La fenêtre de Diane : les sauts de puce de la réalité
Dominique Douay nous invite à voir un monde à travers plusieurs vies et plusieurs réalités. Bienvenue dans l’univers du Livre et de la Protée.
L’histoire : Il existe une planète, nommée le Livre. À sa surface, des hommes lisent l’histoire des mondes infinis et des réalités disparates qui font partie de la Protée. Cela à l’aide de marque-pages. Mais des fantômes peuvent se retrouver piégés sur des mondes. Et sur l’un d’entre eux, Gabriel Goggelaye est un être humain bien étrange. Il voit des ombres à la périphérie de sa vision. Et à certains de ses souhaits, la réalité change…
Mon avis : Avant d’être un roman, La fenêtre de Diane est un puzzle. À chaque titre de chapitre correspond une année. Des personnages nouveaux apparaissent et disparaissent, alors que d’autres décident de changer de nom. Parmi eux, nous suivons plus particulièrement la vie de Gabriel Goggelaye, jeun garçon plutôt normal, à la vie tout sauf passionnante… si on omet sa capacité à changer la réalité malgré lui. Dans son monde se promènent aussi cinq personnes, voire six. Mais difficile de savoir ce qui appartient à la réalité du monde, ou à celle du livre.
Ouvrage passionnant par les énigmes qu’il propose et par sa construction complètement éclatée, l’ouvrage pèche parfois un peu par ses longueurs, et les énigmes auxquelles nous n’aurons jamais la réponse, et c’est bien dommage. Dominique Douay nous entraîne dans un jeu de cache-cache, dans un monde où certains espaces seront à jamais cachés. Résultat, une fois le livre fermé, nous voici de retour, à avoir envie de retourner en arrière, lire avec un œil neuf et averti les actions et réactions des personnages.
Dominique Douay d’Yves Tennevin
Point d’attachement en effet, le lecteur est avant tout spectateur d’une histoire, un tisseur qui démêle son fil. En cela, c’est un ouvrage qui peut paraître ardu ou sec. Mais c’est une enquête à travers le temps, où les hommes même tout-puissants, sont avant tout des marionnettes.
Si vous aimez : Les Aventures du professeur Layton face à Fondation.
Autour du livre : Nous saluons les caméos de Philip K. Dick, un des auteurs phare de Dominique Douay.
Extrait : « Les nuées noires. Les coursives de la Bibliothèque bruissent de cette rumeur. Mais ces nuages plus sombres que la nuit, surgissant de l’espace pour engloutir des planètes entières, sont sans doute nés du cerveau de lecteurs trop impressionnables.
Le travail d’un lecteur du Livre est particulièrement ingrat. Personne ne vous connaît, pas même le surveillant qui dirige votre équipe. Et le marque-page, votre unique compagnon, n’est qu’une simple machine dépourvue d’intelligence et de sentiments. Alors vous vous inventez des aventures, rien de plus naturel, rien de plus humain. Des légendes naissent à partir de rien, propres à enflammer l’imagination, à faire de vous de véritables héros.
Les histoires de fantômes sont particulièrement prisées. Les plus connues mettent en scène trois personnages incapables de s’évader des récits gravés tout au long des galeries de la planète-mémoire. Ou quatre peut-être, car certaines légendes parlent aussi d’une fillette endormie. »
Sortie : septembre 2015, éditions Les moutons électriques, 297 pages, 23 euros.
