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Nature sur(humaine) (Critique du 3.01 de Agents of S.H.I.E.L.D.)

Nature sur(humaine) (Critique du 3.01 de Agents of S.H.I.E.L.D.)

Note de l'auteur

Avec la disparition de Hydra désormais réduite à peau de chagrin, et l’avènement des inhumains imposé en toile de fond, Agents of Shield introduit cette nouvelle saison avec une entrée dans la cour des grands, en posant pour la première fois des jalons véritablement super-héroïques.

Car la série a souvent concentré son énergie à citer les autres icônes Marvel, ou à participer plus ou moins activement à leurs combats mais toujours dans les coulisses. Il est donc temps pour elle d’effectuer une mue nécessaire, afin que son début d’émancipation, introduit l’année dernière, se concrétise de manière permanente. Et à l’instar de la saison précédente, cela commence par une ellipse indispensable pour relancer la direction de l’équipe, ainsi que le rôle de chacun en son sein. Le S.H.I.E.L.D. continue d’œuvrer officieusement mais avec un but différent : celui d’identifier et de protéger les inhumains, dont les représentants continuent à apparaître un peu partout dans le monde.

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Un postulat de départ somme toute évident, la team de Coulson se doit en effet de défendre toutes les causes… Mais c’est surtout sa dynamique d’intervention ici, qui a changé. May, cruellement absente, et Bobbi Morse incapable de retourner sur le terrain, il ne reste plus que Skye pour les remplacer. Upgradée tant par le look que par le matériel high-tech dont elle dispose pour contrôler ses pouvoirs, la jeune femme perd son nom d’emprunt et porte officiellement le patronyme que lui ont légué ses parents : Daisy Johnson. Une volonté qui indique clairement qu’elle a désormais accepté ses origines bien sûr. Mais cette nouvelle identité est avant tout un premier pas pour que le personnage puisse évoluer pour devenir Quake, leader du groupe des Secret Warriors (dixit le comics éponyme). Un aspect qui sera certainement construit tout au long de la saison avant qu’elle n’obtienne son fameux nom de code, mais aussi qu’elle puisse mener le fameux groupe d’intervention. Des éléments donc, sur lesquels la série à une belle carte à jouer en optant son devenir dans un domaine dans lequel beaucoup l’attendait depuis le pilote : devenir véritablement un show super-héroïque.

agents-of-shield-quake-costume-skye-gros-planEt avec les inhumains comme entrée en matière, cela  semble être un terreau parfait pour fertiliser dans ce sens la physionomie d’AOS. Telles des petites graines disséminées un peu partout, l’apparition de ces êtres à part crée déjà des remous à l’échelle mondiale. Ce ne sont pas moins de trois d’entre eux que rencontrera la team dès ce début de saison, impliquant déjà une amorce de mutation en exposant clairement leurs capacités au public. Un point encore plus concrètement établi lors de l’affrontement avec le monstrueux Lash, qui emmène AOS dans une direction beaucoup plus comics bookienne que d’habitude. Cette aberration, qui cherche à supprimer les inhumains, crée d’ailleurs aussi une opposition supplémentaire à l’équipe de Coulson, qui a déjà fort à faire avec un tout nouvel adversaire. Car face à son équipe, se trouve l’ATCU, un nouvel organisme dont le but se trouve aux antipodes des idées du SHIELD : emprisonner les inhumains et faire des expériences à leur sujet.

agents-of-shield-season-3-lash-abcSi l’idée n’a rien de bien originale en soi, cette nouvelle donne octroie surtout la possibilité à la série de sortir de son schéma traditionnel. En consacrant pour la première fois son intrigue à la xénophobie et au ségrégationnisme, Agents of Shield apporte un vent nouveau dans ses thèmes, bien trop habitué à la conspiration et à la trahison que ses relents d’espionnage ne cessent de clamer.
Évidemment, le concept, depuis que les X-Men existent, comporte un classicisme certain dans le traitement. Néanmoins, les inhumains, qui ne sont rien d’autre que les mutants officieux de Disney après tout, détiennent la capacité de proposer une autre approche de la série. Les jeux de dupes étant plutôt bien consommés depuis deux saisons, Agents of Shield obtient ici la possibilité de se réinventer sans renier son adn pour autant. En créant une nouvelle source de conflits à l’échelle mondiale, la série peut se projeter sur une matière tangible pour continuer à élaborer très largement son univers. Notons que le premier inhumain que l’on rencontre est gay. Une « grande » première pour l’écurie Marvel ! (sic)

agents-of-shield-season-3-episode-frange-580x387Concernant le fameux organisme anti-inhumains, on appréciera la « trouvaille » de mettre à sa tête une femme, Rosalind Price, ici antagoniste majeure. Interprétée par la vénéneuse Constance Zimmer (UnREAL), voila un choix et un cast pertinent face à Phil Coulson, qui donne du relief à cette opposition entre les deux leaders. La particularité de Rosalind, c’est aussi qu’elle dépend directement du président des États-Unis, un statut ici fort intéressant. Car l’implication envers les inhumains de la part du chef des forces armées prépare d’une certaine manière le terrain pour l’encadrement des super-héros dans le film Captain America Civil War.

Plus subtilement, on appréciera le retour furtif et concret, de l’acteur William Sadler dans le rôle dudit président. Déjà présent dans Iron Man 3 (il remplace War Machine par Iron Patriot pour aiguiser la fibre patriotique), son rôle exhorte surtout à nous rappeler subtilement les événements que le monde a dû affronter ces dernières années. Entre l’attaque des chitauris à New-York, la convergence à Londres et l’incident de la Sokovie, nous comprenons mieux les motifs du président à instaurer cette cellule pour emprisonner les inhumains. Par ce biais, Agents of Shield continue à montrer qu’elle sait désormais utiliser le MCU de manière pondérée et intelligente et donne en plus à Iron Man 3 enfin une utilité, ce qui est quasi un exploit concernant le métrage.

Du côté du reste de l’équipe, ou du moins de ces membres encore vacants, peu de changements, si ce n’est des motivations on ne peut plus logique. Si Ward n’a pas toujours daigné réapparaître, Hunter et Bobbi Morse, eux, préparent en secret leur vengeance concernant ce dernier. Si concrètement Adrianne Palicki est à peine crédible en laborantine traumatisée plutôt qu’en action girl, la part belle est par contre tiré du côté de son futur mari. Sous couvert d’une cool attitude permanente, l’ex-mercenaire interprété par le trublion Nick Blood, montre ici clairement une noirceur assumée, tout en devenant ici plus responsable envers sa compagne. Une tonalité supplémentaire et bienvenue qui relance le couple, que l’on retrouvera bientôt dans leur propre spin-off dans Agents of Shield Most Wanted.

Agents-of-SHIELD-Fitz-Shotgun-MonolithMais on retiendra surtout  la formidable séquence impliquant Fitz face au monolith Kree. Prolongeant le ton délicieusement badass du personnage, Iain De Caestecker prouve une fois encore ici que son répertoire dramatique est toujours intact et force une fois de plus l’admiration. Après avoir démontré avec brio une troublante schizophrénie la saison dernière, le comédien signe ,une nouvelle fois, une performance absolument marquante, teintée de désespoir et de rage dans sa recherche de l’amour de sa vie, Jemma Simmons. On reste tétanisés par la scène, tellement hors du ton habituel de la série et qui pose une empreinte durable dans nos esprits après coup. Quand à Jemma justement, si on découvre brièvement son sort pour articuler au mieux le cliffhanger de fin d’épisode, elle devrait développer tout un pan incroyablement important pour la suite lors de son retour parmi les siens. Et Phil Coulson dans tout cela ? Ni en retrait, ni mis en avant. Le directeur du Shield semble faire un statu quo de son poste lors de cette ouverture. Égal à lui-même, et doté dorénavant d’une prothèse à la place du bras, nul doute que ce work in progress sur le sujet devrait lui octroyer un upgrade technologique sous peu. Pour le reste, on attend de voir comment Jed Whedon va relancer l’intérêt de ce personnage qui a affronté tellement de problèmes. Il sera en effet dommageable qu’il devienne un leader standardisé au détriment de son équipe qui continue de s’étoffer avec le temps…

Malgré quelques légers bémols, Agents of Shield revient sous de bons auspices, avec un potentiel suffisant pour développer intelligemment une intrigue de grande teneur. Si on ressent certaines directions et certains partis pris assez évidents, le show présente tout de même une volonté d’élaborer plusieurs arcs consistants. Sa mythologie, qui présente ses premiers relents super-héroïques, ne cesse de croître. Et elle semble bien partie, comme l’indiquait Kevin Feige dernièrement, à influer directement sur les événements des films à venir. On attend de voir ça.

 

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