
Japanimation: les grands compositeurs… Seiji Yokoyama
L’animation japonaise, ce n’est pas uniquement des dessins très stylisés, des images hallucinantes et un montage ultra-cut, c’est aussi des compositions musicales renversantes. Comme au Daily Mars, on aime vous parler de ce qui nous tient à cœur, on ouvre aujourd’hui un dossier sur les compositeurs qui nous ont fait vibrer et voyager. Aussi à l’aise sur le format série que sur celui du film, ils ont signé des partitions et des mélodies qui ne nous quitteront plus jamais.
Seiji Yokoyama
A 80 ans, Seiji Yokoyama peut se targuer d’avoir composé de véritables monuments, dont la bande originale de toute une génération biberonnée aux animes des 80’s. A l’instar de Joe Hisaishi, il sort diplômé du conservatoire, le Kunitachi College of Music en 1957 et il se dirige alors rapidement vers la composition. Son style s’inspire de grands auteurs romantiques du 19ème siècle (Wagner, Mahler ou Brahms) visant à susciter l’émotion et bouleverser l’auditeur à travers des orchestrations imposantes. Harpe, mandoline, percussions, orgue, cuivres, guitare, clavier, basse, marimba, violons, chœurs, tout y passe. Dès la fin des années 50, il débute sa carrière avec des feuilletons radio, des publicités, des téléfilms et des séries TV live pour enfants.
Mais c’est avec l’anime Albator 78 adapté du manga éponyme de Leiji Matsumoto, qu’il se fait connaître dans l’archipel nippon. Malheureusement pour nous, lorsque la série débarque en France, toutes les partitions sont alors réécrites par la même occasion. Pas une seule de ses compositions ne quittent le Japon et la très grande majorité de son travail ne nous parvient pas jusqu’à l’arrivée providentielle d’un manga qui brille à l’international et grave à jamais son nom au firmament des OST de séries animées.
Nous sommes en 1986 et l’adaptation animée de Saint Seiya de Masami Kurumada, déferle d’abord dans les foyers japonnais avant de contaminer l’Europe puis les États-Unis. En travaillant sur ce projet, Seiji Yokoyama compose des mélopées pleines d’émotions et des envolées lyriques qui rentrent dans la têtes de millions d’enfants à travers le monde. Certains jugeront les morceaux kitsch, d’autres se moqueront du pompiérisme et de la grandiloquence… Qu’importe! Oui, c’est 80’s et parfois «over the top» mais c’est fait avec une telle sincérité, un tel engagement et un tel panache, que ça force le respect. Le compositeur donne une véritable ampleur à l’histoire et magnifie chaque séquence. Il accompagne dignement nos valeureux chevaliers avec une bande son à la hauteur de leur héroïsme.
Pour Saint Seiya, Yokoyama composera des centaines de morceaux et ponts musicaux servant de transitions entre les séquences, que se soit pour l’anime original, pour le chapitre d’Hadès au début des années 2000 ainsi que pour les 5 films jusqu’à Tenkai-hen Josō: Overture (Re-Anime ici) en 2004. Autant dire qu’entre la série et le compositeur, il n’y a plus de secret. Il nous offre une partition aux multiples facettes, évoquant un opéra rock plein de fureur. Oui, c’est rock mais c’est aussi groovy, pop, classique, lyrique, épique, dramatique, cosmique… et certainement plein d’autres trucs en «ique».
On assiste à un mariage surprenant entre orchestration symphonique et instruments électriques. Que ce soit sur des morceaux dopés à l’héroïsme avec percussions, violons et basse électrique furieusement funky ou sur des balades déchirantes desquelles surgissent un piano ou une harpe accompagnée de chœurs, Yokoyama donne un relief bien particulier à l’anime. En véritable petit génie, le compositeur touche à tout et ose les mélanges les plus audacieux et casse-gueules.
Bien entendu, durant sa carrière, il s’illustre dans tout les domaines puisque en dehors de ceux cités plus haut, il compose également pour le cinéma, le théâtre, le documentaire, bref on retrouve ses travaux absolument partout. Mais c’est bien son travail sur l’anime culte qui lui vaudra des prix parmi lesquels le prix JASRAC (équivalent de notre SACEM) pour les recettes japonaises de droits musicaux les plus élevées en dehors du Japon. Reconnu par des millions de fans et par ses paires, le style épique et romanesque de Yokoyama a su évoluer, mais a surtout su imprégner les souvenirs d’une génération toute entière. Un grand parmi les grands!
En bonus, un extrait du concert Pegasus Symphony qui a eu lieu à Paris à l’automne dernier. Frissons garantis!!!
Pour retrouver tout les autres portraits de notre dossier, c’est par là!