L’arrivée de la V.R. dans EVE : Gunjack & Valkyrie

L’arrivée de la V.R. dans EVE : Gunjack & Valkyrie

CCP, le studio à l’origine d’EVE Online fait partie des early adopters de la Réalité Virtuelle (V.R.). Alors que leurs premiers jeux utilisant cette technologie s’apprêtent à arriver sur le marché, nous avons été invités à les tester en avant première ! Faisant fi du risque de voir notre déjeuner retracer son chemin, nous sommes allés les tester pour vous !

Vague V.R. en approche Capitaine !

La réalité virtuelle, on nous en parle en ce moment beaucoup, énormément, partout ! Si vous vous intéressez à la technologie, vous entendez parler tous les jours de nouvelles avancées technologiques, de nouveaux casques ou de nouveaux jeux qui sont autant de projets V.R. Tout semble indiquer que 2016 va marquer le début d’une grande vague V.R. ! Alors, cette vague sera-t-elle comme dans les années 90, une vaguelette, ou enfin l’annonce d’une véritable révolution, c’est encore trop tôt pour le dire.

Harvey Smith (directeur créatif de Dishonored), interrogé la semaine dernière sur le sujet, a fait cette très belle réponse : « Je pense que la V.R. peut véritablement changer le monde… à condition qu’elle ne reste pas cantonnée aux jeux vidéo ». Et en effet, si on y réfléchit, la V.R. est aujourd’hui essentiellement un sujet d’actualité pour les joueurs et les militaires (toujours à la pointe du progrès). Mais elle peut être tellement plus. Elle peut constituer un apport fabuleux pour l’éducation, les voyages, la médecine, les loisirs, etc. Et changer nos habitudes et pratiques à un niveau que nous pouvons à peine imaginer aujourd’hui…

Mais pour le moment, les acteurs de ces domaines restent dans l’ensemble plus que timides sur le sujet. Et on peut le comprendre ! L’Early Adoption – c’est à dire s’équiper ou bâtir des projets sur une technologie encore en cours de développement ou de perfectionnement – c’est un risque financier énorme. Et même si les bénéfices peuvent l’être tout autant pour ceux qui ont osé être les premiers à se lancer, la plupart préfèrent observer et attendre que le bénéfice soit quasi garanti pour y aller à leur tour.

Du coup, que l’on aime ou non EVE Online (et j’ai beau m’y être essayé à plusieurs reprises, je n’arrive pas à accrocher), on ne peut que respecter les gens de CCP qui ont pris le risque de se lancer sur le développement de jeux V.R. dès 2012, c’est-à-dire dès l’arrivée des premiers prototypes d’Oculus Rift. « Jeux V.R. » car si des jeux compatibles avec l’Oculus Rift existent déjà aujourd’hui (comme Elite Dangerous qui en tire un très beau parti), EVE Gunjack et EVE Valkyrie, les deux jeux développés par CCP, sont jouables uniquement avec un équipement de réalité virtuelle. Une culture du risque et de l’innovation qui correspond assez bien finalement à cette société qui s’est bâtie autour d’un jeu au modèle vraiment unique et particulier, voire élitiste.

Voyons maintenant de plus près ces deux jeux !

 

EVE Gunjack (testé sur smartphone Samsung et Samsung Gear VR)

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Comme son nom l’indique, Gunjack se déroule dans l’univers d’EVE Online. Le joueur y incarne un de ses personnages cantonnés aux ombres de l’univers : un soldat sans visage, sans valeur, et sans nom, puisqu’il n’est qu’un chiffre, le 8. Un chiffre qui est en fait celui de la tourelle de défense du gigantesque vaisseau sur lequel il est embarqué. Un background sombre à souhait donc qui n’est pas sans rappeler le doux statut des ouvriers de la station minière d’Outland) pour introduire un jeu qui va finalement se dérouler intégralement dans une tourelle depuis laquelle vous allez faire feu de tout bois, sur tout ce qui bouge !

Gunjack5Car Gunjack est bien un pur Shoot’em up : vous tirez sur les chasseurs ennemis, vous récupérez des bonus qui vous confèrent des améliorations pour vos armes et votre tourelle afin d’abattre plus d’ennemis, et surtout de pouvoir faire face aux énormes vaisseaux (aka boss de fin de niveau) qui débarquent d’un coup devant vous et dont il vous faudra détruire scrupuleusement les tourelles (et donc les gars qui les manient, on vous a bien dit que ces gens n’avaient ni avenir, ni valeur !) et les autres points névralgiques afin de les voir exploser tels des soleils !

Jeu très classique donc, dont la nouveauté va entièrement reposer sur la V.R. ! Gunjack est un jeu mobile qui tourne sur un Samsung Note ou Edge que vous allez clipser sur l’avant du casque de réalité virtuelle : le Samsung Gear VR (allez voir sur cette page pour la présentation en images). Une fois équipée, votre tourelle pivote en fonction des mouvements de votre tête tandis que vous tirez et rechargez à l’aide d’un petit contrôleur tactile situé sur le côté du casque, ce qui n’est pas sans vous faire ressembler à Cyclope des X-Men en pleine action !

Gunjack1Graphiquement, c’est tout simplement bluffant pour un jeu mobile, en particulier en raison de la profondeur 3D que confère au jeu le Gear VR. On peine également à croire qu’on est sur un écran de smartphone puisqu’on a davantage l’impression d’être à la Géode au 3° rang, à devoir tourner la tête pour pouvoir voir l’intégralité de l’écran. On pourra noter d’ailleurs que l’angle de vue est un peu limité sur le Gear VR, car si votre regard s’aventure vraiment sur le côté, vous verrez les bords du casque. Mais c’est loin d’être un problème dans le gameplay, puisque vous devez tourner la tête – et non le regard que l’appareil ne peut suivre -, au pire un petit frein à une immersion plus totale. A part ça, c’est beau, d’un détail remarquable, tout en gardant une excellente lisibilité durant les combats.

Côté réactivité, c’est également impressionnant. L’appareil réagit aux moindres de vos mouvements et sans le moindre retard. Par contre, au niveau du contrôleur tactile, c’est un peu plus touchy. Il réagit parfaitement tant qu’il s’agit d’appuyer dessus pour tirer. Par contre, les mouvements de swipe pour recharger sont difficiles tant le contrôleur est petit, et il faut donc souvent s’y reprendre à plusieurs fois. De plus, la partie de démo ne durait que quelques minutes mais il est possible que la fatigue puisse subvenir si on tente de jouer 2-3 heures le bras en l’air. CCP nous a fait savoir que le jeu serait jouable avec un petit pad Bluetooth, ce qui réglerait effectivement ces deux problèmes (en augmentant un peu le prix d’acquisition, mais bon, une fois que vous avez acheté le Samsung Gear VR, vous n’êtes plus à ça près !).

Gunjack2Côté contenu enfin, Gunjack sera un pur jeu solo avec le contenu classique d’une campagne en Shoot’Em Up. Je n’ai pas d’estimation quant à la durée mais ce genre de jeux n’est en général pas avare en temps de jeu. Nous en saurons toutefois rapidement davantage puisque le jeu arrive avant la fin d’année.

En conclusion, Gunjack impressionne franchement pour un jeu sur mobile ! Et même si je ne suis personnellement pas assez fan de Shoot’em up pour que le jeu m’incite à me lancer dans l’acquisition du matériel, ça laisse simplement rêveur quant aux possibilités de nos smartphones. En effet, alors qu’on les associe aujourd’hui plutôt à des jeux comme Candy Crush ou 2048, on se rend compte qu’avec le matériel adéquat, leur potentiel est simplement décuplé !

 

EVE Valkyrie (testé sur PC et Oculus Rift)

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Si Gunjack impressionnait pour un jeu mobile, EVE Valkyrie impressionne, tout court ! Les quelques minutes de démo sur le jeu de CCP furent une expérience inédite et un pur bonheur pour le grand fan de dogfight spatial que j’étais (et suis toujours, mais bien en peine au vu du vide intersidéral du genre). Non ami lecteur, Elite Dangerous n’offre pas une réelle expérience de dogfight, pas plus pour le moment que Star Citizen ! Il y a du combat spatial, certes, mais qui se résume en général à quelques vaisseaux qu’on ne voit vraiment dessinés que sur son analyseur radar et sur lesquels on tire alors qu’ils représentent 12 pixels sur l’écran… Zéro sensation ! Et je ne parle pas d’Eve Online dont le combat relève de la pure tactique…

frs2pc0fNon, moi je vous parle de ces combats titanesques dans lesquels les escadrilles de chasseurs se frôlaient dans des ballets acrobatiques effrénés pleins de fureur et de rayons lasers déchirant l’espace ! Je vous parle d’accélérations qui vous collaient à votre siège alors que votre joystick à retour de force vibrait follement dans vos mains à l’allumage de l’afterburner, de ces missiles qui partaient en essaim, tels des frelons enragés, vers l’escadrille qui fonçait à votre rencontre, de ces plongeons étourdissants dans l’infrastructure de vaisseaux de guerre pour échapper aux tirs mortels de vos poursuivants et des batteries de défense ! Je vous parle de X-Wing et de TIE Fighter, de Wing Commander 3 & 4, de Freespace 2 et de son incroyable campagne, pleine de rage et de désespoir, gravée à jamais dans ma mémoire !

Valkyrie1Si comme moi vous êtes restés à jamais nostalgique de cette époque, alors lisez bien ces lignes car EVE Valkyrie m’a permis de retrouver ces mêmes sensations. Je dirais même, encore davantage de sensations grâce à la V.R. qui permet de très naturellement suivre du regard vos adversaires lorsque ces derniers s’écartent du centre de votre écran. Sur un simulateur habituel, vous perdriez l’ennemi de vue et adopteriez sa trajectoire les yeux braqués sur votre radar en espérant le faire revenir à l’écran. Ici grâce à la V.R., vous continuez à le suivre du regard en tournant la tête et adaptez dans le même temps votre trajectoire pour le remettre dans votre viseur. Un geste qui vient tout naturellement, passé la confusion des premiers instants où vous tournez la tête dans tous les sens. Du moins si vous êtes un habitué de ces jeux, car il était intéressant de remarquer que les personnes n’ayant jamais joué à des jeux de combat spatial gardaient la tête parfaitement fixe pendant toute la séance de jeu.

Valkyrie4Pour ce qui est de l’ambiance, rien à dire ! Les vaisseaux se croisent et se poursuivent dans un ballet prodigieux, dans lequel la lisibilité des trajectoires est facilitée par des trainées de couleur laissées par les chasseurs et identifiant amis (bleus) et ennemis (rouges), un petit trick très bien pensé au niveau du gameplay. L’affrontement se déroule au cœur d’une flotte de vaisseaux de guerre dont la lourde présence permet de donner une excellente impression de vitesse à vos chasseurs lancés dans des accélérations dantesques. Ajoutez à cela un graphisme impeccable, une animation sans faute (si vous avez la machine de guerre qui va bien) et une sensation de profondeur entre votre cockpit et l’espace tout à fait impressionnante, et vous comprendrez pourquoi Eve Valkyrie provoque un sentiment d’immersion immédiate dès l’instant où votre chasseur est propulsé hors de sa rampe de lancement au cour de l’espace.

Valkyrie3Battlestar Galactica vient alors immédiatement à l’esprit. Et les développeurs ne cachent pas s’être inspirés de la série et des chorégraphies de ses combats spatiaux. D’ailleurs, la douce voix qui vous transmet vos instructions par radio n’est autre que celle de Katee Sackhoff, aka Starbuck. Car niveau son, là aussi, tout est fait pour vous mettre dans l’ambiance. Comme dans tout bon space opéra, moteurs en pleine accélération, vaisseaux qui s’entrecroisent, tirs et missiles résonnent au cœur de l’espace, se mêlant à la musique, aux voix inaudibles et brouillées de votre flotte et à celle – très claire et impérieuse – de votre supérieure. Le résultat est excellent, en particulier dans son contraste entre les instants de calme, ceux où la tension s’apaise et celle où elle atteint son paroxysme dans un déchainement sonore.

Valkyrie-KateeBon, voilà pour l’ambiance. Que peut-on maintenant dire du jeu ? D’abord, qu’il sera basé uniquement sur le multiplayer, et qu’à priori, seul le tutoriel permettra le vol solo. Les joueurs appartiendront aux Valkyries – un groupe de mercenaires formé par l’énigmatique Ran qui opère dans les régions les plus dangereuses de l’univers d’EVE – ou à une autre unité qui n’a pas encore été révélée. Ils s’y affronteront par escadrilles dont la taille sera déterminée par les missions. Celles-ci permettront aux pilotes de gagner de l’expérience et de l’argent, qui débloqueront des vaisseaux, de l’équipement et de nouvelles armes. Le jeu se concentrera toutefois uniquement sur des appareils individuels ! Pas de vaisseaux pilotés à plusieurs ou de progression vers des appareils d’une classe plus importante.

On ne sait pas encore grand-chose sur un éventuel scénario de fond, mais Valkyrie s’ancre totalement, ne serait-ce que par ses personnages, dans l’univers d’EVE dont le background va en s’étoffant sans cesse (avec des extensions faisant évoluer l’univers, des livres, et une série de comics qui débute chez Dark Horse), en étant toutefois décorrélé d’EVE Online quant à d’éventuels évolutions de storyline. L’un et l’autre ne s’impacteront donc pas mutuellement, ce qu’avait souhaité faire CCP pour DUST 514.

Le jeu est encore aujourd’hui en pré-alpha, mais devrait sortir au premier trimestre de l’année 2016, accompagnant l’Oculus Rift sur PC (il faudra posséder une machine solide avec au moins une GTX970 ou équivalent), et le Playstation VR sur PS4. Nous sommes impatients d’en savoir plus et de le voir tourner dans une version plus avancée, car même en une courte démo en l’état actuel, le jeu impressionne déjà vraiment !

Et en attendant, un grand merci à CCP et à l’équipe de Cosmocover pour leur invitation et leur disponibilité.

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