Krieg machine de Pécau, Mavric et Andronik

Krieg machine de Pécau, Mavric et Andronik

Note de l'auteur

Ce fut le grand espoir des nazis pour renverser le cours de la guerre et de l’Histoire. Le Tigre, premier char lourd teuton, a longtemps régné sur les champs de bataille russes avant de subir la loi de la masse soviétique et du progrès américain. À travers lui, on plonge dans le quotidien de ces soldats d’élite allemands, qui, pour certains, lucides, avaient bien compris que la guerre était perdue et qui, pour d’autres, espéraient un sursaut national grâce à ce blindé. Trop tard.

L’histoire : Le char Tigre, une merveille d’engin lourd allemand, a su faire peur à toutes les armées alliées lors de la Seconde Guerre mondiale. Vie et mort de cette redoutable arme de destruction massive à plus de 2 000m de distance. Otto von Sholtiz et Kurt Seibel se rencontrent à l’école des blindés de Paderborn. À travers leur histoire imaginée, leurs gloires et leurs déboires, c’est celle, réelle, de ce fauve assoiffé de sang qui nous est contée.

Mon avis : Ce n’est pas forcément à mettre entre toutes les mains car très spécifique, mais on se prend une bonne petite leçon d’histoire dans les dents. Une histoire forcément un peu romancée mais on en apprend des tonnes sur l’un des aspects du deuxième conflit mondial du XXe siècle. Le parti pris est de scénariser plutôt que de « documentariser » ce récit mais c’est l’assurance de ne pas lasser le public. Cela aide à attirer un lectorat plus large vers un domaine d’experts et de spécialistes.

En l’espèce, il s’agit du char Tigre. On serait presque capable d’en fabriquer un après cette lecture, tant le cahier supplémentaire de huit pages est didactique et bien fichu. On exagère, évidemment mais doubler le scénario d’un précis technique ne gâche rien à l’affaire. Le Panzerkampfwagen VI Tiger I Ausfuhrüng.E, son nom complet, fut l’une des trouvailles les plus redoutables de l’industrie de guerre nazie. Celui qui ne trouva pas pendant longtemps d’adversaire à sa mesure, jusqu’à l’apparition du Ricain M26 Persching.

Ce récit est librement inspiré de la vie de Johannes Bölter, un des cadors teutons qui a épinglé pas moins de 139 chars ennemis durant la Deuxième Guerre mondiale avant de se faire gravement brûler au front (pas à la tête, hein). Capturé par les Soviétiques, il passera à l’Ouest en 1950. Dans cet album, sa fin ne sera pas franchement la même.

Après l’excellent Cette machine tue les fascistes où le tank russe JS-1 faisait des merveilles, Krieg machine nous fait visiter l’autre camp. Avant fin 2019, le troisième opus Death machine. Tout un programme.

Si vous aimez : L’histoire de Ferdinand Porsche et de son entreprise, qui ont tenté de faire leur place dans l’industrie militaire avant de retourner à leurs chères études de voitures de course. C’est la firme Henschel qui a finalement décroché le marché du Tigre en 1942 car le blindé issu de Stuttgart prit feu lors des premiers essais.

En accompagnement : World of tanks blitz, jeu disponible dans toutes les bonnes boucheries Google Play.

Autour de la BD : On prend les mêmes et on recommence. Ou presque. Jean-Pierre Pécau en instigateur et au stylo, Mavric au crayon. C’est Filip Andronik qui remplace le dessinateur Damien, le troisième larron de Cette machine tue les fascistes. Senad Mavric a l’habitude de travailler avec des auteurs français ; Andronik est un des pionniers du développement de la BD en Bosnie-Herzégovine, son pays.

Extraits : « Le nouveau char de la Panzerwaffe va nous permettre de reprendre l’initiative à l’Est (…). »

« Vous l’avez déjà vu ? »

« Non. Mais je sais déjà qu’il est armé du meilleur canon antichar de guerre. »

« Un 88 ? Mais il doit être énorme. »

« En effet, messieurs, 57 tonnes d’acier. Je vous présente votre nouvelle monture : le Tigre. »

Krieg machine
Écrit par Jean-Pierre Pécau
Dessiné par Senad Mavric, Filip Andronik
Édité par Delcourt

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