
Layers of fear : le labyrinthe de la folie
Très remarqué lors de son alpha test et Halloween 2015, encensé à sa sortie en février 2016, Layers of Fear fait partie de ces jeux qui redonnent des couleurs aux jeux vidéo, et qui démontrent qu’avec un gameplay simple, une histoire, on peut faire passer toute une palette d’émotions aux joueurs.
Tuer n’est pas jouer
Résumer Layers of Fear à un simple puzzle game, ou point & click, voire même sur certains forums à un jeu où l’on ouvre des portes serait renier l’excellent travail du studio Bloober Team. Dans un monde vidéoludique où les Nippons fripons et les Action Joe américains dominent, l’Europe et notamment la Pologne démontre magistralement que le jeu vidéo ne se résume pas à dégommer tout ce qui passe devant vos yeux, ou subir des phases d’actions sans fin. Le studio indépendant Bloober Team nous ouvre les portes des émotions humaines, juxtaposant mélancolie, tristesse, incertitude, passion et peur. Le tout avec une finesse d’écriture ouvrant nos esprits vers l’imaginaire et la découverte d’une histoire simple mais pleine de mystère. Autant le dire de suite, vous allez essayer de comprendre l’intrigue de l’histoire tout au long de votre cheminement, mettre bout à bout les éléments que vous découvrirez et petit à petit vous créerez votre version des événements, tout en sachant qu’une part du récit sera liée à votre interprétation. C’est tout le bonheur que procure Layers of Fear, un univers clos mais ouvert à votre ressenti, votre déduction et votre sensibilité.
Portait d’une folie ordinaire
Avant toute chose, sachez que je vais essayer de laisser intacte la découverte de l’histoire et de l’intrigue, je vais simplement vous indiquer que tout se passe à l’époque victorienne, dans un manoir. Les quelques éléments posés dans le vestibule d’entrée vous donneront des indications sommaires concernant votre identité. Si vous êtes un peu observateur, vous ressentirez très vite une gêne que vous comprendrez plus tard si vous découvrez certaines informations vous concernant. Tout se déroulera dans la perception de votre environnement, du moins à travers le prisme du personnage que vous incarnez. Vous êtes lui et vous allez vivre sa vie dans son intégralité. Cette incarnation résume à elle seule l’immense travail autour de ce titre, une dualité propre au joueur, interpréter un personnage tout en étant capable de s’en détacher pour analyser et comprendre les situations. Mais comment concevoir un événement pour lequel on ne dispose que de peu d’éléments alors que votre avatar connaît l’histoire ? Il en résulte une fracture entre la réalité, l’imaginaire, où tout s’emmêle dans un chaos profond dont on ne ressort pas intact. De ce chaos naît la peur, l’angoisse, un abîme dans lequel on sombre avec le personnage. Certes, à mesure de votre avancée, vous comprendrez. Mais le jeu est assez bien fait pour vous faire revenir une seconde fois et tenter de découvrir certains éléments qui vous ont échappé. Second petit indice pour vous allécher un peu plus, le jeu est quand même d’une noirceur infinie, il y a de nombreuses références à l’époque victorienne, les décors oscillent entre Downton Abbey et Amityville.
Simple mais efficace
Le gameplay, bien que minimaliste, est très réaliste. Si vos seules actions se résument à avancer et lire, les développeurs ont intégré le fait de tirer/pousser pour ouvrir/fermer les différentes portes ou tiroirs. De plus, comme l’intégralité du jeu repose sur la perception de votre environnement, certains événements du jeu disposent d’un retard de déclenchement, ajoutant parfois un élément de surprise, une information supplémentaire voire un gros sursaut. C’est un jeu où il faut prendre son temps, comme une dégustation lente d’un plat dont on ne connaît ni la saveur ni la texture. Une bonne raison de ne pas se presser : les décors sont superbes, l’éclairage mettant en valeur chaque élément dans une scène. L’environnement est vaste et l’on se perd littéralement dans les méandres de la demeure. Certaines mécaniques du jeu s’appuient d’ailleurs sur ce labyrinthe de pièces qui s’enchaînent sans aucun retour possible ou presque. On navigue dans l’espace et dans le temps, chahuté par les événements comme une feuille dans un ruisseau, allant inévitablement vers la fin de notre parcours mais sans savoir où, quand et comment il se terminera.
Horreur… oui mais…
À l’instar d’un The Vanishing of Ethan Carter reprenant un univers issu de Lovecraft ou The Stanley Parable (faites la démo, vous n’en ressortirez pas intact ^^), Layers of Fear est un petit chef-d’œuvre d’écriture et de réalisation, une véritable exception culturelle qui affirme le jeu vidéo au rang d’art vidéoludique. Son positionnement commercial « jeu d’horreur » ne rend pas totalement hommage à l’ensemble de ces qualités, le reléguant dans le registre des jeux de genre. Il serait dommage de passer à côté sous prétexte de ne pas être amateur du genre, car le jeu est certainement plus poétique, mélancolique qu’horrifique. On ne peut que partager le destin de notre avatar et ressentir une certaine peine à son égard. Bien sûr, c’est angoissant. On est quand même dans un jeu qui lancera quelques jumpscares faisant sursauter les amateurs les plus aguerris dont je fais parti, et jouer seul la nuit avec un casque procure des sensations garanties. Mais il contient en plus cette part d’humanité, cette partie de nous qui murmure à l’oreille que dans les mêmes circonstances, à cette même époque, nous aurions pu vivre réellement la destinée de notre avatar. Et c’est certainement ce qu’il y a de plus effrayant dans ce jeu !
Layers of Fear
Bloober team
Je l’ai repéré celui-là.
Je vais attendre une promo interessante.
J’avais adoré Ethan Carter.
et tu auras raison de le jouer, franchement c’est encore plus prenant que Ethan Carter.
Étant un grand amateur de jeux d’horreur, je ne pouvais vraiment pas passer à côté de celui-ci. Perso, la mise en scène donne froid dans le dos et l’histoire est prenante, bref, j’ai adoré.