#L’art de DC – Entretien avec Jean-Jacques Launier

#L’art de DC – Entretien avec Jean-Jacques Launier

Président d’Art Ludique – Le musée, Jean-Jacques Launier est également fondateur de la galerie Arludik à Paris et auteur du roman La Mémoire de l’âme. À la veille de l’ouverture au public de l’exposition L’Art de DC – L’Aube des super-héros, celui-ci a répondu à quelques-unes de nos questions.

 

art_ludique_08Daily Mars : Pouvez-vous nous présenter Art Ludique – Le Musée pour les personnes qui ne le connaîtraient pas ?

Jean-Jacques Launier : C’est le premier musée au monde consacré à l’art du divertissement et de l’entertainment. Il est dédié aux grands artistes de la bande dessinée, du jeu vidéo, de l’animation et du design du cinéma. Son but est de connecter le public avec ces arts et de lui montrer que derrière ces productions qu’il adore, il y a des artistes incroyables. Nous sommes une petite équipe, une dizaine, et nous commençons à voir le fruit de notre travail à travers la tournée de nos expositions et le rayonnement du musée dans le monde.

 

Concernant cette exposition, j’ai l’impression que si vous aviez eu trois fois plus d’espaces, vous auriez encore dû faire des choix.

J.-J. L. : (rire). On essaye depuis quelque temps d’avoir un espace plus grand. On a même de quoi faire une exposition permanente. L’art ludique est, je pense, le plus prolifique de notre époque si on mélange la BD, le manga, les comics, le jeu vidéo, l’animation ou le cinéma. Montrer à un jeune public que derrière les choses qu’il aime il y a des artistes incroyables est absolument fascinant. L’angle d’attaque de cette exposition était de montrer la dimension artistique majeure de ces œuvres, que les auteurs ont créé un genre et que, dans celui-ci, il y a eu tout une création de choses qui n’existaient pas avant. Des icones, des logos, etc., il y a une vraie abondance créative et c’est vrai qu’on aurait pu encore plus pousser les murs pour montrer tout un tas d’autres choses. Du coup, si on ne s’est pas forcément limité, on a par contre essayé de présenter une scénographie cohérente et, pour un public un peu moins connaisseur, de montrer un dialogue entre les BD d’époque et les œuvres récentes, comment elles sont réinterprétées par d’autres artistes, les séquences et les hommages aux prédécesseurs, le tout en insufflant leur propre personnalité.

 

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Je voyais par exemple l’armure de Batman v Superman à côté d’une planche extraite de Batman – The Dark Knight Returns.

J.-J. L. : Voilà. C’est ce que nous avons voulu faire. Ce n’est pas simple parce qu’il faut rechercher à travers le monde entier des planches originales. Ça représente trois ans de travail. Mais les gens de DC Comics et de la Warner ont été très impliqués. On a d’ailleurs été impressionnés par l’implication de tout le monde, que ce soit les auteurs ou les réalisateurs.

 

Vous avez eu beaucoup de retour au niveau des institutions ?

J.-J. L. : Malheureusement non. Déjà quand nous avions fait la plus grande exposition consacrée à l’art d’inspiration française dans le jeu vidéo, cela n’a intéressé personne de la culture. Mais on a l’habitude. Il y a dix ans, nous avions fait une exposition sur Miyazaki et Moebius (Miyazaki-Moebius : Dialogue entre créateurs d’univers au Musée de la Monnaie de Paris – ndlr) et aucun magazine d’art n’avait fait une ligne dessus. Aujourd’hui, ces derniers sont en train de récupérer tout ce mouvement comme l’expo de la fondation Cartier consacrée à Moebius, quelques années après la nôtre. Je pense que les institutions prendront conscience du phénomène un jour. Mais ce qui est fantastique, c’est que c’est un mouvement qui appartient au public et que celui-ci répond en masse.

Je parle souvent des grands studios comme DC, Marvel ou ceux du jeu vidéo comme des lieux équivalents à ceux de l’époque de la Renaissance italienne. C’était plein d’artistes qui venaient du monde entier, qui travaillaient tous ensemble autour d’une grande œuvre. À l’époque, les commanditaires étaient la royauté, l’église etc. Aujourd’hui, c’est le public. Du coup, les institutions sont déconnectées de l’art et de ce qui plaît au public.

 

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Vous vous souvenez de votre premier comic-book ?

J.-J. L. : Je dois avouer que je ne m’en souviens plus. J’étais immergé dans le dessin très jeune. Je lisais du Strange, du Michel Vaillant et du Blueberry et j’ai arrêté très tôt mes études pour dessiner. Je lisais Kirby, Moebius et on me disait que je devais arrêter de lire cela. Mais ce sont ces gens qui ont marqué le plus leur époque. Je suis content aujourd’hui de voir des enfants dans le musée et de leur montrer toutes ces œuvres. C’est extraordinaire et revalorisant parce que quelque part ça les rassure sur ce qu’ils aiment. On leur montre qu’ils ont raison et on leur dit que ce qu’ils aiment, c’est aussi de l’art.

 

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Merci à Jean-Jacques Launier, Renaud Hamard et toute l’équipe d’Art Ludique – Le Musée

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