand on crée son propre univers, il y a des tas de détails pour lesquels il faut faire attention. Le plus dur dans cette trilogie, c’est que le premier roman a lieu dans notre monde et le troisième dans un autre. Donc j’ai dû créer le monde du troisième livre avant de l’écrire car j’ai placé des références à ce monde dès le début de l’histoire. C’était vraiment difficile, il fallait faire attention à ce que toutes ces références, ces détails correspondent à ce qui se passera à la fin de la trilogie, avant même de l’avoir écrite.
Dans le premier livre, elle ne sait plus qui elle est, mais son corps et ses souvenirs sont quand même axés sur une personne, elle est amoureuse. Pensez-vous que l’amour peut-être aussi absolu quand on a 16 ans ?
Je pense qu’il y a dans ce livre des circonstances particulières concernant notre héroïne, ainsi que dans sa façon de rencontrer ce jeune garçon. Je ne pense pas que tous les adolescents soient passés par là et ressentent ce type de sentiment. Mais quand on est ado, à chaque fois qu’on tombe amoureux, on ressent une chose incroyable. On a l’impression que c’est le plus grand amour de tous les temps, de tous l’univers. Et c’est le cas pour notre héroïne.
Mais, dans le second livre, j’ai créé un second garçon. Parce que quand on est ado, il est facile aussi d’être tenté. Notre cœur peut balancer. Dans beaucoup de livres, on idéalise le fait qu’il n’existe qu’un seul amour, qu’un seul être pour soi dans tout l’univers. Mais peut-être que non, peut-être qu’il y en a plusieurs, qu’il y a des choix à faire et il est difficile d’écouter son cœur car il hésite. C’est bien plus difficile à vivre que s’il n’existait qu’une seule personne pour toujours et pour l’éternité. La vie est plus compliquée.
Votre livre va être adapté en film, où en est-il ?
Les droits ont été vendus aux producteurs de L’Odyssée de Pi, Slumdog Millionaire, Vampire Academy. Ils travaillent sur le premier livre. Le script est terminé et là, ils cherchent un réalisateur et les acteurs. Je n’ai pas écrit le scénario, mais les producteurs m’ont tenue au courant des évolutions de celui-ci, m’ont demandé mon avis… J’avais un peu un rôle non officiel.
Inaccessible, volume 1 de La trilogie de la mémoire : Une jeune fille d’environ 16 ans se révèle être la seule survivante d’un terrible crash d’avion. Pourtant, elle n’est mentionnée nulle part dans la liste des passagers et pire, elle est totalement amnésique. Seul un tatouage hideux sur son poignet et un jeune homme qui a l’air de la connaître l’aideront peut-être à se souvenir. Mais il faut aussi parvenir à échapper à des hommes à sa recherche et qui n’ont pas l’air de lui vouloir du bien, tout en réapprenant à communiquer et à vivre dans un monde qu’elle ne reconnaît pas.
Remerciements à Clélie et Marion Mazauric d’avoir permis la réalisation de cette interview, réalisée en juin 2015.