
Jeux vidéo et Contes de Fées : la potion magique ?
Hier Jack le Chasseur de Géants est sorti dans les salles, un énième film hollywoodien utilisant un conte de fée comme base scénaristique. Mais le cinéma n’est pas le seul a faire usage de cette ‘facilité’, le jeu vidéo y a aussi souvent recours…
Au Royaume des adaptations, les contes fantastiques sont rois : anciens, ils ont peu (voire pas du tout) d’ayants droits – on peut donc en faire plus ou moins ce que l’on veut – leurs univers et leurs personnages sont riches et ils peuvent plaire aux enfants comme aux plus grands (surtout si on y rajoute de la violence et du ‘sexy’). Sans compter qu’en dehors des contes de Grimm ou de Perrault, il en existe une source presque inépuisable dans les nombreuses mythologies (sur Nordique, Chinoise ou Japonaise).
Les développeurs belges de Tale of Tales se sont d’ailleurs spécialisés dans le domaine, en particulier avec l’étrange et magnifique The Path (2009 – PC) basé sur l’histoire imaginaire du Petit Chaperon Rouge. Vous devez tour à tour prendre les commandes de plusieurs soeurs, chacune devant traverser une forêt sombre hantée par un étrange ‘loup’. A l’ambiance très particulière, voir dérangeante, The Path est d’une certaine façon plus une oeuvre qu’un jeu : pas vraiment de gameplay, pas de réel objectif, peu de scénario (rejoindre Mère-Grand) mais de vrais questionnements. Un jeu qui est pourtant passé assez inaperçu faute de gros distributeurs (aujourd’hui heureusement, la vulgarisation des jeux indé et dématérialisés permet à ce type d’OVNI de se faire connaître grâce au bouche à oreille et d’être mieux diffusés.. sujet d’un prochain article ?).
Le créateur de jeux vidéo American McGee a d’abord travaillé sur des projets comme The Sims, Doom ou Quake, puis qui s’est spécialisé dans l’adaptation vidéo-ludique de contes de fée… mais à sa sauce. Son premier titre – American McGee’s Alice, sorti en 2001 sur PC – offrait une version toute personnelle de l’épopée fantastique d’Alice au Pays des Merveilles. Une Alice à l’air morne, et armée d’un long couteau, évolue dans un monde fantasmagorique au style gothique et dangereux. Une ambiance très particulière qui va devenir la pâte du créateur. Après quelques errances, il en suivra d’autres titres adaptés de contes, comme American McGee’s Grimm (en 2008) et Alice Madness Returns (en 2011), la suite de son grand succès de 2001. Et les joueurs sont de retour et plébiscitent le titre, prouvant ainsi que sa vision des contes fantastiques attirait un certain public.
Les studios Disney eux aussi puisent dans les contes pour leurs films. Et comme Disney Interactif (la firme qui s’occupe de la conception de leurs jeux) joue à fond la carte du portage en jeux vidéo, on s’étonne de ne pas voir plus de La Belle et la Bête, La Princesse et la grenouille ou Raiponce. Un Blanche-Neige et les Sept Nains était bien sorti en 2001 sur Game Boy Color, mais comme souvent dans les adaptations faites à la va-vite, la qualité était très moyenne et il a eu peu de succès. Un petit récapitulatif pour les adeptes du rétrogaming ? Citons pêle-mêle Pinocchio sur Megadrive et SuperNintendo (1995), Alice au Pays des Merveilles sur GameBoy Color (2001), Peter Pan sur Playstation (2002) ou Cendrillon et le Bal Enchanté sur GameBoy Advance (2005). Depuis, à part pour la petite fée Clochette (licence étendue de Peter Pan, inspiré du conte/roman de J.M. Barrie) dont 5 titres sont sortis entre 2008 et 2010 (surtout sur Nintendo DS), plus beaucoup d’adaptations (tendance qui se généralise d’ailleurs, nous en reparlerons bientôt…). Les jeux vidéo ne sont plus vraiment considérés comme des ‘plus produits’ des films qui sortent au cinéma et c’est probablement mieux ainsi.
Si on dérive un peu vers la Mythologie, on croise d’excellents titres comme Okami – basé une légende japonaise de déesse louve – ou ceux inspirés de la légende de Muramasa avec Muramasa and the Demon Blade (en 2009 sur Wii et récemment sur PS Vita). Côté Occident, le très mésestimé Floklore (2007 sur PS3) faisait le tour des légendes et des créatures fantastiques issu du folklore nordique dont l’aventure se déroule de 2 points de vue, celui de Keats, journaliste pour un magazine du paranormal et Ellen, une jeune fille en quête de vérité. Plongeant le joueur dans un monde extraordinaire peuplé de créatures de légendes ainsi que des âmes des morts, ce pokemon-like ne doit ce rapprochement qu’à son côté collecte et association de créatures pour se battre. Une merveille d’ambiance visuelle, sonore et scénaristique qui n’a malheureusement pas eu le succès qu’il aurait mérité.
Au vu de tout cela, on peut penser que les adaptations de contes de fées en jeux vidéo ont encore un bel avenir devant eux… du moment qu’elles sachent satisfaire un public de plus en plus exigeant. Que ce soit dans les contes, les films ou les séries, se contenter de reprendre tel quel un univers n’a pas forcement de réel intérêt (on a pu voir l’énorme disparité entre les 2 derniers titres issus de la licence The Walking Dead… quelle descente aux Enfers !). Ce qui va titiller la curiosité et l’enthousiasme des gamers, c’est la capacité des créateurs à se lâcher un peu (ou qu’on les laisse se lâcher en l’occurrence) tout en gardant bien à l’esprit qu’un bon jeu c’est avant tout un bon gameplay !
La liste ne peut être exhaustive mais j’aimerai ajouter quelques titres à cet article.
Telltale Games (The Walking Dead, Back to the Future, Sam & Max…) a acheté la licence Fables (un comics Vertigo racontant l’aventure des héros de contes de fée sont bannis et doivent luter dans un univers bien plus sombre/dur que celui ou on les connait). On peut en attendre du bien, vu que leur dernière production est plus que très bonne (The Walking Dead donc), mais même si je les aime beaucoup et les suis depuis très longtemps, j’ai un peu de mal à leur pardonner le très très mauvais Jurassic Park.
De plus Americain McGee que tu cite (mon dieu que j’adore Alice) vait également commencé le developpement d’Oz, juste après le premier Alice. La production fut arrêté dès les premiers stades de developpement. Des concepts Art et des Figurines sont malgré tout sorti. Belle mention que celle de Grimm, inconnu en france, ces episodes court sont pourtant vraiment sympatiques à jouer. Et pour rester sur le cas McGee, qui aime décidemment beaucoup les contes, il a récemment sorti le free to play Akaneiro: Demon Hunters. Un hack & slash clairement inspiré du petit chaperon rouge, le tout dans un univers japon medieval.
Par simple amour pour le jeu, pour les jeux, j’aimerai souligner les adaptations vraiment pas mauvaise d’Alice (de Tim Burton) par Étrange Libellule (cocorico !). Ils ont sorti un jeu Wii/PC de plateforme traditionnel qui casse pas trois pattes à un canard mais qui sont vraiment sympathiques. Il le révolutionne pas le genre, ne prétend pas le faire, mais fonctionne vraiment bien (si on est à la recherche d’un jeu de plateforme classique, le classicisme étant quasi absent des prods actuelles). La version DS elle était plus audacieuse. Plateforme/Puzzle, avec une direction artistique très particulière (et très réussie à mes yeux).
Bref, comme tu dis, on a pas fini de bouffer du conte. Et c’est tant mieux !
Merci beaucoup pour ton commentaire Cuber, mais je peux te confirmer que cela n’est pas un oubli de ma part, mais une décision.
En effet, dans mon métier je vois trop souvent passer des communiqués de presse sur des projets qui au final ne voient jamais le jour… trop de frustration ! Du coup je préfère ne pas en parler et attendre de voir ce qui sort réellement (surtout avec toutes les boites de dév qui ferment à l’heure actuelle… mieux vaut doublement se méfier).
Pour L’Etrange Libellule je suis désolée, mais je n’aime pas tirer sur l’ambulance (ou sur la pierre tombale plutôt) surtout pour un petit dév français comme tu le soulignes, mais je trouvais leurs jeux vraiment moches. C’était donc voulu… mais plouff, tu as jeté le pavé dans la mare 😉
Disons que lorsqu’on voit toutes les productions indé qui sont très bonnes avec très peu de moyens, je trouve que ce qu’ils ont fait ne méritait pas vraiment de focus, voilà. Alors ok, l’approche est marrante, mais c’est très loin d’être suffisant.
Mais merci pour avoir mis en lumière ce que j’avais laissé dans l’ombre… faudrait qu’on se fasse un podcast tous les 2 un de ces 4 tiens ;p lol
Pour Fables ouais ils l’avaient acheté en même temps que TWD et comme par hasard ils l’ont enfin annoncé pour cet été aujourd’hui même 😀 Telltale étant dépendant d’aucun éditeur, ils sont pas prêt de mourir (vive eux).
T’es dure avec Étrange Libellule. Certain valent vraiment, mais vraiment le détour. Mais un jeu moche n’est pas un jeu nul fort heureusement. En plus ils sont pas spécialement moches, rien qu’Alice sur Wii par exemple, ils ont compensé le manque de polygones par une direction artistique vraiment hyper leché (et le pari de la version DS est vraiment réussi). Mais c’est un choix, je comprends et évidemment tu ne peux pas parler de tout :p