#La pyramide de Ponzi de Bétaucourt et Ferlut

#La pyramide de Ponzi de Bétaucourt et Ferlut

Note de l'auteur

C’est l’histoire d’un mec sans un flèche mais pas sans idées, obligé de quitter son pays et qui devient l’un des plus grands escrocs de la planète finance aux States. Histoire, vie et mort d’un type au bagout légendaire mais à la moralité un brin douteuse. Cela vous rappelle quelqu’un ?

L’histoire : originaire d’Émilie-Romagne, Carlo Ponzi émigre aux États-Unis sans un sou en poche. En ce début de XXe siècle, la terre de tous les possibles s’avère presque trop petite pour celui qui se voit en self-made-man. Sauf que le rêve américain va virer au cauchemar car le désormais Charles est devenu riche le plus illégalement du monde. En montant une arnaque qui fera des petits pendant bien longtemps et connue sous le nom de pyramide de Ponzi.

Mon avis : c’est un document intéressant qui décrit parfaitement la mécanique infernale d’une descente aux enfers après une montée extrêmement rapide au pinacle. Comment passer de tout à rien en peu de temps parce que tout ce que vous avez bâti, vous l’avez construit sur du vent. Sur des produits financiers prétendument miracles qui s’avèrent vite des planches pourries. C’est la vie de Carlo, aka Charles (faut bien faire ricain), Ponzi qui enfantera nombre de successeurs dans les décades qui suivront.

Jusqu’à dernièrement avec, en point d’orgue, ce bon vieux Bernie Madoff. Le zig, gendre idéal, a tout bonnement volé près de 65 milliards de dollars avec sa société d’investissements. Récompense : 150 ans de prison. Ponzi, lui, n’écopera que du dixième de la peine en trois échéances avant de se faire expulser d’Amérique sans jamais avoir obtenu de naturalisation, peut-être son plus grand échec.

On a l’impression que le natif de Ravenne, poussé par une envie irrépressible d’ascension sociale, fut mû par le besoin non moins raisonné d’épater la mama. Sa consécration, c’est de l’accueillir à Boston pour lui témoigner de sa réussite. Bon, elle ne sera que transitoire car il fut rattrapé par la patrouille et termina sa vie ruiné et en exil. De retour en Italie, il monta des fumisteries financières d’abord bien vues par le régime du duce facho Benito avant de s’enfuir et de vivre et mourir chichement et aveugle au Brésil en 1949.

Constat d’échec mais panache de l’existence et prestidigitation permanente pour une bande dessinée fort instructive.

Si vous aimez : Stavisky d’Alain Resnais avec Bebel dans le rôle-titre.

En accompagnement : Pour la beauté du geste de Maïdi Roth.

Autour de la BD : journaliste de formation, il n’y a pas de sot métier, Xavier Bétaucourt a débuté sa carrière avec le très bon Bouclier humain. C’est un raconteur d’histoires qui gagne à être connu. Scénariste et dessinatrice, Nathalie Ferlut est assez éclectique dans sa production.

Extraits : « Je leur ai donné le plus beau spectacle jamais présenté dans ce pays depuis l’arrivée des premiers colons. Ça valait bien 15 millions de dollars de me regarder réussir ce coup. » Charles Ponzi.

La Pyramide de Ponzi
Écrit par Xavier Bétaucourt
Dessiné par Nathalie Ferlut
Édité par Delcourt

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