La Forêt en « chanté » (Critique d’Into The Woods)

La Forêt en « chanté » (Critique d’Into The Woods)

Note de l'auteur

Into-the-Woods-2014-Movie-PosterAdaptation de la comédie musicale du même nom, Into The Woods des studios Disney a le mérite d’intriguer par sa bande-annonce et d’amener un peu de musicalité en ce début d’année.
Mais qu’en est-il de ce long métrage au casting shiny-shiny ? Comment se place-t-il dans le flot des sorties d’adaptation live des contes (Cendrillon, Blanche Neige et le Chasseur, etc.) ? Comment réceptionner ce film d’un genre (musical) étranger à notre culture ? Le public français sera-t-il au rendez-vous ? Rien de moins sûr…

Synopsis :

Les histoires de Cendrillon, Raiponce, Le petit Chaperon Rouge et Jack et le Haricot Magique s’entremêlent et explorent les désirs et les rêves de leurs protagonistes. C’est sans compter sur le conte du boulanger et de sa femme qui va tout bouleverser les destins des autres. Pour avoir un enfants, ces derniers doivent récupérer plusieurs éléments pour les donner à la sorcière :  une vache blanche comme le lait (celle de Jack), un soulier d’or (celui de Cendrillon), une cape rouge comme le sang (celle du petit chaperon rouge) et des cheveux blonds (ceux de Raiponce).

Troisième comédie musicale du réalisateur Rob Marshall (Chicago, Nine), deuxième adaptation cinématographique d’un show de Broadway de Stephen Sondheim (Sweeney Todd) et première production entièrement musicale de Walt Disney Pictures, Into the Woods enchantera les fans de contes de fées. Un vrai problème est à dénoter avant tout jugement de valeur sur ce film : la France n’a pas la culture du show musical et il est délicat d’émettre un avis sans rentrer dans les goûts personnels de chacun. Car oui, il faut aimer les comédies musicales pour apprécier ce film. Sweeney Todd vous a fatigué ? Les Misérables vous ont cassé les oreilles ? Passez votre chemin. Vous aimez Glee, Once Upon a Time et les Disney de votre enfance ? Restez.Into-the-Woods-Lilla-Crawford

Une fois ce postulat dépassé, plusieurs points intéressants s’offrent à nous. La première qualité de ce film c’est son casting : Meryl Streep formidable en sorcière décalée, Emily Blunt émouvante en boulangère touchante, Chris Pine crédible en prince qui en fait des caisses et enfin Anna « Cendrillon » Kendrick, en attachante princesse moderne (Inutile par contre de parler de la très courte performance de Johnny Depp, toujours la même, coucou le personnage Burtonien…). Ils nous enchantent par leur présence, leur énergie et leur palette d’artistes complets. Car oui, ces acteurs américains qui savent tout faire (chanter, danser, jouer) sont rafraichissants.INTO THE WOODS

La première partie du film reste sur une thématique de contes, tandis que la seconde partie tord les histoires de notre enfance pour en extraire une sorte de « jus de second degré ». Et ce recul sur les contes de fées est lui aussi un point sympathique du film, les princes se ridiculisent dans des diatribes nianiantes, Cendrillon laisse volontairement sa pantoufle sur les escaliers du palais, chacun devient acteur de sa propre histoire et moteur de son destin. Les contes sont tordus pour devenir plus malins. Hélas le film ne va pas au bout de ce postulat, n’assume qu’à moitié ses blagues et nous laisse un peu sur notre faim. Le message délivré par le film (comme quoi la vie n’est pas comme un conte de fées) n’est qu’en demi-teinte et finit par se révéler assez inefficace.

Le réel point négatif de ce film c’est sa longueur, sûrement adaptée pour une pièce à Broadway mais beaucoup trop étirée pour un film dans une salle obscure. On observe cette maladresse à petite échelle avec l’introduction (une chanson d’exposition d’au moins 15 minutes), ainsi que dans la totalité du film. De meilleurs choix de montage aurait pu permettre de couper une bonne vingtaine de minutes au film et de re-dynamiser sa narration. INTO THE WOODS

On notera une attention toute particulière pour les costumes de Colleen Atwood, dont on a pu voir le travail dans les films de Tim Burton et ceux de Rob Marshall. La costumière parvient à insuffler de la magie dans les vêtements de ses personnages et nous transporte dans un autre monde en créant des coupes n’appartenant à aucune époque « réelle » et identifiable.

C’est donc tiraillé que l’on sort Into the Woods. Notre affection pour les contes de notre enfance vient se mêler à un sentiment de déception d’un travail non-abouti. Dommage que Disney n’ai pas souhaité aller plus loin comme un Shrek l’avait déjà fait. Une fois de plus il est utile de répéter qu’un film comme celui-ci aurait pu toucher un public plus jeune, mais hélas, la version originale bloquera plus d’un enfant français pour rentrer dans cette histoire.

 

INTO THE WOODS de Rob Marshall avec Meryl Streep, Anna Kendrick, Emily Blunt, Chris Pine et Johnny Depp (02h04). Sortie le 28 janvier.

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