
La mixtape : Lost
Le 22 septembre 2004 débutait Lost sur ABC. A cette occasion et durant toute la semaine, le Daily Mars fêtera dignement l’anniversaire de cette oeuvre importante dans l’histoire de la télévision. Géniale ou vilipendée, elle ne laisse rarement indifférent et son final pourrait occuper une place aux côtés du Prisonnier par la violence des réactions. Aujourd’hui, la rédaction s’est plongé dans ses souvenirs musicaux pour croquer le portrait-robot de son cast à rallonge et même du Smoke Monster. Une mixtape gargantuesque dont les choix sont commentés ci-dessous !
Jack Sheppard
Les titres choisis illustrent toute la complexité du personnage de leader incarné de Matthew Fox. A première vue, il est la solution à pas mal de catastrophes rencontrés par les 48 survivants du vol 815 de Oceanic Airlines. Donc forcément, à l’instar de Sawyer, il est un peu tête à claques à la base, d’où le « A Well Respected Man » de The Kinks. Et comme dirait Tina Turner, il semble tellement répondre aux clichés du héros que « We Don’t Need Another Hero ». Mais le Sheppard a ses zones d’ombre, et son rôle de leader tente d’effacer sa vie personnelle désastreuse, et il n’a jamais réellement perdu espoir de faire sortir des survivants de l’île (tout ça, c’est « At My Most Beautiful » de R.E.M.) et c’est, au final, un « Average Man ». Il trouvera finalement un répit bien mérité en fin de série, aussi fatigué que le chante Fugazi.
Kate Austen
Les choix de titre illustrent bien sa qualité de bad girl : ci-dessous, The Cramps et leur « Like A Bad Girl Should ». Ou encore l’attitude défensive mise en exergue par « Bad Reputation » de Thin Lizzy. Mais Kate a aussi ses objets-fétiche : l’avion-jouet très symbolique, d’où « Aeroplane » de Red Hot Chili Peppers. Ou la fois où elle met le feu à la maison de ses parents, et fait exploser une maison où se trouve son père biologique Wayne (« House On Fire », Fitz and The Tantrums). La renégate méritait bien des chansons à sa gloire, donc pourquoi pas Verbal and The Kickdrums et leur « Ice Princess ».
Sawyer
Celui que les 70s connaissent également sous le nom de Jim LaFleur a bien des zones d’ombre. A commencer par un passé douloureux et un escroc de père, à qui il pourrait dédier le « Why Should I Cry For You » de Sting. Sinon on sait qu’en plus du bagout et des meilleures répliques sarcastiques de toute la série, James Ford peut escroquer les gens comme pas deux. « Chain Of Fools » d’Aretha (ndr : oui, c’est juste Aretha) est donc un titre qui lui colle comme un gant. « Goodbye Stranger » de Supertramp peut s’appliquer à lui-même comme à sa relation avec son père. Enfin, son histoire avec Juliet qui intervient dans la deuxième partie de la série le transforme, on a donc choisi « You’re All I Need To Get By » de Method Man, qui rappe : « Back when I was nothing/ you made a brother feel like he was something » entre autres.
John Locke
John Locke, l’homme à la peau d’orange dans la bouche et aux multiples vies, méritait bien un grandiloquent hymne de John Barry et Nancy Sinatra dans cette mixtape : « You Only Live Twice ». Locke, l’homme de foi, qui va évangéliser les survivants aux propriétés miraculeuses de l’île, lui qui y a vu dedans « quelque chose de beau ». Quoi de mieux que « Jesus He Knows Me », où Phil Collins a certes plus de distance dans ses incantations que Locke? Ou encore l’élégiaque « Watching Over » de Deniece Williams accompagnée des White et des zicos de Earth, Wind & Fire? Mais la piété a ses limites, et ses actions en tant que Men In Black peuvent nominer Gravediggaz et « Diary Of A Madman ». « I understand you guys are pleading insanity/Claiming demonic spirits possessed you to do these hideous murders ». Ou encore le « Me and The Devil Blues » de Robert Johnson : on sait qui mène cette danse en fin de compte.
Hurley
Hurley et son interprète, Jorge Garcia, c’est un peu la quintessence du sidekick cool malgré toute sa malchance. Du coup, même pour une chanson aussi mélancolique que « Wild World », on la voit bien entonner la version reggae de Maxi Priest à Libby. Hurley, c’est un peu le genre de mec qui écouterait The Specials en conduisant le van Dharma vintage. Les nombres Môôôôdits (copyright Perdusa) sont aussi une composante essentielle du personnage : ils le rendent chanceux dans un premier temps (Lucky…. comme Jil Is Lucky, et « J.E.S.U.S. Said » pour une mère assez croyante), puis sont la raison de toute sa poisse. Mais les chansons à base de chiffre, c’est un peu dur à trouver. On a donc choisi le funky « Pinball Number Count » tiré des BO de Sesame Street, avec les Pointer Sisters aux chœurs.
Sayid
Monsieur Jarrah a un gros vide qui a été le moteur de bien de ses épisodes : Nadia. D’où la complainte d’un autre grand Monsieur, Johnny Cash, « I Still Miss Someone ». Mais c’est aussi un badass, qui n’a pas hésité à accepter la proposition de Widmore d’être un mercenaire à sa solde (« Hired Gun », de Bad Brains). Mais il a aussi un « particular set of skills » qui n’a rien à envier à Liam Neeson, d’où le « Under Your Skin » de Luscious Jackson et l’entêtant « Dirty Deeds » de Joan Jett. Et n’oubliez pas que c’est un miraculé de l’île de Lost, avec une mort suivie d’une résurrection par le Man In Black. On lui devait bien une petite « Song For The Dead » par Queens of The Stone Age.
Jin
Jin a au moins un trait en commun avec Sayid : être tueur à gages. Un autre morceau qui l’illustre bien est celui de Pharoahe Monch, « The Hitman ». Autre point commun : une manie à la violence physique (Death From Above 1979, « Blood on Our Hands »). Jin est surtout associé à Sun (Eagle-Eye Cherry, « Together »…. après tout, la scène du sous-marin…), et ses velléités très fortes de s’échapper de l’île (Woodkid, « The Great Escape »).
Sun
Egalement indissociable de Jin, dans son côté délaissé et étouffant du début de la série (« Show Me Love », Robin S.) ou encore la déclaration passionnée d’Ella Fitzgerald, « My Man ». Enfin, « Lost In Translation » est un clin d’oeil à sa faculté de parler anglais, qu’elle a caché à Jin.
Charlie
L’alter ego de Dominic Monaghan est d’abord, la quintessence de la « Rock Star » (coucou, N*E*R*D*). C’est aussi un junkie dont l’addiction a été dépeinte dramatiquement dans les premières saisons (The Verve, « The Drugs Don’t Work ») et pas n’importe quelle drogue : l’héro. C’est aussi un mec prompt à qualifier tout le monde de « brother » à l’instar de Desmond (on y revient plus loin) (« Everybody’s Brother », Cody ChesnuTT). C’est aussi quelqu’un dont la stature et l’humour aurait pu permettre un peu d’autodérision (« We Are Not Going To Make It », The Presidents of The U.S.A.).
Claire
C’est une des survivantes dont le bébé causait le plus de fil à retordre aux survivants (« Baby Love », The Supremes). Une grossesse pour le moins mouvementée (Supergrass, « Tales Of Endurance Parts 4, 5 and 6 »). Comme ses flashbacks ont montré, Claire en a bavé pas mal même avant d’être mère, on a donc choisi « O-O-H Child » de The Five Stairsteps pour mère et fils. Sa difficile rupture avec Charlie dont le comportement devient de plus en plus instable a inspiré le choix d’un classique de Paul Simon. Et pourquoi pas choisir Aaron le groupe, aussi le nom de son fils?
Ben Linus
Ben est un personnage énigmatique, pervers, un des meilleurs baddies de la télé de ces 15 dernières années, qui a consolidé la carrière de son interprète, Michael Emerson. Par ironie, on a donc choisi « If You Don’t Know Me By Now » pour cet insondable psyché. En tant que leader des Others, « Road To Nowhere » semble bien adapté à la philosophie des antagonistes (et aussi de la série, un peu). « Stranger on Earth » constitue un bon aperçu de sa trouble vie personnelle. Mais c’est aussi un personnage qui a pris plein de coups littéraux, chacun savouré par le téléspectateur (The Bees, « Punchbag »).
Juliet
Ah, Juliet. L’atout le plus charmant et secret des Others. Sa spécialité en obstétrique (Foo Fighters, « Come Alive »). Ses combats dans la boue avec Kate (« Back in The Mud », Bubba Sparxxx). C’est également le personnage qui a fourni le plus de non-réponses et explications évasives de la série (Kate Nash, « I’ve Got A Secret »). Enfin, le shipping avec Sawyer méritait bien « Underneath Your Clothes » de Shakira. (ndr : oui on a le droit de troller de temps à autre).
Michael
Pour reprendre ce cher Daniel Balavoine, « c’est son fils sa bataille ». C’était un peu léger pour la mixtape, donc on a aussi ajouté « Don’t Try Suicide » de Queen parce qu’il essaie en vain d’échapper à l’emprise de l’île. Michael, c’est aussi celui qui revient tenter de sauver les survivants après les avoir trahis (« Redemption Song », Bob. Oui, juste Bob, on est comme ça nous). Et c’est un des quelques personnages qui reviennent sous forme d’ectoplasme pour prévenir Hurley de la fatalité du plan de faire exploser l’avion sur l’Hydra (vers la fin de saison 6, « Everybody Loves Hugo »).
Desmond
La relation entre Penny et Desmond fait partie des plus poignantes jamais gérées par la série. Sa séparation d’avec la fille de Charles (Chuck pour les intimes) Widmore inspire la présence de « Ain’t No Sunshine » de Bill Withers. Le « brutha » est longtemps resté dans la hatch, à jouer du Mama Cass en vinyl. Le titre présent est tiré du même album que « Make Your Own Kind Of Music » (« It’s Getting Better »). Penny a mis tout en oeuvre pour retrouver l’île où se trouve Desmond, donc le « Been Around The World » de Lisa Stansfield semble approprié (oui c’est un peu de la triche, mais on a pas mis Penny dans cette mixtape). Vu que sa mission dans la hatch était aussi d’appuyer sur un bouton tous les 108 minutes pour contenir le champ électromagnétique de l’île, il a un cas de « Computer Love » un peu forcé (Zapp). Enfin, le fameux « Constant » de l’île et ses flashes engendrent la présence du « Fear For The Future » de The Residents.
Miles
Ici, on a un médium (« I Hear Voices », Screamin’ Jay Hawkins) qui est aussi le fils de Pierre Chang, le Monsieur des Vidéos (Aphex Twin, « Father »). L’inclusion de Macy Gray fait référence au moment où il se voit bébé. Et autant mettre un artiste « H-Bomb » pour commémorer sa mort (ici H-Bomb Ferguson).
Faraday
Un des plus zarbes du quatuor qui débarque en saison 4 (« Where Is My Mind », évidemment), Daniel Faraday comprend mieux que quiconque les propriétés spatio-temporelles de l’île, qu’il doit d’ailleurs éclaircir (Prodigy, « Out Of Space »). Il ne veut vraiment pas s’attarder sur l’île, et veut dégager au plus vite (Wilson Pickett, « Engine Number 9 »).
Charlotte
C’est un des personnages qui a mis le plus de temps à se révéler, à l’instar de Juliet auparavant (U2, « Mysterious Ways »). C’est aussi la plus fragilisée par les changements d’époque mus par le déplacement de l’île (Josh Ritter, « Change Of Time »). Enfin, on a choisi Snow Patrol en hommage à ses ultimes paroles. RIP.
Charles Widmore
Un des méchants les plus durs à cuire de « Lost », Widmore n’a eu de cesse de traquer l’île (Michael Jackson, « We’re Almost There », U2 encore). Il est de l’opinion que l’île est sa propriété, ou plutôt celle de Widmore Industries (« Taking Back What’s Owed To Me »). Il ne faut pas sous-estimer ses ressources infinies, même si elles ne sont jamais explicitées par la série (« No one man should have all that power », Kanye West). Ou son empire (« Empire Building », Tears For Fears).
The Smoke Monster
Avant d’être fait un personnage à part entière, le Smoke Monster est aussi une bête incompréhensible. On a donc rempli la mixtape de titres indus : « Come To Daddy » de Aphex Twin, « Black Mass » de Electric Wizard. Et aussi « I am A God » de Kanye, parce qu’après tout, en fin de compte c’est aussi ce qu’il est.