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La vie rêvée de Vlad III Tepes (critique de Vampires En Toute Intimité, de Taika Waititi et Jemaine Clement)

La vie rêvée de Vlad III Tepes (critique de Vampires En Toute Intimité, de Taika Waititi et Jemaine Clement)

Note de l'auteur

Vivre en suceur de sang, que ce soit au fin fond de la Nouvelle-Zélande ou dans le Limousin, ce n’est pas tous les jours faciles. Une partie de l’équipe de Flight of The Conchords a exploré les petits tracas d’une confrérie de vampires pour What We Do in The Shadows. Auréolée d’une belle réputation dans des festivals internationaux, cette pochade d’horreur a débarqué vendredi en e-cinéma (location pour une durée limitée) affublée d’une version française originale signée des trublions Nicolas & Bruno (Le Bureau, Message à caractère informatif). Alors, coup de veine pour le vampirisme qui fait rire ?

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Aymeric, notre hôte, doublé par Bruno Lavaine en VF. (Crédit : Wild Bunch)

Aymeric, Miguel, Geoffroy et Bernard, plusieurs centaines d’années au compteur (voire 8000 ans pour Bernard), vivent plus ou moins heureusement dans l’ombre, dans une colocation du centre-ville de Limoges (ou Wellington, ça dépend de vos choix de location). Une équipe de documentaire les a suivis alors qu’ils se préparent pour l’annuel bal des vampires, dont Geoffroy souhaite être invité d’honneur : le Bal des Morts. Et respecter les règles d’hygiène ou de salubrité ou encore se mettre à la page des looks modernes pour séduire des victimes sont des combats de tous les jours.

Waititi et Clement ne s’embarrassent pas de la partie horreur, ou assez peu du grand-guignol, ce qui est un bon point car ce sont les grosses facilités du genre. En réalité, le vampirisme étant toujours une métaphore pour parler d’autres sujets, celui-ci retrace la ringardise et le manque d’efficacité des créatures de la nuit. La démythification du style de vie et des aspirations de chacun procure la majeure partie des rires de Vampires en toute intimité. Des cérémonies grandiloquentes qui accouchent d’une souris jusqu’aux esclaves veules et frustrés, toutes les règles principales du vampirisme y passent afin de créer autant de malaise qu’un bon épisode de Strip-Tease (ndr : les opinions de cette critique n’engagent que leur seul auteur).

Même le vampire le plus taciturne, celui qui ressemble le plus à Nosferatu, est utilisé avec parcimonie et sa sénilité le rend totalement à part dans la bande. Un film constitué à partir d’heures d’improvisation, qui reprend quelques idées visuelles de la série Flight of The Conchords, comme une séquence de poursuite hallucinogène, qui rappelle le segment « Prince of Parties » de la saison 1 et son côté psychédélique. Les fans reconnaîtront le Murray de la série, Rhys Darby, en loup-garou provocateur. De la satire très solide, qui est à la hauteur de sa réputation, mais qui n’explique pas entièrement ce qu’ont vu les pontes de Marvel Studios pour engager Taika Waititi pour le troisième volet de Thor. Elle se termine de manière un peu frustrante, avec des séquences postgénérique pas vraiment à la hauteur du reste – alors que, pour beaucoup de comédies cultes, ce sont des bêtisiers ou prolongations de sous-intrigues démentes.

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Crédit : Wild Bunch

La grande affaire de Vampires en toute intimité, c’est sa VF. Le casting ramené par Nicolas & Bruno est à l’avenant : Alexandre Astier pour doubler la « rockstar » Geoffroy, Miguel la « fashion victim » par Fred Testot… et Aymeric par Bruno. Mais la promesse d’adaptation libre n’est qu’à moitié remplie, tellement les situations fonctionnent bien dans l’original. Il y a néanmoins un vrai travail d’adaptation dans la direction et les voix : s’il faudra évidemment se forcer pour voir un quelconque paysage limousin – à moins d’être sous hypnose, auquel cas on prendra des vessies pour des lanternes et des asticots pour des spaghettis – les quelques additions notables fonctionnent beaucoup. La voix de Nicolas pour l’ami « humain » de la confrérie marche toujours aussi bien, et assure une continuité avec le reste de leur œuvre – il est cadre à la COGIP. De la même manière, Bruno Salomone ajoute vraiment une touche d’idiotie à JC, loin de la composition plus pince-sans-rire de l’original néozélandais ; et Alexandre Astier arrive à égalité de son modèle Jemaine Clement. Mais sur ses 80 minutes, le travail d’étendre les dialogues se traduit par quelques petites touches d’impro bienvenues, sans plus. Il n’empêche que c’est une très belle initiative qui rend du plaisir au visionnage en VF, loin des travaux bâclés d’autres comédies : un clin d’œil rappelant les doublages VF mythiques de choses comme Wayne’s World. En somme, un bon investissement pour le distributeur, Wild Bunch.

Verdict d’un visionnage en VO et en VF : un partout, la balle au centre. Ombre (lugubre et ancestrale) au tableau : on ne peut que regretter que ce film ne fasse pas l’objet d’une exploitation salles tant ses deux versions sont créativement réussies.

Vampires En Toute Intimité/What We Do In The Shadows. Nouvelle-Zélande. De Taika Waititi et Jemaine Clement. Avec Jemaine Clement, Jonathan Brugh, Taika Waititi. Et les voix en français de : Alexandre Astier, Fred Testot, Bruno Salomone, Zabou Breitman, Julie Ferrier, Nicolas & Bruno. Disponible en e-cinéma sur les plates-formes de VOD depuis le 30 octobre 2015.

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