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INTERVIEW : Sam Raimi : « Evil Dead 4 ? Je m’y mets cet été… »

INTERVIEW : Sam Raimi : « Evil Dead 4 ? Je m’y mets cet été… »

Hello camarades, Plissken au rapport : l’interview qui suit est signée Paul-Alain Guenneguez,  journaliste collaborateur ponctuel du Daily Mars qui a eu l’extrême privilège de pouvoir interviewer Sam Raimi lors de sa journée de promotion du Monde fantastique d’Oz à Paris. On le remercie beaucoup de partager avec nous un bout de son entretien !

Lundi 5 mars :  branle-bas de combat dans un palace parisien. Sam Raimi est dans la place et Disney lui a concocté un planning infernal. Les interviews sont chronométrées – six minutes pour les plus chanceux – et les journalistes défilent pour la promo du Monde fantastique d’Oz, avec James Franco. Tourné en 3D, le film a coûté la bagatelle de 250 millions (325 avec les frais du marketing) et papy Disney serre les fesses, à quelques jours de la sortie américaine, redoutant un nouveau bide à la John Carter . Soulagement le week-end suivant : le film amassera 81 millions de dollars aux USA, 150 dans le monde. Quant au réalisateur, rien à redire : fidèle à sa réputation et malgré la fatigue inhérente à la promo, il se montre d’une fantastique gentillesse et n’esquive aucun aparté hors promo. La grande classe.

 

Costume noir et cravate, air toujours juvénile, Sam Raimi, 53 ans, est un peu jet-lagé. Il est très concentré, répond le plus sérieusement possible aux questions, et reformulera même une de ses réponses concernant Disney. Après quelques questions sur cette nouvelle version du Magicien d’Oz, je lui fais parler d’Evil Dead, de Spider-Man, du gore ou de la télé, des questions hors promo auxquelles il répond volontiers. Avant de me livrer ce scoop que tous les fans d’Evil Dead attendent…

Vous avez réalisé le premier Evil Dead avec une poignée d’amis et zéro budget. Un peu plus de 30 ans plus tard, vous mettez en scène Oz, avec une armée de techniciens, plus de 700 infographistes et un budget faramineux de 250 millions. Est-ce que vous faîtes toujours le même métier ?
SAM RAIMI : Tout d’abord, en 1980, je n’aurais jamais pu imaginer qu’un jour je ferais un film comme Le Monde fantastique d’Oz, avec tous ces artistes et ces moyens. Pour répondre à votre question, je pense faire le même métier qu’à l’époque d’Evil Dead, mais c’est un style différent. Quand tu tournes avec aucun budget, tu tiens la caméra, tu charges la pellicule, tu déplaces les accessoires, tu bouges les acteurs, tu fais tout tout seul, ou presque. Tu n’as pas autour de toi les meilleurs professionnels du monde, mais seulement ceux que tu peux te permettre d’avoir, les seuls qui peuvent t’aider. Sur Le Monde fantastique d’Oz, pour créer cet univers fantastique, je ne dessine plus le film, j’ai un story-boarder qui dessine mieux que je ne pourrai jamais rien ; je ne m’occupe plus de la caméra, j’ai le meilleur chef opérateur du monde qui éclaire et qui cadre ; je ne m’occupe plus de l’animation, j’engage les meilleurs animateurs 3D du monde. Ca me brise le cœur car tout le monde est meilleur que moi : je suis le plus nul sur plateau. Mais comme j’ai à mes côtés certains des plus grands artistes du moment, je gagne au change…

Il paraît que vous avez commencé par refuser ce remake du Magicien d’Oz.
Vous savez, ce n’est pas vraiment un remake. Le film est basé sur l’œuvre de L. Frank Baum qui a écrit de nombreux volumes du Magicien d’Oz et il est très différent du chef-d’œuvre de 1939. Avant de lire le scénario, j’avais des doutes car Le Magicien d’Oz est un classique absolu pour les Américains, un film que j’adore, et j’avais peur que ce nouveau film ne soit pas à la hauteur de leurs souvenirs. Quand j’ai eu fini de lire le scénario, j’ai compris que l’histoire était complètement différente, avec des personnages nouveaux, uniques, notamment ce magicien qui rencontre sur son chemin un singe, qui va devenir son guide et son ami, mais aussi la poupée China Girl qui espère qu’il va devenir un homme meilleur. Ce script, c’est l’histoire d’un homme qui essaie de changer et cela m’a touché. J’ai donc accepté de le mettre en scène.

Depuis plus de trente ans, vous œuvrez dans le sang et les tripes, l’horreur et le gore. Vous est-il déjà arrivé de vous faire peur ?
Oui, très rarement, mais cela m’arrive parfois au stade de l’écriture. Quand j’imagine une histoire et que j’essaie d’inventer un truc effrayant, je m’assoie à ma table ou je reste allongé des heures, j’utilise mon imagination pour me faire peur et parfois, j’y arrive. C’est à ce moment précis du procédé que je me fais peur. Quand je travaillais sur Jusqu’en enfer, co-écrit avec mon frère et sorti il y a trois ans, je me demandais ce qu’un démon voudrait – si une telle créature existait – ce qu’ils feraient s’ils venaient sur terre, comment ils nous tortureraient, ce que serait un blasphème aux yeux de dieu, et j’avoue que ça m’a foutu les jetons…

 

« J’ai abandonné Spider-Man 4 la mort dans l’âme » Sam Raimi

 

Pourquoi n’avez-vous pas réalisé le quatrième Spider-Man ?
Je n’arrivais pas à écrire une histoire satisfaisante dans les temps. Je voulais vraiment réaliser le meilleur Spider-Man de la franchise. Mais Sony avait une deadline et les droits allaient expirer. De mon côté, je ne voulais pas faire de compromis et réaliser un film à moitié réussi, un assez bon film. Je devais faire un grand film, le meilleur. J’ai donc abandonné la mort dans l’âme et j’ai dit à Sony de continuer à avancer sans moi.

Sur vos tournages, vous portez toujours un costume noir et une cravate. C’est pour rendre jaloux Christopher Nolan ?
(il se marre doucement). Christopher porte un costume sur le set ? Vous savez, je ne pense pas que je puisse le rende jaloux. Si je porte mon costume, c’est parce que mon père m’a appris que vos vêtements transmettent le niveau de respect que vous portez aux autres.

Entre deux blockbusters, vous produisez également plusieurs séries télé, notamment Spartacus….
J’adore la télé. Mais c’est vraiment la responsabilité de mon partenaire Robert Tapert. Je l’ai aidé sur nos premières séries, mais depuis, il s’en occupe lui-même. Je suis là comme ami.

Vous pouvez nous parler de la nouvelle version ultra gore d’Evil Dead que vous avez produite et qui sortira en France le 1er mai ?
Le seul truc vraiment difficile, c’était d’engager un bon réalisateur. J’ai donc embauché un réalisateur génial, Freddy Alvarez, un cinéaste uruguayen ; il a écrit le scénario et je me suis contenté de lui fournir des notes. Il a tenu compte de certaines, pas toutes, mais c’est ce que je voulais. Je voulais vraiment que ça soit son film. Il a écrit une seconde mouture du scénario, je lui ai de nouveau fait parvenir des remarques et des notes, c’est comme cela que nous avons fonctionné. Je voulais qu’il soit conscient de toutes les possibilités et qu’il fasse le bon choix tout seul. C’est comme cela que bosse un réalisateur. Je ne pense pas que l’on puisse faire un bon film sans que le metteur en scène ait un contrôle total.

(Un agent de Disney se pointe et l’interview, chronométrée à la seconde près, doit s’interrompre. Devant mon air interloqué, Sam Raimi me propose une dernière question)

Et Evil Dead 4 ?
(dubitatif) Evil Dead 4…

Tous les fans l’attendent !
Je ne travaille pas dessus actuellement mais la semaine dernière, j’étais à une conférence Apple à Londres et ils me l’ont fait dire. Ils m’ont dit « Allez Sam, il faut le faire maintenant ». Donc j’ai répondu « OK, je m’y mets cet été », mais je ne l’avais pas vraiment planifié. Mais maintenant, je pense que je vais vraiment le faire.

PROPOS RECUEILLIS ET TRADUITS PAR PAUL-ALAIN GUENNEGUEZ

 

SAM RAIMI, LA LIFE
Acteur, scénariste, producteur, réalisateur, Sam Raimi est né en 1959 dans le Michigan. A 20 ans, avec une bande copains et 350 000 dollars empruntés à des dentistes, il réalise Evil Dead, mélange d’horreur et d’humour outré destiné aux drive-in. Le film devient très vite culte et Sam Raimi se lance les années suivantes dans une œuvre qui puise aux sources de la culture pop américaine : les dessins animés de Tex Avery, les comics, le film d’horreur, le western, le polar, bref, le film de genre en général.
A partir de 2002, il se voit confier les rênes de la franchise Spider-Man et accumule les centaines de millions dollars. Il revient à ses premières amours avec le très effrayant Jusqu’en enfer et parallèlement, il produit une série de films d’horreur sans concession dont 30 jours de nuit ou un remake hallucinant d’Evil Dead, dont la sortie française est fixée au 1er mai Très éclectique, Raimi travaille également pour le petit écran et il a produit au fil des années plusieurs séries dont Hercule, Xena la guerrière ou le très gay et très gore Spartacus. P-A. G

 

Le Monde fantastique d’Oz (Oz, the great and powerful), de Sam Raimi (2h07). Sortie aujourd’hui en salles.

La critique du film sur le Daily Mars, par IntheBlix (note : 4/5)

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