
Le bébé prématuré (Critique de Mommy de Xavier Dolan)
Grande attente Cannoise de cette rentrée, Mommy de Xavier Dolan s’annonçait être la claque cinématographique du moment. Récompensé par un prix du Jury partagé avec J-L Godard, en lice pour représenter le Canada aux oscars, les attentes sont élevées.
Effet pétard mouillé ? Complot de hipsters ? Ou réel film de qualité ?
Mommy, comme son nom l’indique, traite des rapports difficiles entre une mère (légèrement surexcitée de la vie) et son fils, un adolescent victime d’hyperactivité, impulsif et violent (complètement branque donc).
Diane, ou « D.I.E » de son petit surnom, vient chercher Steve, sa progéniture, dans un hôpital psy. Et pour cause, il a mis le feu à un de ses petits camarades à la cafétéria. Personnage à ne pas contrarier donc, on le remarquera à plusieurs reprises. La cohabitation recommence pour le meilleur et pour le pire. Ils tentent de s’en sortir, de joindre les deux bouts, mais c’est sans compter les crises de Steve. Un jour pourtant, la présence de Kyla, leur voisine, va apaiser les choses. C’est peut-être une lueur d’espoir dans le chaos du quotidien des personnages.
Regarder Mommy c’est un peu comme être dans un wagon de rollercoaster. On s’est bien baladé dans l’ambiance sucrée du parc d’attraction, c’est joli. On est dans la montée, on se prépare psychologiquement à s’en prendre plein la gueule pendant la descente et c’est ce qu’il se passe. Scènes fortes, chocs, frissons, hauts le coeur même, (les scènes de duels Steve-Kyla, Steve-D.i.e. marqueront le spectateur par leur violence et leur justesse).
On Ressent avec un grand R.
Les personnages sont extrêmement bien écrits et l’interprétation des comédiens est irréprochable. La spécialité du Xavier, on l’a bien compris, c’est les rôles de femmes. La formule est bonne, les comédiennes époustouflantes, on prend les même, on mélange et on recommence. (cf J’ai tué ma mère, Laurence Anyways).
Sur la forme pure, l’utilisation du 1:1 nous oppresse comme il le faut. On manque d’air, comme le personnage de Steve, on a envie de pousser les bords du cadre. Nous voilà exaucés, Steve respire et nous aussi. Mais toutes les bonnes choses ont une fin.Chaque plan est cadré avec intelligence, la composition de la couleur est, elle aussi, parfaitement équilibrée.
Coté bande-son, vous aimez les années 90 ? Bienvenue chez Xavier ! Oasis, Counting Crows, tout y passe, mais c’est une joie intense que de se sentir jeune à nouveau n’est-ce pas ? Préparez vous à vouloir vous lever de votre siège pour chanter du Céline Dion à tue-tête, à danser sur du Eiffel 65. L’énergie est contagieuse.
Il y a cependant un réel problème. De la même façon qu’une bonne demi-heure était retranchable à Laurence Anyways, il serait aisément possible de faire sauter 20 minutes de Mommy. (Difficile pour ce cher Xavier, aussi monteur, de faire des concessions apparemment).
C’est donc un bon film que nous livre ce jeune réalisateur. Mais de là à lui filer une palme d’or, comme certaines rumeurs l’avaient suggéré à l’époque, pas trop non.
Mommy est un film de qualité, d’un metteur en scène en devenir, qui mériterait de se remettre un peu en question au lieu de surfer sur ses acquis.
Ps : Il y a deux plans qui ressemblent étrangement à deux scènes de Maman j’ai raté l’avion. (Steve face au miroir qui se tape les joues torse-nu, Die qui voit ses sacs de courses craquer au milieu de la route)
Imagination, hommage, coincidence ou hasard scientifique ?
Jane McLane
Mommy de Xavier Dolan, avec Anne Dorval, Antoine Olivier Pilon, Suzanne Clément.
« (les scènes de duels Steve-Kyla, Steve-D.i.e. marqueront le spectateur par leur violence et leur justesse). »
Donc si j’ai bien compris c’est la version ciné de « Loft Story » ??
« Steve face au miroir qui se tape les joues torse-nu »
Ca ne te paraît pas beaucoup trop gros pour une coïncidence ?…
On voit que tu maîtrises bien l’ironie trouduc.