On a lu… Le roman de Boddah de Nicolas Otero

On a lu… Le roman de Boddah de Nicolas Otero

Note de l'auteur

Le sous-titre de l’album : Ou comment j’ai tué Kurt Cobain. 150 pages qui ouvrent une fenêtre sur la vie et la mort de l’idole du mouvement grunge.

1786_P1L’histoire : Il s’appelle Boddah. Et il connaît Kurt Cobain depuis sa naissance. Et depuis, il le suit partout. Surtout depuis sa rencontre avec Courtney Love, et sa rencontre plus dramatique avec l’héroïne. Un album tout en douceur et en violence, un drame intime et une profonde histoire d’amour.

Mon idée : Comment peut-on être doux et violent ? Tout simplement en plongeant dans l’esprit et l’imagination d’un homme qui n’a jamais eu que la musique et sa solitude, froide comme les pages noires et blanches qui ornent l’album. Doux comme un enfant qui ne veut pas grandir, comme un rêve, comme une souffrance qu’on n’aimerait pas voir partir. Un rêve bien court et un amour qui ne parviendra pas à le sauver. Haters de Courtney Love, passés votre chemin. Ici, aucune remise en question de la chanteuse de Hole, qui partagera la vie de Kurt Cobain et portera sa fille. C’est un récit dont on connaît la fin (d’ailleurs l’album commence par la mort du chanteur) et c’est dans cette mélancolie en filigrane qu’on retrouve la force du récit. La déchéance est sûre. Mais l’art est présent. La couverture en cela présente l’histoire : des fleurs sur un imprimé bleu doux, des yeux perdus et cernés de noirs, des cheveux collés au visage, un seul œil regarde le lecteur.

Nicolas 1786_P8Otero parvient à donner une grande force à son album, faisant baver son trait pour donner tout le grain et la saleté du mouvement grunge. Ici, point de beaux traits à l’encre de Chine bien linéaires. Les explosions fusent dans les dégradés de gris. Les cases sont aussi éclatées, permettant de donner toute sa place au drame et aux rêves de la drogue, comme une explosion suivie de gros plans. Une mise en scène plus proche des comics que de la bédé européenne, qui donne un découpage tonique et permet de comprendre un homme à la sensibilité et la tristesse à fleur de peau. Seul Boddah apparaît parfois auréolé de quelques touches de couleurs, surtout dans le dialogue final.

Une histoire aussi sur la musique, mais qui ne nécessite pas du tout de connaître l’œuvre de Nirvana. En effet, Le Roman de Boddah est une histoire sur l’amour et la création, l’histoire d’un jeune homme de 27 ans qui s’est perdu dans la drogue. Images crues de sexe, de drogue et de musique. Et une forte envie d’écouter à nouveau la voix rauque de Kurt Cobain.

9782344003848_p_2Si vous aimez : Le rock’n’roll. Pardon, le grunge. Bref, les histoires d’amour et de musique, en mode Peter Pan au pays de Requiem for a dream.

Autour de la BD : Il s’agit d’une adaptation du roman éponyme d’Héloïse Guay de Bellissen, sorti en 2013 aux éditions Fayard.

En accompagnement : Pennyroyal tea, de… Nirvana.

Extrait : « Depuis quelques jours, ils vivent sur leur planète et jouent aux amoureux comme dans les films : ils ne répondent plus au téléphone et passent leurs journées au pieu. À son contact, il est subitement rayonnant, elle est détendue et sans attaches. Il ne mange que le tour des pizzas, parce que le reste lui fait mal au bide, elle mange le fond et les ingrédients. Ils sont organiquement complémentaires. »

Sortie : le 23 septembre, édition Glénat, 152 pages, 22 euros.

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