Justified, une histoire de personnages (critique du 5×01)

Justified, une histoire de personnages (critique du 5×01)

Note de l'auteur

Raylan et Sutter

Après Shameless et Sherlock, c’est au tour d’une autre série de haut niveau de faire son retour. Dans la nuit du 7 au 8 janvier, le premier épisode de la saison 5 des aventures de Raylan Givens au Kentucky a été diffusé. Après une saison 4 saluée (à juste titre) par la critique et encore oubliée par les Emmys, Justified allait-elle décevoir ?

Un officier des gardes-côtes a disparu. Raylan est envoyé à Miami pour travailler avec un autre marshall, Sutter, sur l’affaire. Le coupable : un membre de la famille Crowe (un cousin du demeuré néo-nazi Dewey, qu’on voit en début d’épisode dans deux apparitions à mourir de rire : Dewey empoche 300.000 dollars, conséquence des façons expéditives de Raylan… 300.000 dollars qui devraient, à la vitesse où il va les claquer, lui faire 3 semaines).

Pendant ce temps, Boyd et son nouvel associé Wynn Duffy partent à Detroit pour clore un deal qui a mal tourné. Alors qu’on se délecte de voir ces deux-là faire équipe, le voyage a Detroit permet de se rendre compte à quel point la Dixie Mafia a morflé. Theo Tonin disparu, Augustine éliminé, c’est Sammy qui gère aujourd’hui en mode parano. La Mafia de Detroit a investit un immeuble abandonné. La base au rez-de-chaussée pour expédier les affaires courantes, Sammy Tonin et Mr. Picker au dernier étage, sans ascenseur.

Boyd, exaspéré, va devoir faire directement affaire avec le fournisseur : des canadiens (dont l’un est joué par le Kid in The Hall Dave Foley) qui ne veulent plus bosser avec la mafia de Detroit « quand on bosse avec le crime organisé, on s’attend à ce qu’il soit organisé ». Si Boyd obtient son deal, il a d’autres chats à fouetter : Ava est en prison, et il veut tout faire pour lui éviter une longue sentence. Boyd Crowder, perdu sans Ava, redevient le Boyd du début de série, impitoyable, violent sous ses dehors calmes. Terrifiant.

La séparation entre Boyd et Ava fait écho à celle de Raylan et Winona (et leur fille, nouvelle-née). Exilée en Floride, elle souhaite la visite de Raylan (ce qu’il ne fait pas alors qu’il se rend à Miami). Et peut-être secrètement la venue pure et simple de Raylan. Peut-être une piste pour la fin de série, d’ailleurs, qui pourrait voir Raylan ranger son badge et concrétiser son souhait de fin de saison 3 de raccrocher.

Raylan reçoit les conseils de Sutter en pleine face. Ce dernier pose les jalons des choix à venir pour Raylan : le plus dur pour Sutter était de quitter sa famille le dimanche soir, et sa plus grande crainte est de voir sa plus jeune fille embrasser la carrière de Marshall. Si Raylan n’arrive pas à lire entre les lignes.

Le voyage à Miami permet de se familiariser avec la famille Crowe, avec à leur sommet le frère (qui fait office de patriarche) et la sœur (para-légale qui joue la voix de la sagesse). Dans les rôles on retrouve Michael Rapaport et Alicia Witt. S’il est agréable de retrouver la seconde, qui se fait rare dans de beaux projets, l’embauche de Rapaport surprend. Acteur très limité, qui s’est montré incapable de nuance dans son jeu depuis le début de sa carrière, il semblait être une fausse bonne idée de casting.

Un ou deux tons en-dessous de l’habitude, Rapaport fait le boulot comme rarement. Pas d’explosion verbale avec son langage de petite frappe. Rapaport reste subtil, et ça, c’est en soit un petit miracle. En même temps, il peut s’appuyer sur des auteurs qui ont la passion du « personnage », ainsi qu’un certain savoir-faire. Ça semble même pour eux être une obsession.

Rapaport et Witt

Constamment dans l’épisode, vous avez l’impression qu’on vous retire le tapis sous les pieds, tant les personnages « tués » le sont à des moments qui semblent complètement innatendus. Et pour cause, rien dans la présentation et la caractérisation des personnages ne laisse penser qu’il va disparaître si vite. C’est vrai, si le gars doit avoir 37 secondes de temps d’antenne, pourquoi s’ennuyer à lui donner de la consistance ? Les auteurs de Justified, à cette question répondent le plus simplement du monde que c’est capital.

Tous les personnages sont tri-dimensionnels, semblent arriver dans la série avec un background (qu’on ne connaîtra peut-être jamais, mais peu importe). Du coup, quand ils mangent la poussière, la surprise n’en est que plus grande. C’est ce qui rassure, au final, sur l’avenir de la série, qu’il soit long ou pas : tout est travaillé avec un grand sens du détail.

Pour être sympas, on ne met pas Olyphant à côté.

Et de l’humour aussi. Il n’y a qu’à voir pour s’en persuader les interactions entre Dewey et Raylan, la tentative de fuite du malfrat à Cuba dans une embarcation un peu risible… ou bien le caméo de James Le Gros, de retour dans son rôle de Wade Messer, qui ne trouve rien de mieux à dire à Raylan en première instance « tu veux une fellation ? ».

Un James Le Gros, qui, on le rappelle, fut le premier à interpréter Raylan Givens, dans le téléfilm Pronto avec Peter Falk (photo peu flatteuse à droite).

Vous l’aurez compris, si ce démarrage de Justified reste familier, il s’agit de « familier » dans le bon sens du terme. Brillant, surprenant, drôle, intense… et cool. Comme d’habitude. Pas de quoi être blasé, contentons-nous de profiter.

JUSTIFIED, Saison 5, Episode 1 « A Murder of Crowes » (FX)

Ecrit par : Graham Yost et Fred Golan

Réalisé par : Michael Dinner

Avec : Timothy Olyphant (Raylan Givens), Walton Goggins (Boyd Crowder), Nick Searcy (Art Mullen), Joelle Carter (Ava Crowder), Natalie Zea (Winona Hawkins), Jere Burns (Wynn Duffy), Michael Rapaport (Daryl Crowe Jr), Alicia Witt (Wendy Crowe), Damon Herriman (Dewey Crowe), David Koechner (Deputy Sutter), Amaury Nolasco (Elvis), James Le Gros (Wade Messer)
Dave Foley

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