On a vu… John Munch prendre sa retraite

On a vu… John Munch prendre sa retraite

Le détective John Munch de la police criminelle de Baltimore, dans les années 90.

Depuis vingt ans, son visage impassible et ses répliques pince-sans-rire hantent les soirées polar de NBC. Authentique figure de la télé américaine apparue dans pas moins de huit shows différents et 450 épisodes (série en cours), le sergent John Munch de l’unité spéciale des victimes de New York (ex-flic de la crim’ de Baltimore) va prendre sa retraite. Ça méritait bien un petit hommage.

An American Tragedy ? En un sens, oui. Mercredi 9 octobre, pour le 323e épisode de Law & Order : Special Victims Unit, le capitaine Cragen, le chef du service (interprété par un Dann Florek plus tout jeune non plus), a annoncé que le sergent Munch, membre de l’unité spéciale des victimes de New York depuis 1999, faisait valoir son droit à la retraite. Après 15 ans de bons et loyaux services, et 20 ans de présence sur le terrain crimino-télévisuel.

Pour les fans de Homicide (série à laquelle le Daily Mars voue un culte sans borne), mine de rien, ça fait quelque chose. Avant de jouer dans le spin off de Law & Order, Munch était effectivement une des grandes figures de la série produite par Barry Levinson et Tom Fontana (1993/1999). Cynique mais très humain, sarcastique mais aussi sacré bon flic, Munch est une des grandes figures de la série inspirée de Homicide : A life in the killing street (Baltimore, en français), l’enquête réalisée par David Simon alors qu’il était encore journaliste pour le Baltimore Sun.

Souvent décrit comme un des personnages préférés des scénaristes du cop show de NBC, Munch, ancien hippie passionné de théories conspirationnistes et toujours malheureux avec les femmes, ne possédera jamais l’aura d’un McNulty (The Wire) ou d’un Vic MacKey (The Shield) dans l’imaginaire sériel collectif français. Pas assez sexy, pas souvent sur le devant de la scène. Et pourtant, remarquablement marquant.

Le sergent John Munch, de l’unité spéciale des victimes de New York, dans les années 2010.

Imaginé par Fontana et Levinson à partir de Baltimore (certains lui trouvent des points communs avec Jay Landsman, mais il en a plein d’autres avec de multiples flics décrits dans l’enquête de Simon), John Munch est aussi et surtout la création de son interprète, Richard Belzer, surprenant touche-à-tout qui a notamment fait du stand up. On ne peut s’empêcher de sourire en rappelant pourtant que l’intéressé avait raté sa première sortie pour le rôle de sa vie télévisée.

Lors de sa première audition, Belzer est en effet passé complètement au travers aux yeux de Levinson (1), qui lui a demandé de rebosser sa prestation. L’acteur a entendu le message : lors de son second passage devant la production d’Homicide, il va enlever le morceau haut la main. Sans savoir qu’il s’engage dans une aventure qui va durer plus de 20 ans.

Chouchou du public dans Homicide, Munch va rapidement montrer qu’il a une gueule plus grande que la série qui l’a vu naître. D’abord en participant aux trois crossovers Homicide / Law & Order  (ces épisodes verront naître une amitié entre lui et Lennie Briscoe, le flic le plus célèbre de New York District/New York Police Judiciaire… quand bien même le second a couché avec une des ex-femmes du premier). Puis dans The X Files, pour l’épisode The Unusuals Suspects : Chris Carter était effectivement fan du personnage et celui-ci a pu apparaître dans le show de la Fox. Tout cela avant de survivre à la mort d’Homicide en rejoignant L&O : SVU.

« C’est une conspiration à laquelle je suis fier d’avoir participé », avouait l’intéressé (passionné d’histoires d’ovni) en 1999 dans un entretien au magazine Génération Séries. Pendant plus de 14 ans, Munch va devenir une des figures du show. Le plus souvent au second plan, quand il n’est pas relégué au troisième, quatrième plan certaines saisons, lorsque les scénaristes de la série n’ont rien de passionnant à lui proposer.

Munch a même eu droit à sa version… en Muppet.

À dire vrai, Munch à New York, ça n’a plus grand chose à voir avec Munch à Baltimore. Le personnage perd souvent ce qui fait sa richesse, sa complexité dans l’univers de la Crim’ de Baltimore. Loin du Bocal et du tableau avec les noms en rouge et noir, le bonhomme n’a plus sa gouaille. Mais tant pis : il devient une icône télé à part entière et vit sa vie. En une décennie, on le verra apparaître en chair et en os dans The Beat, Law & Order : Trial By Jury, The Wire et même… Arrested Development et 30 Rock.

An American Tragedy ? Le fait de le voir se rapprocher de la sortie en est une petite, effectivement. Elle sanctionne le temps qui passe et le fait que même les discrètes icônes ne sont pas éternelles. Autant dire que ses futures apparitions seront à savourer : s’il ne sera plus là à temps complet, le sergent Munch devrait rester dans l’entourage des inspecteurs de SVU par la suite.

Normal : on ne se débarrasse pas facilement de John Munch.

(1) C’est ce que nous apprend le commentaire audio des épisodes contenu dans le coffret des saisons 1 et 2.
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